ANALYSE RÉFÉRENTIELLE
ET ARCHÉOLOGIQUE
Ennio Floris
Jésus le charpentier
La
métanoia
, ou révolution culturelle :
la main à la charrue
Sommaire
Du fils naturel
au fils de Dieu
La
Métanoïa
L’épée
de la division
La haine
du père
La mort
du père
La main à la charrue
-
Le
logion
-
Élie
et Élisée
-
Une parabole
-
Ne pas
se retourner
Le défi
et la crise
La bonne
nouvelle
. . . . . . . . - o
0
o - . . . . . . . .
Les éléments d’une parabole
Lc 9:
61-62
Un autre dit : je te suivrai,
Seigneur, mais permets-moi d’aller d’abord prendre congé de ceux de ma maison.
Jésus
lui répondit : quiconque met la main à la charrue et regarde en arrière n’est pas propre au
Royaume de
Dieu
Jésus donne au
disciple les éléments d’une parabole, afin
qu’il l’accomplisse par lui-même. On peut admirer le procédé pédagogique, d’une grande efficacité, parce qu’il se confie à l’imagination créatrice de l’homme.
Il aurait aussi pu dire « le
Royaume de
Dieu est semblable à un homme qui met la main à la charrue… » il s’agirait d’une parabole qui nous introduirait à la compréhension de celles dont l’
analogon
est la vie des champs, la parabole du semeur, celle du grain de sénevé ou de la moisson.
Mais si on cherche à la comprendre à la lumière de la demande du
disciple, on n’attendrait pas l’expression «
se tourner en arrière
» mais « revenir en arrière ». Le thème de «
se tourner en arrière
» apparaît donc par l’interférence d’un autre champ sémantique, que je chercherai à cerner ultérieurement. Le sens général de la parabole serait celui-ci : lorsqu’on met la main à la charrue, on s’engage dans une marche en avant qui ne peut tolérer de retour. Le
Royaume de
Dieu est cette marche, espace ouvert où il n’y a d’autre événement que la vie, dans sa naissance, sa croissance, sa floraison et son murissement. Tout se passe au-devant de nous.
Pour sortir des images et demeurer au niveau des catégories spatiales et temporelles, on peut dire que l’enjeu du
Royaume repose sur l’opposition entre avant et arrière, futur et passé. Une économie de marche en avant n’est possible que dans la mesure où on renonce à tout retour en arrière.
Mais ce qui apparaît en arrière, ce qui nous appelle du passé, c’est l’image du père. Celui-ci semble apparaître comme
l’anti-Dieu, puisque c’est lui qui empêche les hommes de reconnaître
Dieu comme père. Il est la personnification du non-espace et du non-temps, masque de tout ce qui est mort.
Pour nous qui avons pénétré dans l’âme de
Jésus, il n’est pas difficile de voir dans cette image du père la projection de ce père humain que
Jésus n’a pas eu et qui
l’avait condamné à vivre au-dessous de l’humain. Quoique sublimé dans la conscience de
fils de
Dieu,
Jésus ne renonce pas à parler en bâtard ! C’est pour cela que sa révolution culturelle devient ici radicale :
il désacralise l’image du père comme
il en a profané le tombeau.
c 1976
tk243000 : 26/06/2020