ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris



La résurrection de Jésus



Fiction dramatique en huit actes






ACTE  TROISIÈME :

Pilate  enquête  sur  le  vol  du  corps  de  Jésus


Le Prétoire.

Une grande salle ronde. Au milieu, la chaire du Prêteur. À droite et à gauche de celle-ci, des sièges pour les conseillers, les avocats et le commissaire. Au bas de la salle, d’autres sièges à droite et à gauche pour les témoins. Devant la chaire, à gauche une estrade avec des sièges pour l’interrogatoire, à droite pour les plaidoiries.





Ils ont vu... et ils ont cru

Avant-propos

Le tombeau vide

Signes et apparitions

Pilate enquête sur le vol du corps de Jésus
- Scène 1
- Scène 2
- Scène 3
- Scène 4
- Scène 5
- Scène 6
- Scène 7
- Scène 8

L’apparition du ressuscité aux disciples

Du tombeau vide à l’holocauste

Les Écritures et le Christ

Jésus

Le Fils de Dieu incarné ?


SCÈNE SIX


(Les mêmes)




PILATE

– Messieurs, je vous ai demandé de rester pour discuter en conseil restreint sur la poursuite de cette enquête qui, malheureusement, me semble parvenir à une impasse. Ayez présent à l’esprit le cours de la procédure. Monsieur
Joseph nous a transmis une plainte contre X pour le vol du corps de Jésus dans son tombeau. À la suite de ce vol, les disciples de Jésus ont propagé leur conviction que Jésus était res­suscité, remettant en cause l’enquête sur le vol, car, en ressuscitant, Jésus aurait repris lui-même son corps dans le tombeau. Mais la plainte pour vol n’en a pas été retirée pour autant.
   De surcroît, les responsables du Judaïsme, eux aussi, ont déposé plainte contre les disciples de Jé­sus, les accusant d’avoir eux-mêmes été les auteurs du vol du corps pour prouver l’événement de la résurrection. L’interrogatoire des témoins n’a pas permis de confirmer cette accusation, la plaidoirie de l’accusation non plus. Quant à celle de la dé­fen­se, elle a prouvé l’innocence des disciples de Jésus à cet égard, innocence confirmée par l’inter­ro­ga­toire des exécuteurs de l’enterrement.
   Cependant, le vol du corps de Jésus demeure. Il ne fait aucun doute que je vais être contraint de pour­suivre le procès jusqu’à son terme, jusqu’à l’arrestation des voleurs et la découverte du cada­vre. Mais cette issue sera-t-elle possible, ou nous retrouverons-nous dans une impasse ? Quant au vo­leur, nous devrions découvrir sa motivation la plus probable parmi celles qui demeurent encore pos­sibles après la mise à l’écart de la responsabilité des disciples de Jésus comme de celle du Judaïsme. La découverte du cadavre viendra ensuite. Je donne la parole à Monsieur Nicodème.


NICODÈME

– J’estime nécessaire que soit distingué l’événement supposé de la résurrection de celui du vol du corps de
Jésus, quoique l’un et l’autre aient été assimilés. Les deux événements ne sont pas de même nature : le vol est un phénomène d’expérience, et la résur­rection l’objet d’une interprétation existentielle. Or, si les événements ne sont pas de même nature, leurs causes ne le seront pas non plus !


PILATE

– Cette distinction, très utile pour éviter de con­fon­dre vol et résurrection, nous plonge dans une intri­gue sans issue. Pouvons-nous clarifier d’où vient cette confusion ?


NICODÈME

– Je crois qu’elle provient du fait que mon ami
Joseph a demandé au Procurateur la faveur de lui accorder le corps de Jésus.


PILATE

– N’en avais-je pas le droit ? Le corps du condam­né m’appartenait, en tant que ministre de l’État.


NICODÈME

– Sans doute, Monsieur le
Procurateur, mais il ne faut pas perdre de vue que le Judaïsme estime, en justice, qu’il lui revient d’exiger la compensation des dommages causés par Jésus pour avoir entraîné le peuple à transgresser la Loi et à désobéir à la légitime autorité établie par Dieu.


PILATE

– Pourquoi se plaindraient-ils, puisqu’ils ont obtenu cette réparation par sa condamnation à mort ? Pour­quoi exigeraient-ils aussi d’avoir le droit de pos­séder son cadavre ?


NICODÈME

– Parce que la Loi ne se contente pas de la peine de mort, mais exige aussi que la malédiction pèse sur le mort, afin que le condamné, une fois décédé, ne puisse plus exiger une quelconque légitimité.


SAMUEL

– Une parole de
Dieu pèse sur tout homme con­dam­né à être pendu : « Maudit celui qui est pendu au bois ».


PILATE

– Dois-je penser, à l’encontre de ce que vous avez dit vous-même, que les responsables du Judaïsme ont dérobé le corps de
Jésus, pour le soustraire à l’ensevelissement rituel ?


SAMUEL

– Oh ! Ils ne l’ont pas fait, par solidarité avec
vous et par respect de votre autorité.


NICODÈME

– Si les responsables du
peuple se sont abstenus, le peuple, probablement, n’a pas eu cette pudeur, par fidélité à la Parole. Il est légitime de penser que le corps a été volé afin qu’il soit jeté dans une fosse commune, et qu’il se décompose ainsi dans la pous­sière originelle, sous la malédiction de Dieu.


SAMUEL

– Permettez-moi d’ajouter que cette possibilité exis­te aussi chez les croyants de la secte des
disciples de Jésus, probablement pour une raison contraire : pour soustraire le corps de Jésus à cette malédic­tion. Ils ont pu craindre que les responsables du Ju­daïsme aient refusé de laisser le corps de Jésus dans un tombeau béni, afin de le jeter, comme une vul­gaire ordure et un objet maudit et impur dans un trou de l’Haceldama !


NICODÈME

– Je partage cette opinion. La foi des croyants n’est jamais critique, mais adhésion sans réserve à la pa­ro­le qui ordonne et qui contraint la conscience.


PILATE

– S’il en est ainsi, il ne me reste qu’à vous remer­cier pour votre collaboration et me préparer à dé­li­vrer mon jugement.

(S’adressant à l’huissier).

   Fais entrer ceux qui attendent dans la cour.


L’huissier

(Sur le seuil de la porte).

– Messieurs, Mesdames, vous pouvez entrer !




Écrit en 2005




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t343060 : 19/03/2020