ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


La crise galiléenne




La mise entre parenthèses du contexte et l’analyse du miracle :

Les miracles du Christ



Sommaire
Avertissement au lecteur

Mise entre parenthèses du contexte
- Introduction
- Le symposium du récit
- Les miracles du Christ
  - Miracles et religion
  - Religion et origine des
     peuples
  - Le christianisme comme
     religion
  - Figuration de la personne
     du Christ
  - Fraction du pain et miracles
- Miracle de la croissance
- Miracle de la constitution
- Miracle du rassasiement
- Miracle de prédication
- Du miracle du Christ au
   miracle de Jésus
- Jésus accomplit un miracle
   du Christ

Mise entre parenthèses du miracle



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Les miracles et la religion


   Par « miracle », on entend un phénomène qui se déroule par-delà les lois naturelles propres à son ordre et qui, par conséquent, serait produit immédiatement par la puissance divine. Le problème se pose quant aux conditions de possibilité de ce phénomène, car sur quoi se fonde-t-on pour juger qu’il se situe hors des lois de la nature ? Sans doute sur le fait qu’il ne se laisse pas expliquer par une approche scientifique, ni ne s’inscrit dans le cadre de l’expérience commune du monde.
   Mais l’expérience et la science ne peuvent pas prétendre à une connaissance exhaustive du monde, puisqu’elles sont relatives aux limites d’un moment donné de la culture. Qui peut affirmer avec certitude qu’une guérison qui se passe hors de l’expérience commune et de toute pratique médicale échappe pour autant aux lois de la nature ? En se fondant sur le principe galiléen de la rationalité de l’univers, ne doit-on pas penser que ce phénomène pourra un jour être maîtrisé par la science ?
   Le fait donc qu’un phénomène soit actuellement inexplicable ne constitue pas en soi une raison suffisante pour le qualifier de miracle. S’il le devient, c’est qu’il a une fonction de signe dans le cadre d’un système d’interprétation du monde. Autrement dit, le miracle serait de l’ordre du langage à la façon d’un syntagme, d’un symbole, d’un geste codifié. Ainsi un phénomène n’est-il miraculeux que pour celui qui interprète le monde dans le cadre d’un système de valeurs, qui n’est pas ordonné à expliquer objectivement le monde mais à l’interpréter relativement au sens qu’il acquiert pour les hommes.

   Ce système coïncide avec la vision du monde propre aux religions. Pour celles-ci le monde est un univers organisé par des lois qui lui sont propres, mais qui demeurent cependant conditionnées par la puissance transcendante d’un dieu qui l’a produit ou qui le domine. Mais si on reconnaît la subordination du monde à la toute-puissance divine, il va de soi qu’il peut être arrêté dans ses mouvements et dans sa genèse par la suspension, le changement ou la mise en veilleuse de ses lois. Le vouloir du subjectif pourra toujours remplacer la loi qui régit l’ordre de l’objectif, Dieu se substituer à la nature.
   Le miracle s’inscrit dans le cadre de cette conception du monde. Il représente un phénomène qui, mondain en soi, est divin par son origine. Il constitue une rupture, un apax, dont la compréhension exige la croyance en l’intervention du dieu transcendant. Avec plus de rigueur, on peut affirmer que, selon la conception religieuse, il y a deux univers dont l’un est naturel, ayant pour objets les phénomènes du monde, et l’autre surnaturel dont les phénomènes sont précisément les miracles. Ceux-ci gravitent autour de la personnalité de Dieu comme ceux-là autour du centre de l’univers cosmique. Le véritable lieu de l’existence de Dieu est l’univers des miracles, Dieu n’existant pour l’homme que par l’appréhension de ces phénomènes qui le montrent distinct du monde.

   Hors de cette vision, le miracle n’existe pas. Il peut être assimilé à un phénomène perçu par celui qui ne connaît pas la langue dont il fait partie comme un son acoustiquement mesurable mais qui échappe à toute signification. Or si le miracle n’existe pas, Dieu non plus, car il manque cette distance du monde qui en fonde l’approche. Dans tout système religieux, même dans les plus évolués, Dieu demeure un Sujet faiseur de miracles, fut-ce celui de l’expérience intérieure de conversion.
   Le miracle n’existe donc que dans la conscience des hommes. Ce qui fait qu’un phénomène est un miracle n’est pas une propriété positive susceptible d’en manifester l’essence, mais un conditionnement négatif, qui lui demeure d’ailleurs extérieur, relativement à l’incapacité qu’ont les hommes de le comprendre. Rationnellement, dans sa propre objectivité, il est alors saisi au niveau du langage en raison du sens qu’il acquiert pour l’homme. Son conditionnement négatif devient ainsi signifiant dans le cadre d’un système de valeurs. Le miracle n’est donc pas de l’ordre de la connaissance, mais de celui de la représentation et du sens. Sa nature est idéologique, le système qui le détermine est la religion.



1984




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ti12100 : 20/04/2017