ANALYSE RÉFÉRENTIELLE |
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Ennio FlorisJudas |
I- Regard critique sur les évangiles |
8- La troisième rencontre de Judas avec les sacrificateurs |
PROLOGUE INTRODUCTION REGARD CRITIQUE SUR LES ÉVANGILES - L’annonce de la trahison - Le contexte historique - Les fêtes de la Pâque - Gethsémani - Le récit de la trahison - La trahison simulée - L’arrestation de Jésus - Troisième rencontre - Sens exégétique - Apories du récit - Recherche de la référence - Reconstitution de la rencontre - Pierre et Judas - Jésus, entre prophétie et politique - La mort de Judas DU JUDAS DE L’HISTOIRE AU JUDAS DES RÉCITS ÉPILOGUE ANNEXES . . . . . . . - o 0 o - . . . . . . . |
Apories du récitQuelle que soit l’interprétation donnée au récit, elle serait insensée si elle rendait compte d’un fait réel, quoique possible sur la scène du récit. Il s’agit du drame d’un traître qui, tourmenté par les remords, cherche une issue pour parvenir à réparer le mal commis. Mais, concrètement, toute tentative que Judas fait pour racheter sa faute échoue, parce qu’elle ne connait que des situations fausses et impossibles. Le traitre avoue sa faute et demande pardon à ceux qui ont été les instigateurs de son crime. En offrande de sa purification, il restitue le prix reçu pour la faute commise, et l’offrande devient occasion de profit. S’il choisit de s’auto-punir, il fait retomber le « sang innocent » (Mt 27:4) dont il est responsable sur le Temple et sur les sacrificateurs, et non sur lui-même. On doit conclure que le récit ne rapporte pas un fait, mais qu’il l’interprète pour le censurer ou le refouler. L’analyse référentielle du récit confirme cette deuxième hypothèse. Rappelons que Judas s’est rendu auprès des grands-prêtres après qu’il ait vu Jésus conduit chez le Procurateur romain. Jésus n’était donc pas encore jugé. En effet, le grand conseil n’avait pas prononcé de sentence de mort, mais estimé qu’il était digne de mort. La sentence de mort revenait de droit au Procurateur. Cependant Judas, par son repentir, laissait entendre que Jésus était condamné et déjà mort, en se rendant lui-même responsable du « sang innocent ». Le récit n’est donc pas conforme au fait. De plus, le récit révèle en Judas une agressivité envers les grands-prêtres qui contraste avec le sens du récit. La réponse du sacrificateur à Judas, après sa confession, résonne comme la réplique à une accusation : « Que nous importe ? Cela te regarde ! » (Mt 27:4). Judas n’a pas seulement reconnu sa trahison, il a proclamé que les sacrificateurs eux-mêmes, jugeant Jésus digne de mort, sont aussi responsables de son sang innocent. Une très forte agressivité s’exprime dans le geste de Judas devant le refus du sacrificateur de reprendre le prix de la trahison : il jette l’argent sur le parvis du Temple. Cet acte symbolique exprimait une malédiction, d’autant plus violente qu’elle prenait appui sur une volonté de mort. Les fausses références et cette agression qui entravent l’articulation du sens supposent dans le récit une information refoulée, qui devient le support de son sens. En d’autres termes, le sens historique est employé en fonction du sens théologique. Au niveau de ce refoulement, Judas n’est peut pas le traître repentant qui demande au sacrificateur la grâce du pardon de Dieu, mais le témoin de l’innocence de Jésus devant les sacrificateurs, qui l’ont condamné. Le « Judas », qui émerge ainsi du discours évangélique, n’est pas le « traître », mais le « compagnon » de Jésus, dévoué à son action prophétique et à son existence. Dès lors, il devient possible de rejoindre Judas, laissé dans la cour de la maison du Grand-Pontife, pour tenter de reconstituer, à travers les fragments du récit, le déroulement des faits. |
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t617200 : 05/12/2017