RÉCIT VÉRIDIQUE :
LE SENS ET LES FAITS
Liberté de pensée
– Liberté de conscience
Inversement,
Bauberot nous rappelle que si «
s’attacher à la liberté de penser, vouloir la développer et la propager est une très noble tâche (pour peu que l’on parvienne à se dégager de la recherche de boucs émissaires) », malgré tout «
la liberté de penser comporte [aussi]
ses périls, elle risque toujours de devenir plus ou moins liberticide » ; en effet «
le risque est de se considérer comme propriétaire de la liberté de penser, et de s’en servir pour amoindrir les droits de l’autre » (
La morale laïque contre l’ordre moral, pp. 318-319).
Et il vise explicitement le long refus du droit de vote des femmes en
France, indirectement la politique religieuse des
Jacobins après la révolution de 1789 (et implicitement le marxisme figé en orthodoxie) quand il précise : «
La façon dont la liberté de pensée a été invoquée pour des causes fort douteuses doit aussi nous rendre attentifs au fait que son contenu d’un temps peut devenir lui-même stéréotype, préjugé, dogme qui empêche de penser librement. Le combat pour la liberté de penser est d’abord, pour chacun d’entre nous, une conquête face à lui-même » (ibid. pp. 320-321).
Il affirme cependant (p. 318) : «
Il faut d’autant plus être passionné de liberté-libération [liberté de pensée, émancipation de la raison]
que l’on en accorde toujours plus, à bon droit, à la liberté-pluralisme » : liberté de conscience, respect des convictions tant areligieuses que religieuses, droit de manifester ces convictions publiquement.