ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


La crise galiléenne




La mise entre parenthèses du miracle et l’analyse du contexte :

Le doute des disciples



Sommaire
Avertissement au lecteur

Mise entre parenthèses du contexte

Mise entre parenthèses du miracle
- Détermination du
   contexte
- Le manque de pain
- Demande du signe
- Marche sur les eaux
- Doute des disciples
   . Approche du récit
   . Jésus compris
     par les disciples ?

   . Crise de confiance
- Les lieux
- Syllepsis des
   informations

. . . . . . . - o 0 o - . . . . . . .

Les disciples finirent-ils par comprendre ?


   Les disciples parvinrent-ils finalement à comprendre ? Selon le texte de Marc, ils n’auraient rien compris, ne pouvant pas relier le levain des pharisiens au manque de pain, mais cette incompréhension est précisément l’effet recherché par l’évangéliste dans la manipulation de ses sources. Puisque le levain des pharisiens – leur intervention auprès de la foule pour qu’elle demande un signe – était justement ce fait qui avait donné une suite honteuse à la mutinerie de la foule, il a voulu dissocier ce problème des pains, par l’incompréhension des disciples.
   La métaphore de Jésus donnait aux disciples la possibilité sinon de connaître le fait lui-même, du moins d’en saisir toute la gravité. Il ne pouvait s’agir que d’une intervention des pharisiens, qui se seraient intro-mis, comme d’habitude, entre Jésus et la foule pour lui tendre un piège, et Jésus laissait entrevoir que ce piège avait hélas fonctionné. Ils comprenaient maintenant qu’ils devaient fuir, puisque leur maître était pourchassé par les envoyés du Sanhédrin et ceux d’Hérode, d’où leur peur.

   La censure de Marc laisse échapper une information, dans le premier texte : « Ils étaient en eux-mêmes fort excités outre mesure ; en effet, ils n’avaient pas compris ce qui s’était passé au sujet des pains » (Mc 6:51-52).
   Cette excitation n’est pas mise en relation par le texte avec la fausse apparition du fantôme, et elle ne relevait pas de l’émotion que les apôtres éprouvèrent en revoyant leur maître, mais elle surgissait de leur appréhension au sujet de l’affaire des pains. Quoique le même verbe soit employé par Marc au sens de « s’étonner » - face, par exemple, aux prodiges de Jésus – il doit être pris ici au sens fort, qu’on retrouve chez Marc, d’aller hors de soi-même, d’être éperdu, de dépression nerveuse. Il est cependant étonnant que Marc relate cette dépression comme un moment de surexcitation, sans en donner la cause, alors que, pour rester dans les limites du récit, elle aurait dû être au contraire une accalmie à cause de la fin du voyage et de la rencontre avec Jésus.
   La montée de cette tension s’explique, en revanche, si on met cette dépression en relation avec les paroles de Jésus. Les apôtres se rendirent compte de la gravité du moment, et qu’ils étaient menacés, mais ils ne savaient pas encore ce qui s’était effectivement passé. L’important pour eux n’était pas de connaître le fait, mais de savoir comment Jésus avait réussi à sortir de l’impasse : ils tenaient au prestige prophétique de leur maître et n’auraient pas pu supporter sans peine qu’il fut mis en échec. Or tout portait à croire que l’Esprit avait abandonné Jésus et celui-ci leur montrait un visage trop semblable, hélas, au spectre qu’ils avaient cru voir : homme fugitif, peureux, méfiant. Ils doutèrent donc et, dans la mesure où toute leur existence était liée à la foi en lui, ils se trouvèrent éperdus, contraints de le suivre non plus pour évangéliser mais pour fuir sans savoir où. « Leur cœur était endurci » (Mc 6:52).



1984




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ti25200 : 07/06/2017