ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris



La résurrection de Jésus



Fiction dramatique en huit actes






ACTE  TROISIÈME :

Pilate  enquête  sur  le  vol  du  corps  de  Jésus


Le Prétoire.

Une grande salle ronde. Au milieu, la chaire du Prêteur. À droite et à gauche de celle-ci, des sièges pour les conseillers, les avocats et le commissaire. Au bas de la salle, d’autres sièges à droite et à gauche pour les témoins. Devant la chaire, à gauche une estrade avec des sièges pour l’interrogatoire, à droite pour les plaidoiries.





Ils ont vu... et ils ont cru

Avant-propos

Le tombeau vide

Signes et apparitions

Pilate enquête sur le vol du corps de Jésus
- Scène 1
- Scène 2
- Scène 3
- Scène 4
- Scène 5
- Scène 6
- Scène 7
- Scène 8

L’apparition du ressuscité aux disciples

Du tombeau vide à l’holocauste

Les Écritures et le Christ

Jésus

Le Fils de Dieu incarné ?


SCÈNE QUATRE


(Les mêmes)




PILATE

– La parole est à l’avocat de la défense !


L’huissier

– Monsieur
Nicodème ! Que l’avocat de la défense se présente à la barre !


NICODÈME

– Monsieur le
Procurateur, Messieurs ! (S’adres­sant à Samuel). Cher Collègue, tu as donné de mes clients l’image de profiteurs et de fourbes. Cette ima­ge est en totale opposition avec l’expérience per­son­nelle qu’ils m’ont laissée.


Un Juif

– Juif de naissance légitime et, de surcroît, un des responsable du Judaïsme, pourquoi prends-tu la dé­fense des
disciples de Jésus pour t’opposer à nous ? Es-tu un traître ?


NICODÈME

– Je suis bien Juif, Docteur de la Loi, et même membre du Sanhédrin ; mais je n’ai rien d’un traî­tre. Je n’ai pas caché mes relations avec
Jésus, par­ce que j’ai reconnu en lui un prophète qui, comme tous les prophètes, a été en opposition au Judaïsme, même s’il était destiné à accomplir les promesses de Dieu en sa personne. Oui, j’ai pris la défense de ses disciples ! En cela, je ne trahissais pas le Judaïsme. Je souhaitais seulement que les relations entre les uns et les autres puissent se fon­der sur la vérité.
  Je te prie donc, cher frère, de présenter tes ex­cu­ses publiquement, puisque c’est en public que tu m’as accusé. Sinon, je me verrai dans l’obliga­tion, en toute conscience, de porter plainte contre toi.


Le Juif

– Je te présente mes excuses.


NICODÈME

(S’adressant à nouveau à
son collègue).

– Ainsi,
tu les accuses d’avoir dérobé le corps de é­Jésus, leur maître, afin que la rumeur se répande qu’il est ressuscité. Mais s’il ne s’agissait que de cet­te rumeur-là, force serait aussi de constater qu’ils amèneraient les autres à croire en sa ré­sur­rection en s’excluant eux-mêmes de cette foi ! Quel but re­chercheraient-ils alors en vérité ? Rien, sinon le pro­fit et le pouvoir !
  Mais quel intérêt leurs auditeurs pourraient-ils re­ti­rer à croire que Jésus est ressuscité ? Bien que tu n’aies pas posé la question, je le fais pour toi, afin qu’à travers mon intervention tu ailles jusqu’au bout de ton accusation. Pour la première fois, un vivant aura surgi de sa tombe : c’est autre chose que le vul­gaire tour de passe-passe d’un montreur de foire ! Ils trouveront en Jésus ressuscité un pou­voir de thaumaturge qui pourra satisfaire tous leurs désirs. Ainsi, Jésus apparaîtra aux yeux de tous com­me le prestidigitateur le plus étonnant de l’his­toire : non pas quelque illusionniste qui se jouerait des forces de la nature, mais quelqu’un qui les uti­liserait pour faire croire que l’illusion est la vérité. Quiconque aura besoin d’argent se persuadera qu’en faisant ap­pel à lui, le filet qu’il lancera sur la mer lui ramènera des poissons transformés en sicles d’or ! Poursuivis dans leur fuite, ils se sauveront à travers des portes fermées. Les malades trouveront leur guérison sous l’imposition de leurs mains ! Tout deviendra pos­sible pour celui qui croira en lui. Le zèle à annoncer la résurrection sera à la mesure de leur soif de pouvoir et de leur cupidité !


