QU’EST-CE QUI EST HISTORIQUE ?
Le christianisme contre la pensée philosophique et scientifique grecque
Au début de notre ère, alors que des non chrétiens – tels
Tacite (païen) et
Flavius Josèphe (juif) – perpétuaient la tradition gréco-latine d’une Histoire dé- mythologisée, le christianisme (devenu religion officielle et unique de
l’Empire romain en l’an 391) n’a pas seulement interdit tous les cultes païens en déstructurant leurs mythes et « baptisant » leurs lieux sacrés de noms de Saints ; il n’a pas non plus accepté tels quels les livres de ces auteurs : il les a condamnés « à l’enfer » (pour le premier), ou trafiqués pour les adapter à ses vues sur l’histoire de
Jésus (pour le second).
(1)
L’Église
d’Occident, tout particulièrement, a obscurci, oublié, condamné ou même fait disparaître les œuvres des philosophes antiques, simplement parce qu’elles étaient « païennes », faisant ainsi reculer la pensée de plusieurs siècles. N’y échappèrent que des fragments réunis par quelques compilateurs ou critiqués par quelques commentateurs, et l’œuvre de
Platon (latinisé et « christianisé » par
Saint Augustin vers 413-430). C’est seulement vers 1150-1200, grâce au philosophe arabe
Averroès notamment, que l’œuvre
d’
Aristote fut de nouveau connue et traduite en latin (puis commentée par
Albert le Grand et « christianisée » par
Saint Thomas d’Aquin entre 1220 et 1280). La langue grecque était quasiment oubliée.
Pour que la « civilisation chrétienne occidentale » connaisse enfin sa (Re) Naissance culturelle et scientifique, il a fallu la (re) découverte d’un grand nombre d’œuvres grecques (et latines). Et ceci grâce à l’influence musulmane (les
arabes, les
Perses puis les
Turcs avaient recueilli les textes antiques en conquérant le
Proche-Orient dès le VIIème siècle, et jusqu’à la ville de
Constantinople en 1453) et à l’arrivée de savants – des chrétiens « orthodoxes » – émigrés de la région de
Constantinople, qui enseignèrent la langue grecque dès 1400.
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(1) On trouvera dans le livret Christos (pages 8 à 19) une présentation détaillée des diverses hypothèses des savants au sujet de l’« ajout » (ou de la « modification ») que les copistes chrétiens ont fait dans le chapitre 3 du livre XVIII des Antiquités Juives de Flavius Josèphe (passage qui fut célèbre sous le nom de Testimonium Flavianum).