ANALYSE RÉFÉRENTIELLE |
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Ennio FlorisJudas |
II- Du Judas de l’histoire
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2- Accusations réciproques : |
PROLOGUE INTRODUCTION REGARD CRITIQUE SUR LES ÉVANGILES DU JUDAS DE L’HISTOIRE AU JUDAS DES RÉCITS - La mort tragique de Judas - Accusations réciproques . Une attitude conciliatrice . La rupture par Étienne . Les discours de Pierre et Étienne . De la trève à la persécution . Le silence sur Judas - Du compagnon au traître - Raisons et intrigues - Dans le mystère du Christ ÉPILOGUE ANNEXES . . . . . . . - o 0 o - . . . . . . . |
Regards sur les deux discoursLa différence entre le discours de Pierre et celui d’Étienne tient à leur christologie. Pierre se représente Jésus-Christ à travers des catégories juives : Jésus est un homme auquel Dieu a rendu témoignage par des miracles, et élevé à la dignité de Christ en le ressuscitant d’entre les morts. Son être christique ne lui est pas acquis au terme d’un processus « d’incarnation » du Fils de Dieu, comme chez Paul et Jean, mais par « l’élévation » de son être humain à la dignité de Fils de Dieu. Il est Fils de Dieu par élection, et non par génération. En conséquence, Pierre croit en Jésus-Christ, tout en pratiquant au Temple le culte et le rite juifs. Il sait que le peuple juif doit transmettre au Christ son héritage, mais avec l’humilité dont les enfants de Jacob ont été l’exemple, en se reconnaissant coupables de trahison et en se prosternant devant Joseph, leur frère, livré au Pharaon qui l’avait élevé à la dignité de Seigneur. Le Jésus-Christ du discours d’Étienne est celui qu’on retrouvera chez Paul, le fils de Dieu incognito dans la chair d’un homme qui révèle sa nature divine par sa mort et sa résurrection. Mais sa mort exige aussi celle de ses frères selon la chair, qui l’ont persécuté et crucifié, comme leurs pères avaient persécuté et tué les prophètes qui l’avaient annoncé. C’est pourquoi la foi en Jésus-Christ impliquait une rupture avec le Judaïsme, qui n’avait pas compris que les bénédictions données par Dieu à Abraham, à Isaac et à Jacob étaient les prophéties de l’exaltation du Christ et non de celle du peuple sur les nations du monde. Le Judaïsme avait méconnu la parole des prophètes, même s’il était parvenu à l’accomplir par le meurtre du Christ. Son péché prend racine dans son opposition à l’Esprit de Dieu. Le Christ ne pouvait venir que pour le juger. À cet égard, le discours d’Étienne peut être considéré comme une christologie de l’histoire du peuple juif, vue sous l’angle du jugement de Dieu : histoire jalonnée par une suite de meurtres du frère, culminant dans le meurtre du Fils de Dieu en sacrifice pour les péchés du monde. Les Juifs auditeurs d’Étienne, ne pouvaient pas ne pas reconnaître dans ses paroles l’écho de la prédication de Jésus, qui tendait à la dissolution du judaïsme. Ainsi, la trêve concédée par Gamaliel était rompue, la parole annoncée par les disciples de Jésus ne pouvait pas venir de Dieu, puisqu’elle n’avait d’autre intention que de faire retomber le sang de leur maître sur le peuple juif. Par son discours, Étienne avait donné la juste réponse au Souverain-sacrificateur, en faisant échouer la tentative de réconciliation de Gamaliel. La réaction des Juifs fut violente : « En entendant ces paroles, ils étaient furieux dans leur cœur et ils grinçaient des dents contre lui... Ils poussèrent alors de grands cris et, se bouchant les oreilles, ils se précipitèrent tous ensemble sur lui, le traînèrent hors de la ville et le lapidèrent » (Ac 7:54; 57-58). Étienne avait dévoilé le véritable dessein de la nouvelle secte : détruire le Judaïsme, ce qui pour les Juifs était d’autant plus absurde et criminel qu’il s’appuyait sur l’interprétation des Écritures. Mais, pour les chrétiens, la lapidation d’Étienne fut le témoignage et la preuve que les Juifs étaient les meurtriers du Christ. Par leur rôle dans la société, les Juifs étaient pour les premiers chrétiens ceux qui avaient persécuté et tué les prophètes et qui maintenant faisaient mourir le Christ ! Étrange force de persuasion que celle d’Étienne : il contraint ses auditeurs à reconnaître leur culpabilité dans le meurtre du Christ par le meurtre de leur accusateur ! |
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t622300 : 09/12/2017