ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


La crise galiléenne




La mise entre parenthèses du miracle et l’analyse du contexte :

Le manque de pain et le renvoi de la foule



Sommaire
Avertissement au lecteur

Mise entre parenthèses du contexte

Mise entre parenthèses du miracle
- Détermination du
   contexte
- Le manque de pain
   . Cause du renvoi
   . Épisode crédible ?
   . Textes parallèles
   . Manipulation de
     l’information
- Demande du signe
- Marche sur les eaux
- Doute des disciples
- Les lieux
- Syllepsis des
   informations

. . . . . . . - o 0 o - . . . . . . .

La cause du renvoi de la foule


   Il convient de rechercher la cause de ce renvoi. L’heure étant avancée, celui-ci n’aurait pas dû poser de problème, puisque rentrer à la maison était dans l’intérêt de tous. Étant donné le nombre de personnes, l’exécution de ce renvoi aurait dû revenir aux disciples. Pour que Jésus estime opportun d’assumer cette tâche lui-même après avoir éloigné les disciples, il a fallu une raison grave et suffisante. Les disciples avaient-ils échoué dans la tentative de congédier la foule parce que celle-ci ne voulait pas quitter les lieux ? C’est l’hypothèse la plus probable, parce que plus immédiate et plus adhérente aux faits. D’ailleurs, on ne fait nulle part allusion au départ de la foule, qui semble donc rester sur place.
   Il faut encore rechercher la motivation de ce refus de se disperser. Une première question se pose sur l’attitude de Jésus : pourquoi persiste-t-il à les renvoyer, s’ils ne le veulent pas ? Certes, si le rassemblement avait eu lieu à la maison de Capharnaüm ou en ville, son souci nous apparaîtrait légitime : tout ce monde aurait pu gêner et peut-être aussi créer du désordre. Mais on est à la campagne, et de plus dans « un lieu désert ». Et si l’on dit que Jésus était soucieux de leur besoin et conscient de l’urgence qu’ils avaient de prendre un peu de nourriture, on est étonné que la foule n’ait pas ce souci, se comportant comme si elle n’avait pas besoin de manger. En revanche l’attitude de Jésus apparaît claire si la foule avait refusé de partir parce qu’elle attendait d’être nourrie par Jésus et ses disciples.

   Avant de rechercher la vérification de cette hypothèse dans les variantes de la tradition évangélique, je voudrais souligner la cohérence qu’elle apporte à la compréhension des faits. On comprend en effet la concertation anxieuse des disciples : leur interrogation pleine d’ambiguïté, « irions-nous acheter des pains pour deux cents deniers et leur donnerions-nous à manger » (Mc 6:37) apparaît logique et tout à fait à propos si elle a été adressée directement à la foule. Avec leur doute, ces paroles trahissent en effet une pointe d’ironie qui aurait été désabusée si elle avait été adressée à Jésus lui-même.
   L’hypothèse donne aussi à comprendre que, voyant l’embarras des disciples et s’apercevant avec lucidité que le moment était critique, Jésus ait décidé de résoudre ce problème personnellement. Il ordonne aux disciples, qui lui résistent, de monter dans leur barque et de le précéder pour l’attendre au-delà de Bethsaïda, pendant qu’il renvoie la foule lui-même. L’éloignement des disciples fut sans doute décidé pour convaincre les gens par des faits qu’ils devaient s’en aller, puisqu’il n’y avait rien à manger sur place et que ses disciples en avaient donné l’exemple.
   Il se peut aussi que, prévoyant un échec, il ait préféré que les disciples soient loin pour ne pas en être scandalisés.



1984




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ti22100 : 26/05/2017