ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


Auteurs Méthode Textes
Plan Nouveautés Index Liens Aide





Ennio Floris


La crise galiléenne




La mise entre parenthèses du miracle et l’analyse du contexte :

La marche de Jésus sur les eaux
et la rencontre avec ses disciples



Sommaire
Avertissement au lecteur

Mise entre parenthèses du contexte

Mise entre parenthèses du miracle
- Détermination du
   contexte
- Le manque de pain
- Demande du signe
- Marche sur les eaux
   . Le lieu
   . Le temps
   . La marche
   . Le fantôme
- Doute des disciples
- Les lieux
- Syllepsis des
   informations

. . . . . . . - o 0 o - . . . . . . .

La marche sur les eaux


   Avec le recul du temps, et surtout avec la liberté que la foi confère dans l’approche des événements, les auteurs néotestamentaires comprirent ce retour de Jésus comme une marche sur les eaux. D’ailleurs, après un si grand miracle, Jésus ne pouvait rentrer chez lui que d’une façon miraculeuse. L’interprétation ne fut d’ailleurs pas, pour eux, gratuite et subjective, puisque l’absence d’une barque s’offrait comme signe que Jésus ne pouvait revenir qu’en marchant sur la mer. Dans le lexique symbolique, ce manque de barque était un signe du même genre que le tombeau vide pour la résurrection. C’est dans ce but que les évangélistes insistent sur l’unicité de la barque des disciples.
   En dépit du miracle, les récits évangéliques, surtout celui de Marc, trahissent le caractère terrestre de ce retour. À défaut d’autre preuve, il suffirait de souligner l’équivoque que ce texte offre au niveau même de sa grammaire. Tandis que Matthieu exprime cette marche par l’emploi de la préposition « préposition », suivie par l’accusatif ( Préposition), Marc use de la même préposition, mais suivie par le génitif. Selon Matthieu donc, le sens est : « marcher dans la mer », autrement dit au-dessus de l’étendue d’eau qu’est la mer, mais chez Marc le texte dit « marcher au-dessus de la mer », c’est-à-dire au bord de la mer, sur le rivage du lac. L’équivoque de la lecture nous permet donc d’aller en-deçà du miracle, pour constater que Jésus emprunte son chemin à pieds, en côtoyant la rive du lac.

   Ce retour au bord de la mer nous permet aussi d’expliquer comment, parvenu près de ses disciples, Jésus « voulait les dépasser » car, lorsque Jésus fut arrivé au-delà de Bethsaïda, et donc tout près du lieu de rendez-vous, les disciples aussi étaient si proches qu’ils ramaient au bord du lac. Peut-être Jésus les avait-il dépassés parce qu’il ne les avait pas encore vus. Mais une fois qu’il les aperçut, il préféra les rejoindre en évitant l’accostage : comme il était poursuivi, il fallait quitter la rive le plus vite possible, avant que le jour ne pointe. Et effectivement il commanda aux disciples de se diriger non pas vers Capharnaüm mais vers Génésareth.
   L’affirmation de Marc prend donc le caractère d’une énigme de farce si l’on suppose la marche miraculeuse. En en voyant l’inconvenance, Matthieu n’a pas hésité à la supprimer.

   Cette interprétation est confirmée d’une façon surprenante par le quatrième évangile, dont je rapporte ici le texte exact : « Après avoir ramé environ vingt-cinq ou trente stades, ils virent Jésus marchant sur la mer et s’approchant de la barque… Ils voulaient donc le prendre dans la barque, et aussitôt la barque aborda au lieu où ils allaient » (Jn 6:19-21). Selon la surface du texte, deux prodiges se seraient passés : la marche de Jésus sur la mer, et l’arrivée miraculeuse de la barque au lieu prévu. Mais ces deux prodiges ne sont que l’interprétation allégorique d’un fait, que l’évangéliste laisse d’ailleurs intact dans son déroulement naturel. En effet, la distance de vingt-cinq ou trente stades n’est pas mesurée par rapport au rivage, mais au point de départ, elle correspond au trajet qui mène de la baie d’Hippos à l’ouest de Bethsaïda. Lorsque Jésus se rendit vers eux en marchant dans l’eau, ils étaient donc arrivés au lieu de rendez-vous ou, comme l’affirme le quatrième évangile, « là où ils allaient ». Les deux miracles apparaissent donc n’être rien d’autre que la mise en évidence du sens théologique de la rencontre.



1984




Retour à l'accueil Le temps de la marche de Jésus sur les eaux Haut de page Les disciples croient voir un fantôme      écrire au webmestre

ti24300 : 04/06/2017