SAMUEL

(L’interrompant).

– Cesse ces divagations, cher Collègue ! Je n’ai ja­mais divagué de la sorte ! Je t’en laisse la responsa­bilité !


NICODÈME

– Peut-être ! Pourtant, elles sont bien présentes à ton esprit : elles sont la suite logique de ton dis­cours !


SAMUEL

– Je le répète ! Non seulement je n’ai pas tenu un tel langage, mais je n’y pensais même pas. Et pour­tant, à les entendre sortir de ta bouche, ces paroles ont un accent de vérité. C’est vrai qu’ils sont in­crédules. La foi qui devrait les animer est devenue une religion qui, sous prétexte de sauver les hom­mes, recherche le profit et le pouvoir. (Se tournant vers le
Procurateur). Monsieur le Procurateur...


PILATE

Maître, libre à vous de dialoguer avec votre col­lègue ! Mais ne me demandez pas d’interrompre sa plaidoirie !


NICODÈME

(S’adressant à
son collègue).

– Tu viens d’apporter la démonstration que tout mon discours était présent virtuellement dans ta thè­se ! Mais,
tu le sais bien, la thèse de départ de ma plaidoirie s’oppose foncièrement à la tienne. Se­lon la mienne, les disciples de Jésus n’ont pas en­le­vé le corps de son tombeau pour donner une assise à la foi en sa résurrection. Ils ont cru en la ré­sur­rec­tion après avoir découvert que son corps avait été enlevé, et non auparavant. S’ils ont cru, on doit sup­poser qu’ils étaient convaincus que le corps de Jésus n’avait été volé ni par des disciples fanati­ques, ni par vous... mais par lui-même. Cherchons à comprendre l’apparition de cette foi par l’analyse et l’interprétation du témoignage qu’ils ont apporté au cours de l’interrogatoire. À présent, une sus­pen­sion de séance détendra nos débats.

(Après quelques minutes de silence et de concer­tation, le débat reprend).

  
Maria et Salomé, quant à elles, ne croyaient pas encore que Jésus était ressuscité au moment où elles se dirigeaient vers le tombeau. L’idée ne les en ef­fleurait même pas. Quant à Pierre et Jean, ils en sortirent sans profonde conviction après avoir dé­couvert les signes. Ils évitèrent d’en parler. Inter­rogeons-les, nous aussi. (S’adressant à Pierre) : Par­le, Pierre !


PIERRE

Jean et moi, nous nous sommes rendus au tom­beau, inquiets pour Maria, mais aussi l’esprit attristé par la mort de Jésus. Nous étions tous en attente d’un événement qui aurait uni tous les hommes com­me des frères, quand la mort de Jésus a anéanti toute espérance. Cependant, cette mort était si cru­el­lement tragique qu’elle outrepassait les limites de la justice, mais aussi, dirais-je, la loi qui régit la mort. Je compris que Jésus expiait une peine en ré­pa­ration d’un péché qu’il n’avait pas commis, et que, de toute évidence, l’événement d’amour tant attendu ne pouvait être que cette rédemption.
  En pénétrant dans le tombeau, j’étais certain d’y trouver une réponse. Je ne voyais rien. Je me disais que c’était le contraste entre la lumière du soleil levant et l’obscurité du sépulcre. Par la suite, je cons­tatais que la tombe était vide et que les bande­lettes traînaient par terre. Les paroles de
Maria résonnaient à mes oreilles : « On a volé le corps de Jésus » ! Je n’apercevais qu’un signe qui m’a con­vaincu que Dieu l’avait délié des chaînes de la mort ! Puis je suis sorti, n’ayant plus la force de parler ! (Se tournant vers Jean). À ton tour, Jean, de prendre la parole.


