ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


La crise galiléenne




La mise entre parenthèses du contexte et l’analyse du miracle :

Du miracle du Christ au miracle de Jésus



Sommaire
Avertissement au lecteur

Mise entre parenthèses du contexte
- Introduction
- Le symposium du récit
- Les miracles du Christ
- Miracle de la croissance
- Miracle de la constitution
- Miracle du rassasiement
- Miracle de prédication
- Du miracle du Christ au
   miracle de Jésus

   - Confession de foi
   - Jésus-Christ a priori
   - Prédication apostolique
   - Conscience populaire et
     Christ
   - Recherche de Jésus
   - Imagination fabulatrice et
     récit
- Jésus accomplit un miracle
   du Christ

Mise entre parenthèses du miracle

. . . . . . . - o 0 o - . . . . . . .

La confession de foi primitive de l’Église


   Dans les écrits néotestamentaires, l’expression « Jésus-Christ » est employée comme un nom. Comme tout nom elle ne serait pas, à proprement parler, un syntagme signifiant, mais exclusivement référentiel, se rapportant à la personne de Jésus. Cet emploi est courant, encore aujourd’hui, chez les non-croyants comme chez les croyants.
   Un doute surgit cependant lorsqu’on veut attribuer ce nom à son véritable référent, car celui-ci nous échappe : est-il la personne de Jésus de Nazareth, ou un personnage céleste, divin, qui n’est saisissable que dans le cadre d’une confession de foi ? En effet, les mots dont se compose cette expression sont hétérogènes, « Jésus » ayant une valeur référentielle de nom et « Christ » une fonction sémantique. Leur union n’est concevable que dans le cadre du jugement « Jésus est Christ », or il suffit de jeter un coup d’œil sur les écrits néotestamentaires pour s’apercevoir que la première confession de foi de l’Église était précisément constituée par cette affirmation. L’énoncé n’a donc pu devenir une expression et être employé comme tel que par la suite, par la chute de la copule « est ».

   Dans cette hypothèse, il convient aussi d’affirmer que le discours concernant Jésus-Christ et qui est propre aux écrits néotestamentaires a été précédé par un discours visant à montrer que Jésus était le Christ, et dont la confession de foi était l’aboutissement. L’existence de ce premier discours est très importante pour notre recherche, puisqu’il visait à cerner cet objet, qui constituait justement le référent du deuxième discours.
   Quelle est la nature de ce jugement ? À première vue, on pourrait croire que son caractère est historique. En effet le mot « Jésus », étant un nom, se rapporte à Jésus de Nazareth, tandis que « Christ » est un mot traduit de l’hébreu, qui signifie « oint ». L’énoncé ne ferait donc qu’attribuer un universel historique à la personne de Jésus, d’ailleurs on trouve dans la Bible la même attribution en ce qui concerne David et Cyrus.
   Mais si l’on porte sur cet énoncé un regard critique, on constate qu’il n’est pas un jugement d’attribution, mais de reconnaissance. En effet, le phonème « Christ », quoiqu’il soit pris au premier niveau comme signifiant « oint », est assumé au deuxième niveau comme nom d’un personnage métahistorique, connu ou connaissable par les Écritures. La preuve en est qu’on trouve souvent l’affirmation qu’il n’est pas « Christ », mais « le Christ ». On aurait donc ici moins l’union d’un universel à une personne concrète que le jumelage de deux noms de la même personne qui, connue dans son essence, reste inconnue dans son individualité. Le jugement faisait donc savoir que cet homme qu’on appelait « Jésus », et dont on connaissait l’individualité tout en en méconnaissant la personnalité, était celui-là même que tout le monde connaissait par ailleurs comme étant le Christ.
   Il faut aussi noter que la reconnaissance ne s’est pas opérée en percevant l’identité entre Jésus et le Christ ni, comme dans le cas d’Ulysse, par une marque qui aurait évoqué cette identité à la mémoire, mais par un « signe » extérieur, d’origine miraculeuse et connaissable seulement dans le cadre d’un code établi. Ce signe est la résurrection (qui a d’ailleurs été reconnue elle aussi au moyen de signes), et le code le système d’interprétation messianique des Écritures.
   Plusieurs textes peuvent être invoqués à l’appui de cette conclusion. Il est de fait que les juifs et les disciples de Jésus eux-mêmes n’avaient pas trouvé dans la vie de Jésus un signe suffisant pour les autoriser à croire, non seulement à l’origine messianique, mais aussi au caractère prophétique de sa mission. Il est aussi incontestable que, dans les récits néotestamentaires, la foi en son messianisme est conditionnée par la croyance en sa résurrection qui, par surcroît, est aussi présupposée par les récits des apparitions. Dans les premiers récits de Pierre – écrits récents dans leur rédaction, mais très anciens par leurs sources – l’affirmation que Jésus est Christ se fonde sur la reconnaissance de sa résurrection. Enfin Paul s’est converti à l’Évangile par l’apparition du ressuscité, et non par des connaissances sur Jésus qu’il aurait pu recevoir de la tradition juive.

   Il faut donc conclure que l’affirmation « Jésus est Christ » ne peut pas être assimilée à un jugement historique, mais à une confession de foi, elle se situe plutôt à l’aboutissement d’un processus herméneutique que d’un procédé épistémologique. À juste titre, Paul affirmait que personne ne peut dire « Jésus est Christ » que par illumination de l’Esprit. Cela implique que Jésus-Christ n’est saisissable qu’au-dedans d’un discours de foi, et qu’il serait vain de chercher à le comprendre hors de celui-ci et du code qui en a permis le déchiffrage.



1984




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ti17100 : 10/05/2017