ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


Les apparitions dans les évangiles





Les apparitions de Jésus aux Onze


Sommaire

La foi au Christ ressuscité

Le Christ est ressuscité

Les apparitions d’anges aux femmes

Les apparitions «privées» de Jésus

Les apparitions de Jésus aux Onze
- Le Christ ressuscité
- Selon Marc
- Selon Matthieu
  . Pourquoi en Galilée ?
  . Analyse du récit
- Selon Luc
- Selon les Actes
- Selon Jean

La structure des textes évangéliques




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Selon l’évangile de Matthieu :

analyse du récit


   Toutes ces généralités sur l’évangile de Matthieu (1) vont nous permettre d’analyser le récit qu’il fait de l’apparition de Jésus aux Onze.

   « Quant aux onze disciples, ils se rendirent en Galilée, sur la montagne où Jésus leur avait donné rendez-vous. Et quand ils le virent, ils se prosternèrent, eux qui avaient douté » (Mt 28:16).
   Le texte donne, comme point de départ de cette marche, le doute des apôtres… et non pas Jérusalem. On doit en conclure que leur itinéraire vers la Galilée est spirituel, qu’il représente leur cheminement intérieur du doute, né de la disparition du corps, à la certitude de la foi au Ressuscité. Mais les disciples ne peuvent dépasser leur doute, selon Matthieu, qu’en se rendant par le souvenir à cette montagne sur laquelle Jésus s’était montré comme législateur messianique et d’où, par la proclamation de sa Loi, il avait fait briller la lumière devant les Nations. C’est donc plutôt une reconnaissance du Christ ressuscité dans le Christ historique du sermon sur la montagne, qu’une rencontre des apôtres avec le Christ.
   Cependant, la mémoire seule ne peut réaliser cela : les disciples parviennent « à la montagne » au moment où ils se redécouvrent disciples de Jésus en prêchant sa parole, et où ils saisissent l’efficacité de cette prédication dans le fait qu’elle suscite de nouveaux disciples qui viennent grossir leur nombre. C’est en cela qu’ils découvrent que Jésus est ressuscité, car ils ne croient pas possible que leur prédication puisse faire des disciples si le Christ n’est pas au ciel avec un pouvoir (exousia) sur toute la terre. Autrement dit, le récit de l’évangile ne fait que mettre à la première personne ce qui se passe à la troisième, il ne fait autre chose que saisir et exprimer ce Jésus sous-jacent à leur ministère comme sujet de ce même ministère. C’est le Christ du sermon sur la montagne qui se manifeste par les signes de son autorité accomplie : le pouvoir et l’efficacité de son enseignement.

   « Je suis avec vous jusqu’à la consommation des siècles » (Mt 28:20).
   Cette proposition veut affirmer la conscience qu’ont les disciples, que Jésus sera avec eux. L’oracle d’Isaïe, que Matthieu avait déjà vu se réaliser dans la naissance de Jésus, « Voici, la vierge enfantera un fils auquel on donnera le nom d’Emmanuel, ce qui signifie « Dieu avec nous » » (Is 7:14 ; Mt 1:23), s’accomplit en ce moment-là, avec les signes de l’évidence, par la prédication des apôtres. C’est maintenant que Jésus de Nazareth peut être appelé « Emmanuel ».
   Il est presque inutile de dire, tant cela est flagrant, que cette manifestation de Jésus est composée à l’image de celle de Dieu à Moïse dans le buisson ardent. Elle reprend d’abord le « je suis » (Ex 3:14), mais ensuite Matthieu met dans la bouche du Seigneur plus que ce seul verbe : il lui prête les mêmes paroles que celles que Dieu avait prononcées avant la manifestation de son nom : « Je serai avec toi, et voici le signe auquel tu reconnaîtras que ta mission vient de moi » (Ex 3:12). Ce signe, c’est l’efficacité de sa mission elle-même. Matthieu, pour sa part, voit le signe de la présence du Christ ressuscité dans la mission apostolique, en ce qu’elle peut amener les Nations à être disciples du Christ.

   La montagne semble donc se déplacer du géographique au spirituel, de la Galilée à l’Église. Matthieu le fait comprendre en plaçant au centre de l’exhortation de Jésus aux apôtres (Mt 28:19) le baptême : « les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit ». Cette expression relève d’une liturgie tardive, qui présuppose une doctrine trinitaire très élaborée, mais surtout elle est insérée là dans le but de donner un sens concret à la mission apostolique : c’est la présence du Christ dans son Église, une Église missionnaire, ouverte au monde. Par cet enseignement, les apôtres sont « lumière du monde », dans la mesure où ils sont situés dans l’Église.
   Le texte laisse donc apparaître un triple mouvement : historique, en ce qu’il remonte aux origines de l’enseignement de Jésus, au sermon sur la montagne ; prophétique, en ce qu’il nous fait reconnaître le Christ dans l’enseignement prêché par les apôtres ; ecclésial, en ce que cet enseignement est gardé par l’Église missionnaire.
   L’Église de Matthieu est donc une Église « enseignante », dont la prédication est cette loi de Jésus qui doit amener les païens à suivre Jésus par « l’observation de tout ce qu’il a prescrit ».

   La gloire qui manifeste le Ressuscité n’est rien d’autre que cette croissance des disciples du Christ dans le monde par l’enseignement d’une Église qui veut rester galiléenne parce qu’elle prétend être le seul interprète autorisé de tout ce que Jésus a enseigné sur la « montagne ». Et l’Église, pour Matthieu, est précisément la « montagne » où le Christ se manifeste comme Seigneur des Nations.

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(1) Voir.   Retour au texte




c 1981




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t265220 : 13/04/2020