JEAN

Pierre, je me trouvais dans la même attitude in­térieure que toi ; mais l’image de Jésus était plus ancrée dans mon esprit. Au moment de sa mort, je me trouvais aux pieds de la croix, et je pouvais con­templer sur son visage la lente et angoissante agonie de sa vie à travers son souffle et son regard. Lors­qu’il a exprimé son dernier soupir, un voile, comme un suaire, est tombé sur ses yeux et sur son visage. Dans le tombeau, en découvrant le suaire plié sur la dalle, je ne pouvais pas ne pas y retrou­ver ce voile mortel que Jésus, ressuscitant, avait ôté de son visage pour devenir le signe d’évidence qu’il était vivant à jamais.


NICODÈME

– Ce que vous nous dites-là est émouvant, mais cela ne constitue pas une réponse valable au débat qui agite ce procès. Cette intuition intérieure de la résur­rection que
vous avez eue ne constitue pas la preu­ve de son existence comme événement.


PIERRE et JEAN

– Mais alors, frère...


NICODÈME

– Je ne parle pas en tant que frère, mais comme avo­cat défenseur contre l’accusation de vol du corps de
Jésus. En vérité, cette expérience inté­rieu­re donne à penser que vous ne l’avez pas volé, mais pas qu’il est ressuscité (Déception chez Pierre et Jean). En effet, vous n’avez pas eu la vision de la résurrection de Jésus. Votre intuition vous l’a lais­sé imaginer dans la clarté de votre conscience... Si vous vous appuyez sur la lumière de votre rai­son, vous découvrirez que ce qui vous est apparu com­me le signe que Jésus est ressuscité n’était que l’indice d’un vol.


THOMAS

– Je l’avais dit à
Pierre... Au contraire, vous avez vu, frères, c’est la marque évidente de l’action d’un voleur qui devait libérer le corps de ses bandelettes et conserver son suaire. Quant au linceul, pourquoi ne l’avez-vous pas trouvé ? Simplement parce que le corps a été l’objet d’un vol et non d’une ré­sur­rection.


NICODÈME

(S’adressant à
Pierre et Jean).

– Comme je vous l’ai déjà dit, il convient de dis­tinguer la résurrection du vol, réalités qui ne sont pas du même ordre. Concernant le vol, l’argumen­tation apparaît plus persuasive et plus troublante. Je sais que Joseph, en faisant déposer le corps de Jé­sus dans son tombeau personnel, ne l’avait pas en­touré de bandelettes, ni enduit de baume. Le temps lui manquait pour accomplir le rituel de la sépulture, car le jour était sur son déclin et, selon le rite, tout mort devait être, la veille de la Pâque, mis au tom­beau avant le coucher du soleil. Pourquoi a-t-on, alors, retrouvé les bandelettes et le suaire dans le tombeau ? Appartenaient-ils à Jésus ou à un autre défunt ?
  C’est pourquoi, ce procès devient très complexe ! Il ne suffit pas de rechercher le voleur parmi nous ou nos adversaires, mais ailleurs...

(S’adressant à l’avocat de l’accusation).

Ainsi, Maître, j’affirme que nous n’en sommes pas les auteurs. Et vous non plus... Si vous l’étiez, vous ne vous seriez pas trompés de cible !

(Se tournant vers le Procurateur).

Monsieur le Procurateur...

(Il est interrompu par le Commissaire de police, accompagné d’un Centurion et d’un militaire, qui entre dans la salle et s’entretient avec le Procura­teur).




Écrit en 2005




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t343040 : 19/03/2020