Jésus était plus ancrée dans mon esprit. Au moment de sa mort, je me trouvais aux pieds de la croix, et je pouvais contempler sur son visage la lente et angoissante agonie de sa vie à travers son souffle et son regard.
qu’il était vivant à jamais.
NICODÈME
– Ce que vous nous dites-là est émouvant, mais cela ne constitue pas une réponse valable au débat qui agite ce procès. Cette intuition intérieure de la résurrection que vous avez eue ne constitue pas la preuve de son existence comme événement.
PIERRE et JEAN
– Mais alors, frère...
NICODÈME
– Je ne parle pas en tant que frère, mais comme avocat défenseur contre l’accusation de vol du corps de Jésus. En vérité, cette expérience intérieure donne à penser que vous ne l’avez pas volé, mais pas qu’il est ressuscité (Déception chez Pierre et Jean). En effet, vous n’avez pas eu la vision de la résurrection de Jésus. Votre intuition vous l’a laissé imaginer dans la clarté de votre conscience... Si vous vous appuyez sur la lumière de votre raison, vous découvrirez que ce qui vous est apparu comme le signe que Jésus est ressuscité n’était que l’indice d’un vol.
THOMAS
– Je l’avais dit à Pierre... Au contraire, vous avez vu, frères, c’est la marque évidente de l’action d’un voleur qui devait libérer le corps de ses bandelettes et conserver son suaire. Quant au linceul, pourquoi ne l’avez-vous pas trouvé ? Simplement parce que le corps a été l’objet d’un vol et non d’une résurrection.
NICODÈME
(S’adressant à Pierre et Jean).
– Comme je vous l’ai déjà dit, il convient de distinguer la résurrection du vol, réalités qui ne sont pas du même ordre. Concernant le vol, l’argumentation apparaît plus persuasive et plus troublante. Je sais que Joseph, en faisant déposer le corps de Jésus dans son tombeau personnel, ne l’avait pas entouré de bandelettes, ni enduit de baume. Le temps lui manquait pour accomplir le rituel de la sépulture, car le jour était sur son déclin et, selon le rite, tout mort devait être, la veille de la Pâque, mis au tombeau avant le coucher du soleil. Pourquoi a-t-on, alors, retrouvé les bandelettes et le suaire dans le tombeau ? Appartenaient-ils à Jésus ou à un autre défunt ?
C’est pourquoi, ce procès devient très complexe ! Il ne suffit pas de rechercher le voleur parmi nous ou nos adversaires, mais ailleurs...
(S’adressant à l’avocat de l’accusation).
Ainsi, Maître, j’affirme que nous n’en sommes pas les auteurs. Et vous non plus... Si vous l’étiez, vous ne vous seriez pas trompés de cible !
(Se tournant vers le Procurateur).
Monsieur le Procurateur...
(Il est interrompu par le Commissaire de police, accompagné d’un Centurion et d’un militaire, qui entre dans la salle et s’entretient avec le Procurateur).