ANALYSE RÉFÉRENTIELLE |
![]() |
![]() |
![]() |
||
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
Ennio FlorisJudas |
I- Regard critique sur les évangiles |
8- La troisième rencontre de Judas avec les sacrificateurs |
PROLOGUE INTRODUCTION REGARD CRITIQUE SUR LES ÉVANGILES - L’annonce de la trahison - Le contexte historique - Les fêtes de la Pâque - Gethsémani - Le récit de la trahison - La trahison simulée - L’arrestation de Jésus - Troisième rencontre - Sens exégétique - Apories du récit - Recherche de la référence - Reconstitution de la rencontre - Pierre et Judas - Jésus, entre prophétie et politique - La mort de Judas DU JUDAS DE L’HISTOIRE AU JUDAS DES RÉCITS ÉPILOGUE ANNEXES . . . . . . . - o 0 o - . . . . . . . |
La reconstitution de la troisième rencontre de Judas avec les Grands-PrêtresCe texte d’information sous-jacent suppose que Judas n’a pas été un traître. Il devient possible ainsi de rapprocher le « Judas » de Matthieu de celui que nous avons laissé dans la cour ou au portail de la maison du grand-pontife, au moment où Jésus est conduit chez le Procurateur romain. Bouleversé, il ne désespère pourtant pas de sauver son maître. Apprenant que Jésus a été jugé passible de la peine capitale pour avoir prétendu purifier le Temple, Judas se fait fort de pouvoir prouver son innocence. Jésus n’a pas provoqué l’émeute en laissant s’échapper les animaux et en chassant les vendeurs. Il décide donc de se rendre chez les sacrificateurs, afin de se présenter comme témoin, au risque de sa vie qui demeurait liée à celle de son maître. Essayons de retracer le contenu de cette rencontre et d’établir les raisons de son dénouement. Judas se présente aux sacrificateurs en qualité de disciple de Jésus. Devant son insistance à témoigner de l’innocence de Jésus, il lui est répondu que l’autorité leur échappe désormais et que le cas de Jésus relève maintenant du Procurateur. Mais Judas, devenu agressif, rétorque que s’ils le conduisent chez le Procurateur, c’est bien pour qu’il soit condamné pour un crime qu’il n’a pourtant pas commis. Si Judas estime que Jésus est innocent, rétorque le sacrificateur, c’est son affaire. Pour le Grand-Conseil, il est coupable. Mais, répond Judas, le Grand-Conseil l’a estimé coupable sur la foi de faux témoignages. « J’étais là le jour de la purification, et Jésus n’a pas commis ce dont on l’a accusé ». « Mais qui es-tu ? » lui demande-t-on. « Judas, le compagnon de Jésus », répond-t-il. « Judas, le traître ? s’exclame le sacrificateur. Le traître qui se prétend témoin ? La loi pourrait-elle reconnaître un traître, par surcroît rétribué, comme témoin de l’innocence de celui qu’il a trahi ? » « Je n’ai pas trahi, lui répond Judas. En venant chez vous la première fois, j’avais simulé la trahison pour que Jésus pût s’échapper. » « Que nous importe, lui répond méprisant le sacrificateur, tu nous as permis de l’arrêter et, aux yeux de la cour, tu demeures un traître ! Tu as joué et perdu à un jeu dangereux, Judas ! » Profondément humilié, Judas joue alors son va-tout : « Vous avez condamné un homme pour des crimes qu’il n’a pas commis, et vous laissez impunément échapper celui qui les a commis, par peur d’être les complices du meurtre : C’est moi qui ai organisé l’occupation du Temple, et qui en ai chassé les vendeurs. C’est moi qui ai interdit de transporter les vases pour interrompre les sacrifices. Moi, Judas, qui voulais déposséder les Grands-prêtres du pouvoir, pour le confier au peuple » « Le témoignage d’un traître ne peut être crédible, même s’il est véridique » répond le sacrificateur. Judas prend la bourse et la remet au sacrificateur. « Reprenez l’argent par lequel vous avez payé le sang d’un innocent, dont je ne suis pas redevable. » « Nous ne pouvons pas jeter dans la Corbanas l’argent qui est le prix du sang », répond le sacrificateur. Alors Judas, ouvrant la bourse d’un geste violent, jette les trente sicles d’argent dans le Temple : « Que le sang de cet innocent retombe sur le Temple et sur vous ». Et il quitte la demeure du Grand-Pontife. Cette reconstitution de la rencontre de Judas avec les grands-prêtres est dans le droit-fil du comportement de Judas décelé par l’analyse référentielle : un Judas « compagnon » de Jésus, appliqué à protéger l’existence de son maître, lié à lui par le symbole sacré du sang. Judas ne se repent pas d’avoir trahi Jésus, mais il s’affirme le témoin de son innocence. C’est pourquoi, il ne demande pas la grâce du pardon aux sacrificateurs mais les accuse eux-mêmes de meurtre et de trahison de la conscience du peuple. Enfin cette reconstitution, permise par l’analyse de la première partie du récit de Matthieu, est en correspondance avec la parabole prophétique de Zacharie à laquelle se réfère la seconde partie du récit, sans qu’il y ait cependant cohérence. En effet Judas, qui y est découvert, a partagé comme disciple et ami la mission de Jésus et, à l’image de Zacharie, jette dans le Temple les trente sicles d’argent que le peuple lui avait donnés comme prix de la livraison de son maitre. Bien que virtuellement construite à partir de l’analyse des récits, cette reconstitution a quelques raisons de prétendre à l’histoire. |
|
t617400 : 05/12/2017