ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Pierre Curie



Parole  et  Sacrements


Normes doctrinales de la Confession de foi






1- Parole de Dieu et Écriture sainte A



1.6- Usage de la Bible
et témoignage du Saint-Esprit A



Magnum Dictionarium, de P. Danet, 1691





Présentation

Parole de Dieu et Écriture sainte
Inspiration et Écriture
Caractère historique de la
  révélation
Ancien et Nouveau
  Testament
Actualité et autorité de la
  parole de Dieu
Écriture et traditions
Usage de la Bible

Le Baptême

La Cène du Seigneur



Les textes d'accord :
Parole de Dieu et Écriture
  sainte
Baptème au nom du Père,
  du Fils et du Saint-Esprit
La Cène du Seigneur


n devoir persévérant est fait aux Protestants de « lire, étudier, méditer la Bible » A. Cette invitation pres­sante crée dans la meilleure des hypothèses, une at­titude et un comportement de respect à l’égard de cet objet sacré qu’est la Bible, puisqu’on affirme, tout ensemble, que la Bible est un livre humain A par le moyen duquel la parole de Dieu est révélée A.
   Déjà, cette obligation A à l’égard d’un livre si spé­cifique introduit dans l’esprit du lecteur une « idée totalisante », une certaine « idéologie » : la Bible, li­vre humain, ne pourra pas, cependant, être traité com­me les autres. Entre lui et les autres, il y aura toujours une frontière infranchissable, un seuil.
   Certes, on pourra utiliser pour mieux la com­prendre (pour mieux atteindre le « signe » en lui-même) les moyens littéraires, linguistiques, scien­ti­fiques, archéo­logiques, etc. pour réaliser cette « ri­goureuse étu­de » A ; néanmoins, « la lumière de l’Évangile » A, « l'illumination du Saint-Esprit » A révèlera la signi­fication derrière le sens, le sur-sens derrière le sens, et situera toujours la véritable com­préhension à un ni­veau inaccessible à la saisie par les méthodes hu­maines. À cela, il n’y aura jamais rien à répondre : ce sera à prendre ou à laisser ! Mais voilà bien l’idéologie religieuse de la Bible qui, tou­jours, à ce « seuil de lecture », interdira de franchir certaines limites.
   À titre d’exemple, une critique fondamentale de la mythologie biblique sera toujours, d’une certaine ma­nière, difficilement recevable si l’on veut de­meu­rer dans « la communion de l’Église » A. De même, une mise en question des récits d’apparitions, des mi­racles, de la résurrection, etc. sera toujours un ter­rain glissant. Tels sont quelques « seuils-limite » que garde jalouse­ment l’idéologie de la lecture sacralisée de la Bible. Le « devoir » A ainsi fait aux Protestants entretient chez eux cette attitude de « respect sacré » de la Bible.

   Ceci trouve sa confirmation quand on essaie de préciser l’illumination de l’Écriture par l’Esprit dans le croyant. À ce propos, le Texte d’accord reste mu­et. Le caractère littéraire et concis de ce texte n’en est pas, à notre avis, l’unique raison. En effet, des études théologiques très approfondies sur cette ques­tion n’ap­portent en définitive pas d’autres éclair­cis­sements que l’affirmation « d'un miracle », ce qui est à l’opposé d’une explication sociologique.
   C’est pourquoi, il faut bien mettre une parenthèse à cette affirmation a prioristique et péremptoire qui ré­sout le problème en le posant, et chercher des com­pa­raisons avec des situations analogues afin d’es­sayer de mettre en lumière les mécanismes psy­cho­logiques et psycho-sociologiques de cette « lecture » personnelle et communautaire. Une clé semble of­fer­te dans le Tex­te d’accord au moyen du concept de « communion de l’Église » A. Dans la lecture per­son­nelle de la Bible, comme dans celle qui est com­munautaire, les Pro­testants français (luthériens et ré­formés) sont, en effet, replacés dans la « communion de l’Église ».

La lecture personnelle A

   Aujourd’hui, en effet, les Églises protestantes ne laissent pas leurs fidèles livrés à leur imagination de­vant le texte de la Bible. Elles leur offrent un certain nombre de moyens, parfois de méthodes de lecture.
   Par exemple, elles proposent des listes de lectures quotidiennes, accompagnées de livrets de commen­taires particuliers ; elles recommandent un certain nombre de références à des théologies « acces­si­bles » au grand public et des ouvrages de vulga­ri­sa­tion, généraux ou particuliers aux textes bibliques proposés. À des catéchumènes auxquels est rappelé ce « devoir persévérant » A, le catéchète protestant donne aussi une « clé de lecture ».
   En ce cas, même si l’on tente d’éliminer la part d’imagination et d’interprétation personnelles, est-on certain de ne pas nommer « inspiration de l’Esprit » ce qui n’est, peut-être, que directions (sinon directi­ves) dogmatiques (orthodoxes, barthiennes, libérales, fondamentalistes, piétistes, etc.) des commentateurs bibliques auxquels on se réfère ? à moins, sans dou­te, de dire que ces commentateurs sont inspirés di­recte­ment par Dieu. Auquel cas, le problème est, une fois de plus, résolu en même temps que posé ! La prière consistera alors, de la part du fidèle, en une attitude de confirmation intérieure que la « parole » ainsi enten­due et nourrie des connotations des com­mentateurs, à leur tour appropriée plus ou moins inconsciemment par le lecteur était bien la « parole de Dieu » A. Cette fois encore, il y aura eu un transfert idéologique.

La lecture communautaire A

   La lecture communautaire (ou « l’échange commu­nautaire » A) est aussi fréquemment entreprise par les Protestants français dans des groupes d’étude bi­blique. Deux cas sont possibles, selon que ces grou­pes s’ex­priment avec ou sans une présence pastorale, « le spécialiste de la Parole ».
   De toutes façons, dans la pire hypothèse, il s’agira d’une présentation ou d’un commentaire doctoral du texte par le « spécialiste des choses sacrées » (ou par un « laïc cléricalisé » qui fera passer, avec plus ou moins de compétences un certain nombre de sché­mas dogmatiques vulgarisés (ceux de la tendance théo­logique à laquelle il se rattache) ; les questions posées par les auditeurs ne servant qu’à mieux as­similer ce processus idéologique, ce système de croyances.
   Dans la meilleure hypothèse, ce groupe réagira se­lon la dynamique de groupes. La méthode préconi­sée, il y a quelques années, par le pasteur André de Robert a été significative à cet égard. Autour d’un texte particulier de la Bible (relativement bref), le groupe établit un partage où chaque membre, à tour de rôle, explicite ce qu’il a lu dans le texte comme une promesse, un avertissement et un enseignement à ap­porter à autrui. Enfin, l’ensemble du groupe re­cherche dans ce texte le « capitule » (le mot, le grou­pe de mots ou le verset) qui, reçu par chacun, inspi­rera les attitu­des et les comportements du groupe dans sa journée. Il est relativement aisé de démonter le mécanisme psycho-sociologique de cette méthode de lecture com­munautaire, comment une idéologie de groupe s’établit, intégrée en chaque membre en vue de com­portements religieux, éthiques, sociaux, même poli­tiques, personnels ou communautaires. Mais là aussi, peut-être aura-t-on appelé « Parole ins­pirée par Dieu » au groupe (et à chaque membre du groupe) ce qui n’aura été que la cristallisation, à un moment donné, dans des circonstances et un con­texte précis, d’un consensus capable de susciter une action.




Mémoire présenté en juin 1970




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tc181600 08/09/2018