ANALYSE RÉFÉRENTIELLE |
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Ennio FlorisJudas |
Notes sur une méthode de lecture des fragments évangéliques sur Judas |
4- L’interprétation |
PROLOGUE INTRODUCTION REGARD CRITIQUE SUR LES ÉVANGILES DU JUDAS DE L’HISTOIRE AU JUDAS DES RÉCITS ÉPILOGUE ANNEXES - Méthode de lecture - Le Christ et Jésus - Évangiles et Jésus-Christ - Le Jésus-Christ de la foi - L’interprétation . Les Écritures . Venue du Christ - Bibliographie . . . . . . . - o 0 o - . . . . . . . |
La venue du Christ dans le mondeLe Christ est donc le sujet de ce surplus de sens qui apparaît dans les Écritures, si toutefois on les lit avec un regard métaphysique et non métaphorique ou existentiel. Il est donc un personnage divin qui, ayant un rôle de médiation entre les hommes et Dieu, doit venir dans le monde sous forme humaine et vivre comme un homme. Selon la foi chrétienne, cet homme est Jésus. Mais avant de chercher à savoir comment les premiers croyants sont arrivés à penser que le Christ des Écritures s’était fait homme en Jésus, il est opportun de comprendre par quelle catégorie de la pensée ils ont pu concevoir la possibilité de l’existence d’un être divin dans un homme. Il n’est pas dans mon intention de parcourir toutes les élucubrations des théologiens du quatrième siècle, mais seulement de poser ce préalable épistémologique qui rend compréhensible leur approche de Jésus. Nous nous arrêterons aux trois moments de la conception christologique originaire, qu’on trouve chez Paul, Pierre et les évangélistes. On trouve dans l’épître aux Galates cette expression : « Lorsque les temps ont été accomplis, Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme, né sous la Loi » (Ga 4:4). L’affirmation est tellement évidente, qu’elle peut étonner par sa simplicité. Mais Paul s’inspire de la théologie mythologique, surtout de celle propre aux religions de mystère, où le dieu du culte n’était pas un fils que Dieu avait eu avec une déesse ou avait engendré par lui-même, mais avec une femme. Qu’on se rappelle Dionysos, né de Sémélé par intervention de Zeus. Les cultes de mystère étaient répandus en Asie mineure, où l’apôtre habitait. Dans cette épître, Paul ne s’attarde pas sur les détails. Il reprend cependant le thème dans l’épître aux Philippiens d’une façon hautement théologique : « Jésus-Christ, existant en forme d’un dieu, n’a pas cherché par rapine à être égal à Dieu, mais il s’est anéanti lui-même, prenant la forme d’un esclave, devenant semblable aux hommes. Et tel un homme il a été trouvé dans l’expérience. Et il s’est humilié lui-même, se rendant obéissant jusqu’à la mort, la mort même de la croix » (Ph 2:6-8). Il ne s’agit donc pas de l’apparition d’un dieu sous apparence humaine, mais d’un devenir, d’un naître homme par l’esprit de Dieu, en vue de sa mort en sacrifice pour le péché. Nous trouvons dans le deuxième discours de Pierre, rapporté dans les Actes, cette expression finale : « Que toute la maison d’Israël sache donc avec certitude que Dieu a fait Seigneur et Christ ce Jésus que vous avez crucifié » (Ac 2:36). Or qui est ce Jésus. Un fils de Dieu par naissance ? Non, mais « Jésus de Nazareth, cet homme à qui Dieu a rendu témoignage devant-vous par les miracles, les prodiges et les signes qu’il a opérés par lui au milieu de vous… Dieu l’a ressuscité » (Ac 2:22 ; 24). Bien que ce que Luc relate dans ce discours ne soit pas tout à fait en accord avec ce qu’il dit de Jésus dans son Évangile, il rapporte la prédication de Pierre et donc la première conception théologique des disciples de l’Église de Jérusalem. Pierre ne parle pas de la naissance de Jésus, mais de sa consécration comme Seigneur et Christ par la résurrection. Il s’agirait plutôt d’une élévation, ou transfiguration, que d’une génération. Les évangélistes conçoivent l’existence du Christ en Jésus comme une « incarnation ». Bien que le mot et le concept soient propres au quatrième évangile (Jn 1:14), ils le présentent tous comme fils de Dieu, et Matthieu et Luc en décrivent la naissance comme celle d’un fils de Dieu né d’une femme. Ces différentes façons de concevoir l’union du Christ avec Jésus impliquent aussi des modes différents de sa reconnaissance. Si, comme Paul, on croit que le Christ est présent mais anéanti dans sa divinité, il sera impossible de le reconnaître, car l’humanité de Jésus le cache plutôt qu’elle ne le manifeste. On le reconnaîtra par l’éclatement de sa chair, par sa mort, qui sera un dévoilement et une révélation. Au contraire, en croyant qu’il est un homme que Dieu accrédite par des prodiges, et qu’il donne lui-même des signes de ce qu’il sera quand Dieu le déclarera Christ, on pourra le reconnaître en le connaissant dans sa vie. Les évangélistes ont une approche de Jésus qui synthétise les conceptions de Paul et de Pierre car, si le Christ s’incarne, il reste d’une part caché sous les manifestations de la chair, et d’autre part est toujours trahi, pour ne pas dire manifesté par elle qui, en portant ces traces, en devient le signe. |
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t644200 : 13/12/2017