ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


Judas




I- Regard critique sur les évangiles




9- Le tragique existentiel de Jésus dans le conflit entre prophétie et politique



PROLOGUE

INTRODUCTION

REGARD CRITIQUE SUR LES ÉVANGILES
- L’annonce de la trahison
- Le contexte historique
- Les fêtes de la Pâque
- Gethsémani
- Le récit de la trahison
- La trahison simulée
- L’arrestation de Jésus
- Troisième rencontre
- Jésus, entre prophétie et
   politique

  - La vocation prophétique
  - Sur les traces d’Osée
  - Prophétie et révolution
    . La projet politique
    . Retour aux Juges
    . Purification du Temple
    . Tentative d’occupation
    . La fin tragique de Jésus
    . L’oracle d’Osée
- La mort de Judas

DU JUDAS DE L’HIS­TOIRE AU JUDAS DES RÉCITS

ÉPILOGUE

ANNEXES


. . . . . . . - o 0 o - . . . . . . .

Prophétie et révolution


   La « mère » ? Qui est-elle concrètement ? Sans doute, chez Osée, est-elle le peuple lui-même. Mais puisque le prophète distingue entre mère et enfants, ce mot de « mère » désigne pour le prophète l’intelligentsia du peuple, c’est à dire les responsables qui dirigent, gouvernent, ordonnent le culte, et inspirent la tradition et la culture du peuple.

   Pour Jésus aussi la « mère » désigne les responsables du peuple, dans tous les domaines de la vie politique ou religieuse, c’est à dire des personnes ou des institutions contre lesquelles Jésus adresse sa plaidoirie « prophétique » : les scribes, les interprètes de la parole des Écritures, les pharisiens traducteurs de cette parole en idéologie, défenseurs des traditions des pères, les sadducéens, gardiens de l’ordre du Temple, enfin tous ceux qui ont une tâche de gouvernement sous l’autorité de l’empire. Contre tous ceux-là, l’accusation de Jésus se fait dure, véhémente, cruelle, toujours radicale. Sa bouche profère les expressions agressives et virulentes de « race de vipères » (Mt 23:33), « sépulcres blanchis » (Mt 23:27), « enfants du diable » (Jn 8:44), « fils de prostitution », « ferments de mensonge », etc.
   Sa critique s’en prend aussi aux institutions et à la tradition des pères, à la pratique des purifications, à la méthode d’interprétation des Écritures et au culte. Elle n’épargne pas la famille, l’éducation, les idéologies dominantes. En s’attaquant aux institutions, elle porte atteinte à la Loi elle-même. Les préceptes légalistes du sabbat, du divorce, ainsi que les codes des impuretés et des peines tombent d’elle comme des feuilles mortes. Elle condamne le privilège de l’élection de la race d’Abraham, et considère comme une abomination les sacrifices et les holocaustes.

   Jésus renie-t-il la Loi comme parole de Dieu ? Ou bien reconnaît-il, comme Osée, que Dieu transcende la justice de la Loi et n’agit que par l’amour qui l’avait motivé à créer le monde ?
   Pas précisément. Sans doute, l’action de son Dieu sur les hommes rejette-elle les discrimi­nations introduites par la Loi et, comme la lumière du soleil, ses bienfaits se répandent également sur les bons et les méchants, mais la Loi vient de Dieu. Jésus est convaincu que les responsables du peuple l’ont interprétée en leur faveur; et non pour l’honneur de Dieu. C’est pourquoi Jésus plaide contre sa mère, afin qu’elle soit jugée et mise à mort.


   Jésus ne se borne pas à proclamer une parole prophétique, il agit avec la conscience de sa responsabilité envers le peuple devant Dieu. Prophète accusateur, il est aussi un responsable politique révolutionnaire. Suivons-le.
   Il annonce son message, déclarant avoir été envoyé pour l’accomplir, mais il ne présente pas d’autres lettres de créance que sa propre autorité. Il exige de ses auditeurs de le croire, c’est à dire de se donner avec une totale confiance et de le « suivre », après avoir abandonné famille, responsabilités dans la société et profits. Ils doivent le suivre en toute hâte, et laisser les morts ensevelir les morts. Il prétend les conduire à la rencontre de Dieu, qui revient sur sa terre en sa qualité de père. Mais Jésus n’espère pas une apparition divine, suivie par des prodiges de la nature. Il sait que Dieu viendra dès qu’il parviendra à rassembler le peuple pour ôter le pouvoir aux responsables actuels, pour le Lui confier. Il appelle ses frères à porter sur leur « mère » le jugement politique et révolutionnaire qui sera l’unique témoignage de la présence divine.


   Jésus est-il vraiment un prophète ? Il serait difficile d’en douter. Mais il n’est pas un prophète comme les autres, puisque son message doit se réaliser par une action révolutionnaire et politique.



juillet 1987




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