ANALYSE RÉFÉRENTIELLE |
![]() |
![]() |
![]() |
||
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
Ennio FlorisJudas |
I- Regard critique sur les évangiles |
1- L’annonce faite par Jésus de la trahison de Judas |
PROLOGUE INTRODUCTION REGARD CRITIQUE SUR LES ÉVANGILES - L’annonce de la trahison - Aperçu des récits - Sens historique et sens théologique des récits - Sens référentiel des récits - Genèse du discours du récit - Déstructuration et désalié- nation du texte - Le contexte historique - Les fêtes de la Pâque - Gethsémani - Le récit de la trahison - La trahison simulée - L’arrestation de Jésus - Troisième rencontre - Jésus, entre prophétie et politique - La mort de Judas DU JUDAS DE L’HISTOIRE AU JUDAS DES RÉCITS ÉPILOGUE ANNEXES . . . . . . . - o 0 o - . . . . . . . |
Aperçu des récitsPendant la cène de la Pâque, Jésus annonça à ses disciples qui mangeaient avec lui qu’un des leurs le trahirait. Les disciples s’attristent, se demandant l’un après l’autre : « est-ce moi ? » Jésus leur répond que le traître est précisément l’un de douze, l’un de ceux qui mangent avec lui et mettent leur main dans le plat. Mais tous avaient mis leur main dans le plat. Et comme il ne révélait pas le nom du traître, la nouvelle s’abattit sur eux comme un oracle du Destin. Seul Judas, peut-être, le savait puisque, lorsqu’il eut demandé à Jésus, comme les autres : « est-ce moi ? », Jésus lui répondit : « tu le dis » (Mt 26:25). Jeu de mots, par lequel Jésus confirme que Judas a avoué sans le vouloir la vérité du crime. Cependant les apôtres restèrent sans réaction, ne trouvant aucun écho de l’annonce dans leur âme. Ils ne paraissaient même pas troublés par les paroles de la malédiction finale prononcée par Jésus contre le traître : « Le fils de l’homme s’en va, selon les Écritures ; malheur à l’homme, par qui le Fils de l’homme est livré » (Mt 26:24). On remarquera que Jésus ne dénonce pas la trahison à la suite d’indices ou d’informations, mais grâce à la connaissance qu’il a des Écritures. Et puisqu’il ne désigne pas le traître, l’annonce reste en suspens, s’adressant à tous mais ne visant personne en particulier, prophétie qui, ne s’étant pas encore réalisée, demeurait sans référence. Dès lors, il n’est pas étonnant qu’il ne se soit rien passé de nouveau dans la communauté. L’annonce semblait s’intégrer au rite pascal. Venons-en maintenant au récit de Jean. On y découvre tout d’abord que le rite du repas pascal est plus complet, car il se déroule en deux actes : le lavement des pieds et la consommation de l’agneau. Quant à l’annonce de la trahison, elle se situe entre le lavement des pieds et la cène, mais en deux temps. D’abord, Jésus fait connaître le texte des Écritures où la trahison est révélée. « Il faut que l’Écriture s’accomplisse : celui qui mange avec moi le pain a levé son talon contre moi » (Jn 13:17 ; Ps 41:10). Il supplée ainsi à l’absence de référence biblique chez les synoptiques. Aussitôt après, il reprend le texte à son compte : c’est bien de lui que parle le psaume. « Ayant ainsi parlé, Jésus fut troublé en son esprit et rendit témoignage : en vérité, en vérité je vous dis, l’un de vous me livrera » (Jn 13:21). Alors que, pour les synoptiques, ce sont les disciples qui sont troublés, ici c’est Jésus lui-même. Il « se trouble dans son esprit », parce qu’il comprend qu’il est le Christ dont parle l’Écriture qui lui annonce qu’il sera trahi par l’un des siens. Il prend ainsi conscience qu’il doit en accomplir le message. Il est le témoin de la parole prophétique, parce qu’il l’interprète, l’actualise par son annonce et l’accomplit dans l’histoire. Pour Jean et pour les synoptiques, les disciples ont la même attitude à la différence qu’ils sont inquiets de savoir qui est le traître parmi eux. Pierre interroge d’un clin d’œil Jean, qui le demande à Jésus, qui lui répond à mots couverts : « C’est celui à qui je donnerai le morceau trempé ». Puis il donne à Judas du pain trempé dans sa coupe (Jn 13:24-26). Mais à l’instant où celui-ci prend ce pain, « Satan entre en lui » (Jn 13:27). Ainsi, possédé par le Diable, Judas s’en va le trahir. Cependant les disciples ne comprennent rien à ce qui se passe. Ils croient que Judas est parti acheter ce qui sera nécessaire pour la fête. Et tandis qu’il sort, Jésus lui dit : « Ce que tu fais, fais-le promptement... C’était la nuit » (Jn 13:28-30). Il a y a donc un accord de fond entre les synoptiques et Jean, puisque Jésus annonce la trahison non parce qu’il l’aurait apprise par des rumeurs, des indices ou des soupçons, mais grâce à l’interprétation des Écritures. Cependant, Jean ajoute à son récit des détails qui signifient non seulement que Jésus interprète les Écritures, mais aussi qu’il les accomplit, au point d’apparaître comme l’instigateur de la trahison. En effet, il désigne le traître, le marque d’un signe qui déclenche l’entrée de Satan en lui ; il l’incite à accomplir la trahison. Il est surprenant qu’il délaisse son rôle de prophète pour revêtir celui du Christ des Écritures. |
|
t610100 : 20/11/2017