ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


La crise galiléenne




La mise entre parenthèses du contexte et l’analyse du miracle :

Le miracle du rassasiement de l’Église



Sommaire
Avertissement au lecteur

Mise entre parenthèses du contexte
- Introduction
- Le symposium du récit
- Les miracles du Christ
- Miracle de la croissance
- Miracle de la constitution
- Miracle du rassasiement
  - Équilibre économique
  - Le Christ tarda à venir
  - De riche à pauvre
  - L’action du Christ
- Miracle de prédication
- Du miracle du Christ au
   miracle de Jésus
- Jésus accomplit un miracle
   du Christ

Mise entre parenthèses du miracle

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L’équilibre économique de l’Église


   La forme primitive du partage subit très vite une profonde modification. La cause en fut la rencontre, dans la praxis de vie communautaire, de deux facteurs hétérogènes, dont l’un était économique et l’autre idéologique.

   Pour le premier, il se passait que la mise en commun des rentes et des salaires devenait insuffisante pour satisfaire les besoins de tous, puisque la communauté grandissait et que les pauvres y prévalaient sur les riches.
   Pour l’idéologie, il y avait une mutation du cadre culturel dans la conception du Christ, car dans la toute première communauté Jésus était considéré comme Christ, à la façon du judaïsme classique et prophétique, en tant que serviteur enlevé par Dieu, alors que dans ce deuxième moment le messianisme de Jésus s’inscrivait dans le cadre de la théologie eschatologique : serviteur de Dieu enlevé, Jésus était aussi le premier ressuscité, et donc le « fils de l’homme » que Dieu cachait dans le ciel en attendant de le faire revenir sur terre pour juger le monde et ressusciter les morts.

   La vision de l’histoire de l’Église changea : d’historique, elle devint eschatologique, le temps de l’Église coïncidant avec le dernier « moment » de l’histoire, où les hommes doivent se préparer à se séparer du monde pour se disposer à la résurrection. Cette nouvelle vision de l’histoire résolut le problème économique de l’Église croissante, car à quoi bon garder des biens matériels alors qu’ils faisaient partie du monde périssable ? Pourquoi garder la propriété des héritages comme s’il y avait encore un lendemain, quand on ne devait attendre que la fin ?
   L’Église se comprit ainsi elle-même comme étant dans le dernier temps prophétisé par Daniel. Elle n’eut donc aucune crainte à radicaliser son communisme, passant de la mise en commun des fruits du capital au partage du capital lui-même, le considérant comme un bien de consommation : la destruction du capital devenait signe de la fin des temps. C’est dans ce cadre qu’il faut comprendre le passage des Actes : « Les apôtres rendaient avec beaucoup de puissance témoignage de la résurrection du seigneur Jésus. Et une grande grâce reposait sur eux tous, car il n’y avait parmi eux aucun indigent : tous ceux qui possédaient des champs ou des maisons les vendaient, apportaient le prix de ce qu’ils avaient vendu et le déposaient aux pieds des apôtres, et l’on faisait des distributions à chacun selon qu’il en avait besoin » (Ac 4:33-35).
   On notera, dans ce passage, la liaison étroite entre témoignage de la résurrection, souci de l’indigence, vente du capital et résolution du problème de la misère. Par la dissolution du capital, l’Église ne faisait que se séparer du monde. La crainte d’un non-retour du Seigneur, ou même d’un retard, ne l’effleura pas : que se serait-il passé si le Christ n’était venu qu’après que l’argent perçu pour la vente des biens soit consommé ? L’Église ne risquait-elle pas de devenir une communauté de mendiants ? Au contraire, elle se réjouissait de la grâce du moment qu’elle vivait : tous mangeaient à leur faim, recevant tous selon leurs besoins. L’Église n’était une société terrestre que dans la mesure où elle représentait, par anticipation prophétique, la communauté céleste des bienheureux ressuscités, cité où tous vivent selon leurs besoins, sans le conditionnement du capital et du travail. Le fait qu’il n’y avait dans l’Église « aucun indigent » devenait le signe visible de cette victoire promise au-delà du temps et de l’histoire.



1984




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ti15100 : 06/05/2017