ANALYSE RÉFÉRENTIELLE
ET ARCHÉOLOGIQUE
Ennio Floris
Jésus le charpentier
La
métanoia
, ou révolution culturelle :
la main à la charrue
Sommaire
Du fils naturel
au fils de Dieu
La
Métanoïa
L’épée
de la division
La haine
du père
La mort
du père
La main à la charrue
-
Le
logion
-
Élie et Élisée
-
Une
parabole
-
Ne pas
se retourner
Le défi
et la crise
La bonne
nouvelle
. . . . . . . . - o
0
o - . . . . . . . .
Élie et
Élisée
Lc 9:
61-62
Un autre dit : je te suivrai,
Seigneur, mais permets-moi d’aller d’abord prendre congé de ceux de ma maison.
Jésus
lui répondit : quiconque met la main à la charrue et regarde en arrière n’est pas propre au
Royaume de
Dieu
La même requête avait été faite à
Élie
par
Élisée
,
lorsqu’il
l’appela à le suivre : «
laisse-moi embrasser mon père et ma mère, et je te suivrai
» (
1 R 19:
20
).
Cette référence pourrait nous autoriser à croire que le
logion
se rapporterait moins à une parole de
Jésus que du
Christ, c’est-à-dire du
personnage christique de
Jésus.
Cependant, il faut réfléchir à ce que, d’une part, le
logion
n’est pas lié philologiquement au texte du
livre des Rois
(il n’y a en commun que le verbe « suivre » (
acoloutheso
), et d’autre part que les passages qui remettent en cause le modèle génétique étaient en contradiction avec la doctrine de l’Église, bien qu’elle les exploitât pour donner un sens à sa situation de persécution et de lutte.
On peut alors sans faute rapporter le
logion
à
Jésus lui-même. Sa mise en référence avec le passage du
livre des Rois
nous sera cependant utile pour comprendre combien l’action évangélique de
Jésus se détachait de l’action prophétique
d’Élie.
Élisée
changeait certes de vie
lorsqu’il dût quitter son métier de bouvier pour suivre
Élie
. Toutefois ce changement, quoique bouleversant, n’impliquait pas une rupture avec la société et le système de valeurs de son existence. L’action
du prophète s’inscrivait dans la cadre de la vie historique du
peuple, dont elle devenait la guide directrice la plus lumineuse. Demander d’aller embrasser son père était rechercher d’une autre façon sa bénédiction. La vocation prophétique venait donc s’inscrire dans le cadre de la légitimité génétique.
Élie consent donc à ce que
son appelé rejoigne son père.
Quant au
disciple de
Jésus, nous n’en savons rien de précis. Il se peut
qu’il ait été l’un des
Douze, qui
l’avaient suivi en abandonnant leur père et leur mère, mais il est aussi probable qu’il s’agisse d’un autre
disciple. Quoi qu’il en soit, il est légitime de penser
qu’il avait, comme tout homme, des responsabilités et obligations vis-à-vis des siens.
Jésus, cependant, ne consent pas à ce
qu’il aille régler ses affaires avec sa famille.
Il
lui impose une rupture, comme
il l’avait fait avec sa mère et ses frères. Son appel est un présent qui n’accepte aucun retour, même momentané, vers le passé, car il se définit exclusivement par le futur imminent. En se concédant ce bref délai, le
disciple aurait peut-être laissé passer sa chance de s’acheminer vers le
Royaume,
il aurait pu être à nouveau englouti par le passé, ou le
Royaume serait passé sans qu’il soit là. Pourquoi cette urgence ?
c 1976
tk242000 : 26/06/2020