ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


Judas




I- Regard critique sur les évangiles




8- La troisième rencontre de Judas avec les sacrificateurs



PROLOGUE

INTRODUCTION

REGARD CRITIQUE SUR LES ÉVANGILES
- L’annonce de la trahison
- Le contexte historique
- Les fêtes de la Pâque
- Gethsémani
- Le récit de la trahison
- La trahison simulée
- L’arrestation de Jésus
- Troisième rencontre
  - Sens exégétique
  - Apories du récit
  - Recherche de la référence
  - Reconstitution de la
     rencontre
  - Pierre et Judas
- Jésus, entre prophétie et
   politique

- La mort de Judas

DU JUDAS DE L’HIS­TOIRE AU JUDAS DES RÉCITS

ÉPILOGUE

ANNEXES


. . . . . . . - o 0 o - . . . . . . .

   Matthieu rapporte une troisième rencontre de Judas avec les Grands-prêtres (Mt 27:3-10). Après l’arrestation de Jésus, Judas avait suivi le cortège jusqu’à la maison du Grand-pontife et attendu la fin du Conseil du Sanhédrin. Il était parvenu à s’informer sur le déroulement de l’assemblée, où accusations et violences s’étaient succédées.
   L’accusation principale des témoins concernait l’occupation du Temple, et surtout l’affirmation de Jésus sur son pouvoir de le détruire et de le réédifier en trois jours. Interrogé par le souverain-sacrificateur sur cette accusation, Jésus ne répondit pas. Alors il lui posa la question précise : « Es-tu le Christ, le Fils de Dieu ? » Jésus répondit par l’affirmative. « Il a blasphémé », s’écria le sacrificateur. Tous proclamèrent : « Il mérite la mort » (Mt 26:57-66).

   Pour comprendre le véritable crime pour lequel Jésus méritait la mort, il faut supprimer du texte l’interrogation posée par le Pontife : « Es-tu le Fils de Dieu ? », qui ne correspond pas aux accusations portées contre Jésus, mais à une filiation christologique que le souverain-sacrificateur établit à partir d’elles : si Jésus prétend détruire le Temple, c’est qu’il se considère comme le Christ. Or ce n’est pas le souverain-sacrificateur qui fait ce syllogisme, mais les écrivains qui transforment le jugement du sacrificateur sur Jésus en témoignage qu’il est le Christ.
   En réalité, la question posée par le souverain sacrificateur ne portait pas sur le blasphème que Jésus aurait prononcé en se proclamant Christ, mais sur son aveu d’avoir occupé le Temple. Jésus a donc été jugé passible de mort par le Sanhédrin, parce qu’il avait chassé les vendeurs du Temple, et avait cherché à abolir les sacrifices. Ces remarques confirment que l’affirmation de Celse, selon laquelle les sacrificateurs prirent Jésus et le « con­vainquirent » (elegantes) du crime dont il avait été accusé, est exacte (Origène, Contre Celse, 11,9).

   Très tôt le matin, lorsque Jésus a été conduit chez Ponce Pilate pour être jugé, Judas, qui l’avait suivi au milieu du cortège, se trouvait probablement dans la cour de la maison. Il a donc pu apprendre la sentence du Sanhédrin, ainsi que les chefs d’accusation portés contre lui. Sans doute l’avait-il prévu, mais il était loin de penser qu’on aurait condamné Jésus à mort et qu’on l’aurait donc remis au Procurateur romain. La nouvelle avait suscité en lui des remords au sujet de son comportement, et de la rage envers l’appareil du pouvoir sacerdotal.
   Mais Jésus n’avait pas encore été exécuté. Lié à Jésus par le serment du sang, conscient d’être son compagnon et le gardien de sa personne, il détermina de poursuivre l’action de sauvetage qu’il avait initiée lors de la fuite de Jésus pendant la fête de la Dédicace. C’est au moment où Jésus est conduit chez Pilate que Matthieu parle de la décision de Judas de retourner chez les grands-prêtres : « Judas, qui l’avait livré, voyant qu’il était condamné, pris par le repentir, rapporta les trente pièces d’argent aux principaux sacrificateurs et aux anciens, en disant : j’ai péché, en livrant le sang innocent. Ils répondirent : Que nous importe. Cela te regarde. Judas jeta les pièces d’argent dans le Temple, se retira et alla se pendre » (Mt 27:3-5).

   À partir de ce texte, trois pistes de recherche sont ouvertes : la première, exégétique, mettra en lumière le sens du récit ; la seconde, critique, en soulignera les apories ; enfin la troisième, référentielle, indiquera le contenu de la rencontre.



juillet 1987




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t617000 : 05/12/2017