ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


La crise galiléenne




La mise entre parenthèses du miracle et l’analyse du contexte :

Les lieux



Sommaire
Avertissement au lecteur

Mise entre parenthèses du contexte

Mise entre parenthèses du miracle
- Détermination du
   contexte
- Le manque de pain
- Demande du signe
- Marche sur les eaux
- Doute des disciples
- Les lieux
  . Dalmanoutha et
    Magadan
  . Gennésar et
    Gennésareth

    - Textes parallèles
    - Gennésar dans
       la Bible

    - Le trajet
- Syllepsis des
   informations

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Gennésar et Génésareth :
Gennésar dans la Bible


   La Bible ne fait allusion à Gennésar que dans le premier livre des Maccabées (1 M 11:67). Bien que ce passage constitue un apax, il est trop important pour ne pas être pris en considération.
   Il s’agit d’un épisode de la guerre menée par Démétrius II contre Jonathan. L’affrontement entre les deux armées eut lieu sur la plaine qui va du petit lac de Houé au lac de Galilée en longeant le Jourdain. Démétrius avait établi son quartier général à Kédesch, au nord-est du petit lac, tandis que Jonathan avait fait camper son armée sur « l’eau de Gennésar ». Ce lieu devait sans doute se situer au nord du lac de Galilée, à l’embouchure du Jourdain, puisque lorsque l’armée sortit de son camp, elle marcha sur la plaine pour rencontrer l’ennemi qui descendait de Kédesch.
   Ainsi, quel que soit l’endroit précis, territoire ou ville, il convient de le situer non entre Capharnaüm et Tibériade, mais au nord-ouest de Capharnaüm, entre cette ville et le Jourdain. Mais s’agissait-il des bords du lac, ou du terrain marécageux qui devait séparer le lac de la plaine ? S’il est vrai que l’expression « sur l’eau » peut avoir le sens de « au bord de l’eau », et donc du lac, il me semble que la préposition « texte » correspond mieux à l’étendue d’un terrain qui devait être occupé par une armée, et si nous pensons aux nécessités stratégiques de défense, puisqu’on devait à la fois cacher l’armée et protéger ses réserves en hommes et en armes des attaques de l’adversaire, l’expression trouve son véritable sens si on l’interprète comme un campement érigé sur le marais.
   Selon le récit, l’armée de Jonathan, avant d’atteindre l’armée ennemie qui s’avançait sur la même plaine, fut victime d’une embuscade : des milices cachées dans les collines à l’est de la plaine lui coupèrent le chemin et l’anéantirent. Cependant Jonathan – au dire du texte – eut le temps et la possibilité d’organiser une contre-attaque et de vaincre. Aurait-il pu y réussir sans l’appui d’un camp bien protégé et encore riche en réserves ?

   L’existence d’un vaste marais au nord du lac est confirmée indirectement par Luc. Tandis que Marc et Matthieu ont métamorphosé le lac, l’appelant « mer de Galilée » - microcosme d’eau – Luc semble le regarder avec dédain, ne le reconnaissant que comme étang (étang Lc 8:22-23 ; 8:33). Peut-être que l’exaltation des premiers dépend de la nature galiléenne de leurs sources, et donc de l’intention de faire de la tradition galiléenne le fondement de la nouvelle culture, tandis que le mépris du second reflète sa visée jérosolimitaine et royaliste de sa compréhension de l’Évangile. Mais ce mépris revêt pour nous une valeur géographique, dans la mesure où il ramène le lac à sa véritable dimension. Luc ne le considère qu’à partir de son origine, là où précisément il n’est que « l’étang de Génésareth » (Lc 5:1).
   C’est en cet endroit précis que Jésus rencontra ses premiers disciples, mais la manifestation de la seigneurie du Christ ne se réalise pas, pour Luc, dans la mer de Galilée, mais dans la mer de l’oicumène romaine, par la prédication de Pierre et Paul.

   Une dernière confirmation de la nature et de l’ubication de Gennésar est donnée aussi par le nom lui-même, pour autant qu’on cherche à le comprendre dans la signification de l’étymologie populaire.
   Selon la lecture forte de Gennésar, il peut être compris par l’union de « Gann : jardin » (jardin) avec « Azar : fortifier, armer » (ceindre, fortifier, armer). Le sens serait donc « jardin ceint – fortifié – par les eaux ».
   Selon la lecture faible, Gennésar résulte de l’association de « Gann » avec « Azar » : « interdire, défendre » (interdire, défendre). Le sens serait ainsi « jardin défendu, interdit », à cause précisément du marais.
   Lieu protégé par une défense naturelle en même temps qu’interdit à cause du danger, Gennésar ou Génnesar se laisse imaginer comme une campagne entrecoupée de cours d’eau, riche en pâturages, en jardins potagers et en poissons, lieu aussi d’intérêt stratégique en temps de guerre.



1984




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ti26220 : 12/06/2017