QU’EST-CE  QUI  EST  HISTORIQUE  ?

Culture sémitique / Culture grecque

    En introduction, Mordillat et Prieur insistent sur la nécessité d’appréhender la question historique dans toute sa complexité, « à l’intérieur des données, sociales, politiques et religieuses de la Palestine » au premier siècle.
    À la fin du livret Pâque, ils tentent d’analyser cette complexité : les évangiles « forment un estuaire où se mêlent les eaux d’une langue et d’une culture sémitiques aux eaux d’une langue et d’une culture grecques. Là se situe la première et la plus permanente des tensions qui parcourent le texte. Il est évident, par exemple, que les langues européennes et les langues sémitiques dévelop­pent deux conceptions antagonistes du temps. Le grec, et toutes les langues indo-européennes, conçoivent un passé, un présent et un futur, alors que l’hébreu, l’araméen (toutes les langues sémitiques) ne connaissent que l’accompli et l’inaccompli. Ces deux perceptions du temps se rencontrent et se heurtent dans le texte des Évangiles. De même, ce que nous appelons la "cohé­rence" d’un texte, son déroulement logique à nos yeux, n’a pas nécessairement pour eux le sens qu’il a pour nous » (pp. 47-48).