ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


Jésus le charpentier





Du fils naturel au fils de Dieu :
délire ou extase ?


Sommaire

Du fils naturel au fils de Dieu
Fils d’une adultère
La famille de Jésus
Délire ou extase ?
- Introduction
- L’esprit impur
- L’esprit saint
- Le délire
La solitude de Jésus
Qui est ma mère ?

La Métanoïa

Le défi et la crise

La bonne nouvelle




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L’Esprit Saint


   Lorsque l’Église a porté son attention sur cet événement de la vie de Jésus, elle a dû résoudre un problème de première importance.
   Jusqu’à ce moment, les apôtres avaient fondé le messianisme de Jésus sur sa résurrection, événement qui se plaçait au-delà de la vie historique du maître. Maintenant il s’agissait de trouver la proclamation de ce messianisme dans un événement de sa vie charnelle et il ne pouvait s’agir, comme chez les prophètes, que du moment de la vocation de Jésus.
   Or sa vocation – son appel dans le désert – était ternie par la rumeur. Il y avait d’une part le ouï-dire qui remontait à la famille de Jésus concernant l’esprit impur, et d’autre part la vantardise des disciples de Jean, qui voyaient dans le baptême de Jésus la preuve qu’il était un pécheur comme les autres.

   L’Église fut convaincue que l’appel de Jésus au désert était d’origine divine. Pour elle, Jésus avait été possédé par l’esprit, mais il ne s’agissait pas de l’esprit impur mais de l’Esprit Saint. Fondée sur cette certitude, elle a alors procédé à l’interprétation des deux documents d’information à la lumière des catégories théologiques. Le baptême fut sublimé par une manifestation théophanique, son allée dans le désert fut comprise par le thème de la tentation. Les deux documents furent aussi inversés et Jésus fut dès l’abord baptisé et déclaré fils de Dieu ; ce n’est qu’une fois fils de Dieu et en tant que tel qu’il fut tenté par le diable.

   Si l’interprétation théologique des documents est du ressort de l’esprit inventif et créateur de l’Église, par contre sa conviction que Jésus avait été possédé par l’Esprit de Dieu remontait à Jésus lui-même.
   Il est certain que Jésus a exercé un ministère d’exorcisme (1). Or ce qui étonnait, c’était la façon dont il chassait les démons, car il agissait avec autorité, leur ordonnant de quitter les malades en son nom (2). Dans les controverses avec les scribes et les pharisiens, Jésus s’appuyait sur cette pratique pour bien prouver qu’il n’était pas possédé par les esprits impurs, mais au contraire par l’Esprit de Dieu, puisqu’il avait un réel pouvoir sur eux (3).
   Le logion au sujet du « péché contre l’Esprit » est encore plus significatif : « Tout péché et tout blasphème sera pardonné aux hommes, mais le blasphème contre l’Esprit ne sera point pardonné » (Mt 12:31) (4). Or le péché contre l’Esprit n’était que la méconnaissance que l’Esprit de Dieu était en lui afin d’accomplir les temps du pardon. Dans la mesure où le péché n’était que le fruit de la domination des démons, la venue de l’Esprit marquait aussi le moment de l’écroulement de ce pouvoir démoniaque et de la libération des hommes.

   Ainsi, pour Jésus, ce qui s’était passé lorsqu’il était dans le désert était l’événement fondateur de sa propre mission. À cet égard, l’Église avait vu juste.

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(1) Voir Mc 1:34 ; 3:11 ; 6:5.   Retour au texte

(2) Voir Mc 9:25.   Retour au texte

(3) Mc 3:22-26 ; Mt 12:24-28 ; Lc 11:14-22.
    Dans le but de donner du poids à l’argumentation de Jésus l’Église, dans les récits d’exorcisme, fait des démons les témoins les plus objectifs du messianisme de Jésus, puisqu’avant d’être chassés, ils le proclament comme fils de Dieu (Mc 5:7 ; Mt 8:29 ; Lc 8:28).   Retour au texte

(4) Matthieu jumèle ce logion avec un autre, dans lequel Jésus aurait opposé le péché contre l’Esprit à celui contre le fils de l’homme, qui par contre est pardonné. Mais ce second logion n’est qu’un doublon, visant à interpréter théologiquement le premier. Luc ne rapporte que ce second logion (Lc 12:10), tandis que Marc (Mc 3:28-29) s’en tient au premier, mais en ajoutant à « blasphème contre l’Esprit » l’adjectif « saint ». Pour cette raison, il me semble que le premier logion de Matthieu est le plus authentique, dans la mesure où il est dépourvu de toute retouche théologique.   Retour au texte




c 1976




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tk132000 : 18/06/2020