ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Pierre Curie


Au risque de croire





Présence de l’Église au monde :
Évangélisation et prosélytisme


Sommaire

Préface
Quittez un monde bon
Vivre la foi dans le siècle

Présence de l’Église au monde
Évangélisation et prosélytisme
- Tout est grâce
- Le temps de la grâce
- Église et évangélisation
- Les Églises éclatées
- Un espoir ?
Vers l’humanité de Dieu

Église en dialogue avec le monde

Itinérance : une quête du sens

Croire au-delà des perplexités

En écoutant l’Alléluiah d’Hændel




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L’Église, les Églises et l’évangélisation


   Tout ce qui précède n’est totalement possible qu’à une condition : dans l’unité de l’Église. Or, l’unité de l’Église est aujourd’hui brisée. Sans doute, la division est-elle la tentation permanente de l’Église. Dans la parabole de l’ivraie (Mt 13:24-30), l’avertissement est donné que, dans le temps de ce monde jusqu’au Royaume, la division, la « zizanie », la discorde, seront la mauvaise semence apportant la « confusion » qui naît d’une appropriation de la vérité. Le Nouveau Testament, particulièrement dans les Épîtres apostoliques, révèle que la division s’est infiltrée dès les premières heures de l’Église, sous deux aspects essentiels : dans l’ordre théologique (par exemple la grande querelle opposant Paul et Pierre au sujet des judéo-chrétiens et des relations entre la grâce et la loi (cf. Ac 15 et Ga 2-3-4-5), et dans l’ordre interne, revêtant souvent un caractère personnel et sectaire (cf. 1 Co 1:11-13 ; 3:3-8).

   Aujourd’hui nous sommes en présence, d’une part, d’un éclatement de l’Église en « Églises séparées » (Églises de tendance catholique, accentuant la réalité des sacrements, l’autorité d’une hiérarchie dans une succession ininterrompue d’évêques depuis les apôtres ; continuité de l’institution ecclésiastique, corps vivant prolongeant par une tradition en évolution la révélation contenue dans l’Écriture – et Églises issues de la Réforme, se fondant sur l’autorité exclusive de la Bible et la réponse de la foi) ; d’autre part un double courant traversant ces deux tendances : intégriste et conservateur, s’exprimant dans le catholicisme par la réaction et souvent la condamnation de toute tentative réformatrice (au niveau du renouveau biblique, du social et du politique par la condamnation, par exemple, de l’expérience des prêtres-ouvriers, dans les régimes cléricaux d’Espagne et du Portugal…) et dans le protestantisme par la réaction contre le mouvement œcuménique (par exemple le Conseil International des Églises chrétiennes), par le refus de l’engagement social et politique – et un courant moderniste et progressiste, s’exprimant dans le catholicisme à travers le renouveau biblique, la place des laïcs dans l’Église et leur témoignage dans le monde, ainsi que dans un climat nouveau d’ouverture œcuménique, et dans le protestantisme par un mouvement analogue.

   Alors, aujourd’hui, où est la vérité ? La vérité qui est en Christ est comme éclatée, parfois pervertie. Comme dans la parabole où l’ivraie et le blé « croissent tous deux ensemble » et se ressemblent à s’y tromper, la vérité n’est plus toujours discernable. Chaque « Église », chaque « dénomination religieuse », chaque « secte », déclare qu’elle possède la vérité.
   C’est à ce point précis que l’évangélisation et le prosélytisme font problème. En effet, il y a deux manières de vivre dans la vérité : ou bien l’Église enclot la vérité dans l’institution et son organisation, alors l’institution emprisonne l’événement et lui impose ses limites ecclésiastiques ; ou bien l’Église soumet sans cesse son institution à l’événement toujours inédit, toujours dynamique, de la grâce. Dans la mesure où chaque Église ou dénomination religieuse proclame que « hors d’elle, il n’y a pas de salut », elle revendique pour elle seule la vie des hommes qui se perdent loin de cette vérité – c’est-à-dire loin de cette Église en qui la vérité est incluse. On dit bien : « Choisissez Jésus-Christ », mais les hommes ainsi interpellés se demandent, inquiets, partagés, « quelle est la véritable Église ? ». Alors la tentation est grande pour ces Églises d’utiliser les moyens de la propagande pour amener les hommes à se décider. L’évangélisation, en ce cas, risque de devenir un endoctrinement, et une recherche de l’efficacité, c’est-à-dire en l’occurrence de la « conversion ». C’est le pasteur D.T. Niles (de Ceylan) qui disait dans une conférence œcuméni­que : « En ce qui concerne l’appel à la conversion que je crois nécessaire, prenons garde : quand il y répond, l’homme ne répond pas tant au Seigneur Jésus qu’à la manière dont il lui a été présenté ».



juin 1971




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