LIMITES  ET  AVENIR  D’UNE  CRITIQUE  DE  L’ANTIJUDAÏSME  CHRÉTIEN

« Antijudaïsme chrétien »
et « Antisémitisme moderne »

    « Un antisémitisme chrétien ? De quoi parle-t-on ? » s’interroge l’auteur, qui récuse toute « causalité directe de la Passion à la Shoah » (1) et précise : « Le mot antisémite apparaît dans la seconde moitié du XIX° siècle, quand se forgent les théories racistes. Il récupère l’antijudaïsme qui le précède, mais il est tout autre » ; puis encore : « L’antisémitisme moderne est d’une autre nature » que « l’antijudaïsme chrétien ». Et Dujardin demande : « Où situer dans cette évolution la responsabilité chrétienne ? » (La Croix, 12/4/97). (2)

    De tels propos pourraient conduire leur auteur à esquiver ses propres questions, grâce à une querelle de mots – une distinction subtile mais oiseuse car l’ex­pression « antisémitisme moderne » est scientifiquement impropre : elle fait référence à une soi-disant « race sémite », alors qu’il s’agit toujours d’une forme d’antijudaïsme.
    Or, au contraire, Dujardin ajoute sans équivoque : « À ces questions il ne faut pas répondre qu’il n’y a pas d’antisémitisme chrétien », car ce serait « vite oublier des faits d’histoire tragiques pour les juifs, qui émanent de chrétiens ou d’institutions d’Église ».

    En conclusion, l’auteur pose deux questions : « Y a-t-il dans l’antisémitisme nazi des traces de l’anti­judaïsme chrétien ? » et : « Dans quelle mesure sa persistance [de l’antijudaïsme] dans les consciences chrétiennes a-t-elle offert un terrain favorable à la réalisation de la Shoah ? ». Il insiste : « Il est nécessaire et urgent de répondre à de telles questions ».

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(1) Cf. note ci-dessus.

(2) D’autres aspects de l’article de Dujardin ont été présentés dans des notes de pages précédentes : « Naissance de l’anti­judaïsme : une réponse insuffisante », notes 3, 4, 6 et 7, et « De la rupture à la haine éternelle », note 2.