ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


Quelques notes sur l’herméneutique





Situation actuelle de l’herméneutique biblique


Sommaire

Introduction

Situation actuelle de l’herméneutique biblique
- Spinoza
- Schleimacher
- Strauss et Feuerbach
- Barth
- Bultmann
- Bonhœffer
- Ricœur et Ebeling
- L’herméneutique générale

Herméneutique et critique du langage

Structure anadygmatique du discours



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Bultmann et la démythologisation du discours biblique


   Différente est la démarche de Bultmann, même si celui-ci, théologiquement, peut être considéré comme étant de la même école dialectique. De son œuvre immense, que je cherche à travailler sans interruption, je voudrais souligner ici un problème central, celui concernant la démarche hermé­neutique. À mon avis, Bultmann semble commencer là où Strauss s’est arrêté car, pour lui, le mythe n’est pas un aboutissement mais un commencement d’analyse, exégétique en même temps qu’hermé­neutique : le mythe est un signifiant, même s’il est objectivant.
   Pour saisir le signifié du discours biblique, il faut donc démythologiser, ce qui signifie passer au-delà de l’objet immédiat pour saisir le signifié dans l’existentiel. Or le signifié du discours biblique est dans la relation de foi, la relation personnelle du croyant avec Dieu, mais un Dieu qui ne se manifeste que dans cette relation, qui ne peut être atteint que par cette relation ; toute expression ne fait que le mondaniser.
   Il s’ensuit que la critique exégétique et philosophique peut s’exercer sur le discours biblique sans aucune crainte, ni pour la foi ni pour la critique elle-même. Pour la critique, en ce qu’elle parvient à toucher non seulement au signifiant mais aussi au signifié immédiat du discours, tel que les catégories objectivantes cosmiques. Pour la foi, parce que, située dans la relation personnelle existentielle non mondaine de l’existence, elle est au-dehors de cette objectivation. Il y a donc une critique démythologi­sante, mais aussi une critique herméneutique, dans la mesure où la démythologisation parvient à saisir un sens.

   Bultmann est-il vraiment critique dans sa démarche ? Voulant soustraire la foi et la révélation à la réalité du monde, ne risque-t-il pas de la placer dans l’individuel, dans l’indéfinissable, dans l’impensable, dans un noumanon existentiel ? En effet, cette relation personnelle où on retrouverait tout – Dieu, la révélation, la résurrection, etc. – ne peut devenir l’objet d’aucun prédicat qui puisse la définir par rapport à son être. Car si on dit qu’elle est histoire, elle tombera sous le coup de la critique marxiste ; si on affirme qu’elle est acte de conscience, elle ne pourra pas éviter la psychana­lyse ; si elle est un signifié, elle retombe dans la critique structurale ; enfin, si on veut la laisser dans une situation indéfinissable, en relation seulement au sujet qui la perçoit mais qui pourtant l’exprime, elle ne serait que de la poésie.
   Dans quelle mesure Bultmann est-il redevable à la thèse gnostique de la double réalité charnelle et spirituelle sur laquelle se fonde le quatrième évangile ? Bultmann ne reste-t-il pas, dans un certain sens, encore barthien ? En dernière analyse, n’est-il pas un mystique ? Peut-il vraiment répondre aux cris de Marx et de Nietzsche : Dieu est mort ?



1969




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t850150 : 29/12/2018