ANALYSE RÉFÉRENTIELLE |
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Ennio FlorisJudas |
I- Regard critique sur les évangiles |
9- Le tragique existentiel de Jésus dans le conflit entre prophétie et politique |
PROLOGUE INTRODUCTION REGARD CRITIQUE SUR LES ÉVANGILES - L’annonce de la trahison - Le contexte historique - Les fêtes de la Pâque - Gethsémani - Le récit de la trahison - La trahison simulée - L’arrestation de Jésus - Troisième rencontre - Jésus, entre prophétie et politique - La vocation prophétique - Sur les traces d’Osée - Prophétie et révolution - La mort de Judas DU JUDAS DE L’HISTOIRE AU JUDAS DES RÉCITS ÉPILOGUE ANNEXES . . . . . . . - o 0 o - . . . . . . . |
L’affirmation, souvent répétée au cours de cette étude, que l’existence de Jésus a été traversée par une dialectique entre une perspective prophétique et une visée politique sera peut-être jugée par le lecteur arbitraire et sans fondement. Selon les évangiles, Jésus n’est pas venu dans le monde pour accomplir un exploit politique, mais pour libérer les hommes du péché. Aussi n’a-t-il pas été condamné pour des crimes politiques, mais parce qu’il a reconnu être le Christ, le Fils de Dieu. Son but est donc un salut qui s’accomplit au-delà de l’histoire. Si ces affirmations correspondent bien au témoignage des évangiles, elles s’appliquent cependant au « Jésus-Christ » de la foi et non au « Jésus » de l’histoire, qui n’était qu’un prophète dont la parole pouvait avoir un impact aussi bien politique que spirituel. De plus, en dépit des aveux de Jésus rapportés par les évangiles, il n’en reste pas moins qu’il a été condamné pour le crime politique d’avoir cherché à se faire proclamer roi. Fausse condamnation, dira-t-on ! Condamnation tout de même, qui place Jésus face à l’histoire comme un homme politique. De même aussi, la « cause » de son jugement, la « purification » du Temple, sans mettre en question les intentions prophétiques de Jésus, visait à un bouleversement de l’ordre politique et religieux de l’État. Le comportement de Jésus au cours et à l’issue de cet événement en est la confirmation. En effet, Jésus ne demeure pas comme les autres prophètes, Jérémie, par exemple, dans les limites de l’annonce de la parole, sans chercher d’autres moyens de l’accomplir. Ainsi, le jour de la « purification », à la parole il fait suivre l’action, chassant les marchands du Temple, vidant les enclos des bestiaux et renversant les guichets. De même, il empêche de transporter tout objet à travers le Temple (Mc 11:16) afin d’entraver le sacrifice. En cela, il n’agit pas seulement en prophète, mais aussi en homme politique. On remarquera de même que Jésus, empêché de parler et d’agir puis poursuivi pour être jugé, ne se livre pas, contrairement à Jérémie (Jr 26:14), il s’enfuit. Dira-t-on qu’il le fait pour continuer à annoncer la parole ? Poursuivi en justice, il n’est plus un prophète mais un criminel qui a prémédité de quitter le pays. Que vise-t-il donc, sinon à se sauver pour réaliser sa parole par une action qui n’est plus prophétique mais politique ? La visée politique a tué en lui le prophète, avons-nous déjà dit, de même que le prophète a tué l’homme politique. Il s’agit donc d’une crise, née en lui de la contradiction entre prophétisme et politique. Un regard nouveau sur Jésus, plus fin que celui du deuxième chapitre, est nécessaire pour déceler les raisons de cette crise, recherche d’autant plus importante qu’elle se situe dans le cadre d’une étude sur Judas, dont le rôle dans la vie de Jésus procède de cet événement. Judas est le véritable sauveur du prophète en crise. Pourquoi joue-t-il ce rôle ? Il est logique de penser qu’il reste à côté de Jésus parce qu’il avait assumé une grande responsabilité dans l’occupation du Temple, et donc dans la visée politique de Jésus. |
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t618000 : 05/12/2017