RÉCIT VÉRIDIQUE :
LE SENS ET LES FAITS
Vérité et signification
Alors qu’en est-il de la recherche d’un sens vrai à l’existence ? Je cite à nouveau
Grappe :
«
Ce n’est pas le déroulement historique des faits qui les préoccupe, c’est la signification, le sens, la vérité de cet événement, au sens où cette vérité surgit de la compréhension qu’ils en ont... »
Ce genre de vérité ne va ni pour, ni contre l’Histoire : elle n’a rien à voir avec elle. Elle n’est pas «
falsification historique » car elle ne prétend rien dire de vrai sur l’Histoire, elle se désintéresse totalement de l’Histoire. Elle a valeur en soi, et cela nous suffit. Aucune science ne fera jamais que les hommes cessent de penser leur existence par rapport à des vérités de cette sorte. Les athées, les agnostiques, sont de ce point de vue aussi peu « rationnels » que les croyants. D’ailleurs, selon
Bauberot, «
pour faire véritablement sens, une valeur ne peut rester uniquement personnelle, elle tend à se muer, peu ou prou, en "vérité" pour celui qui en vit » (
La morale laïque contre l’ordre moral, p. 329).
Il s’agit là d’un genre de vérité toute intérieure, qui peut être partagée avec d’autres mais ne veut – et ne peut – être imposée à quiconque : je crois que « ceci » est « vrai pour moi », sans savoir si « ceci » est « vrai en soi », ou plus exactement en sachant que « ceci » n’est pas un savoir, et par conséquent n’est « ni vrai ni faux en soi ». « Ceci » relève du mythe ou de la légende, de l’imaginaire ou du symbole, « ceci » nourrit ma vie et n’a pas besoin d’être rationnel.