ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Michel Bruston

Corpus Christi







STRATÉGIES 
de  CORPUS  CHRISTI



Un événement culturel


Effet analyseur de Corpus Christi


Stratégies de Corpus Christi

- Introduction
- Limites des métho-
  des exégétiques
- Critique de l’anti-
  judaïsme chrétien

  . Naissance de l'anti-
    judaïsme
  . La haine éternelle
  . Mémoires mal-
    heureuses

  . Antisémitisme
    moderne
- Historique ?
- Archéologie de
  l'écriture
- De la modernité
- Le sens et les faits
- Conclusions


. . . . . . - o 0 o - . . . . . .

LIMITES  ET  AVENIR  D’UNE  CRITIQUE  DE  L’ANTIJUDAÏSME  CHRÉTIEN

Mémoires malheureuses




    L’expression « mémoires collectives plus ou moins malheureuses » (au pluriel dans l’article de Blanchard cité ci-dessus) désigne d’une part, en la minimisant, la mémoire – très malheureuse et à juste titre – des juifs après la Shoah. Mais elle rappelle d’autre part à notre bon souvenir les martyrs chrétiens, tel Étienne qui fut jugé par le Sanhédrin puis lapidé (l’incongru « plus ou moins » apparaît plus normal, s’il fait référence à des martyrs si anciens !). L’expression s’applique également au cas de Jésus lui-même car, dans l’article, elle est mise en rapport avec « la responsabilité juive dans la mort de Jésus [qui] sera tenue pour plus ou moins importante, selon qu’on établit comme historique ou non la modération affichée par le Pilate des Évangiles ». Elle vise donc implicitement, en le minimisant, lui aussi, le thème du « peuple déicide » chez les Pères de l’Église.

    Si j’ai raison, les phrases de Blanchard (« La difficile question des relations entre juifs et chrétiens... De telles questions ne sauraient être tranchées... en fonction de mémoires collectives plus ou moins malheureuses ») sont un appel à la réconciliation et à l’oubli des « offenses » mutuelles. Son seul défaut serait de mettre sur un même plan la condamnation de Jésus et les siècles de persé­cutions chrétiennes antijuives, et de faire ainsi l’éco­nomie d’une analyse de l’antijudaïsme (ou anti­sémitisme) chrétien. Ce serait une sorte de « paix des braves » conclue entre le Vatican et l’État d’Israël : le premier oublierait le « déicide » « commis » par le « peuple juif », l’autre les racines historiques chrétiennes du génocide, et on n’en parlerait plus.

    En s’en tenant à la responsabilité des évangélistes, Corpus Christi va-t-il dans le sens d’un tel « compromis historique » ? ou bien Mordillat et Prieur comptent-ils habilement sur les effets du temps et la logique des choses pour rendre possible, sans violer les consciences, une mise en question progressivement plus profonde ?
    La conclusion d’un article paru dans La Croix et signé « es qualité » par Jean Dujardin – « secrétaire du Comité épiscopal pour les relations avec le judaïsme » – me fait pencher pour la deuxième hypothèse.




Paris, le 21 juin 1997




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tb013033 : 04/01/2018