Le péché originel :
Osiris et le mystère de la résurrection
Chez les anciens É
gyptiens, le grand mythe d’O
siris peut se synthétiser en quelques traits clairs. Passés les trois règnes divins où les dieux S
hou, R
ê et G
eb se relaient pour veiller sur l’humanité de l’É
den paradisiaque, l’intervention d’O
siris mûrit. L’absolu se fait homme pour rejoindre l’humanité perdue hors de l’É
den, et comme homme souffre et meurt avec les autres. Homme pour conduire ses semblables sur la pénible route qui les rend conscients de leur propre être et responsables de leur propre vie, homme pour mourir comme le dernier des hommes victime des pires persécutions. Coupé en morceaux par son propre frère S
eth, il donne la certitude de la renaissance à la vie éternelle grâce à l’amour infini qui unit le créateur à sa créature. Témoignage donc d’amour et de résurrection comme sens essentiel de tout « Le Créé », témoignage donné par « le créé même », par le soleil qui disparaît et renaît chaque jour, toujours, par le grain qui meurt dans l’obscurité de la terre et renaît vigoureux à la lumière du soleil et donne une nouvelle vie chaque année.
La création du monde et la répétition de l’acte cosmogonique qui transforme chaque nouvel an en inauguration d’une ère, permet pour la mentalité primitive le retour à la vie et entretient l’espoir des croyants en la résurrection de la chair.
Si O
siris résume la conscience et l’expérience de la résurrection inhérente aux forces mêmes de la nature, I
sis est la certitude, la garantie de la renaissance, de la victoire définitive sur le mal et sur la mort.
Il est clair que dans le mythe d’O
siris se reflète le mythe agreste et le concept primitif de la déesse-mère-terre dans le sein de laquelle meurt le grain-dieu pour donner à sa créature soutien et vie éternelle dans une agapè universelle d’amour et de sacrifice où se renouvelle éternellement le mystère de la résurrection.