Sommaire
Préface
Quittez un monde bon
Vivre la foi dans le siècle
Présence de l’Église au monde
Église en dialogue avec le monde
Itinérance : une quête du sens
- Servitude et libération
- Dieu contesté par Job
. Introduction
. Le "Pourquoi ?" de Job
. Le Dieu des "amis"
- Qui est ce Dieu ?
- Soumettre l’homme
. Job et la "mort de Dieu"
. Dieu... au-delà de Dieu
Croire au-delà des perplexités
En écoutant l’Alléluiah d’Hændel
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Le Dieu des « amis » de Job : qui est ce Dieu ?
Dans les trois cycles de discours du Poème de Job, les paroles d’Éliphaz, de Bildal et de Tsophar révèlent les contours de la physionomie de Dieu pour ces trois « amis ». Derrière elles, en filigrane, se dessinent les traits essentiels de la théologie traditionnelle et la conception orthodoxe des rapports de l’homme avec Dieu au moment où le poème fut composé, probablement dans la période exilique ou postexilique d’Israël.
La confiance en Dieu (Jb 4 - 5)
Le Dieu d’Éliphaz est le Tout-Puissant (Jb 5:8-27) ; le destin de l’homme sur la terre, c’est la douleur. La souffrance et le malheur sont des occasions et des moyens d’éprouver la confiance de l’homme en Dieu, par sa piété, sa fidélité envers lui ; elles l’invitent à la patience. « Oui, heureux l’homme que Dieu corrige ! » (Jb 5:17).
En acceptant l’épreuve, l’homme pourra connaître sa libération ; sa soumission au Tout-Puissant est la condition de l’assurance de l’homme et de sa paix dans son malheur. Par contre, les méchants périssent sous le souffle de la colère de Dieu (Jb 4:7-9).
La justice de Dieu, c’est le droit (Jb 8)
Pour Bildal, la vie de l’homme témoigne de la justice de Dieu. Si l’homme est vraiment intègre, Dieu ne peut pas le rejeter. Le malheur de l’homme est effectivement le signe du jugement de Dieu sur lui : l’homme est malheureux parce qu’il a péché (lui-même ou ses parents).
Pourquoi, si souvent, la prédication de l’Église a-t-elle repris les paroles des « amis » de Job ?
Le mystère de Dieu (Jb 11)
Parfois, les « amis » de Job se présentent comme les porte-paroles, presque « la bouche », les interprètes de Dieu et de sa sagesse, tel Tsophar ! « Mais si Dieu voulait parler, ouvrir les lèvres pour te répondre » (Jb 11:5).
Comment fait-on parler ce Dieu tout-puissant, qui garde en réserve ses secrets profonds pour quelques initiés (Jb 11:6) ? Le mystère de Dieu contient les dimensions inaccessibles de « Shaddaï », le Tout-Puissant : sa perfection, sa hauteur, sa profondeur, sa longueur et sa largeur (Jb 11:7-9). Aussi Dieu n’a de comptes à rendre à personne (Jb 11:10-12). Face à lui, l’homme ne peut se tenir que dans l’attitude de la prière, son unique recours (« Étends les mains vers lui », Jb 11:13) et de la repentance ( Jb 11:14). Là, l’homme peut oublier le temps présent d’épreuve et de souffrance, sa situation en est transfigurée, « plus radieuse que le midi » (Jb 11:17).
Pourtant, oublier l’homme réel et se réfugier ou s’aliéner en ce Dieu-mystère, n’est-il pas permis de discerner dans cette attitude religieuse ce que des incroyants ont appelé plus tard « l’opium de l’homme » ? En effet, l’homme oublie ses peines (Jb 11:16) et le drame de sa condition ; il n’en recherchera plus le « pourquoi » lancinant, il vivra dans la confiance, la certitude et la sécurité ( Jb 11:15 ; 18).
Il n’est plus possible, dès lors, de douter que ce Dieu des « amis » de Job ne soit l’objet de l’aliénation la plus profonde de l’homme. Ce Dieu tout-puissant, seul juge, éternel, ne doit-il pas mourir afin que l’homme puisse vivre ?
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