ANALYSE RÉFÉRENTIELLE |
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Ennio FlorisJudas |
II- Du Judas de l’histoire
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2- Accusations réciproques : |
PROLOGUE INTRODUCTION REGARD CRITIQUE SUR LES ÉVANGILES DU JUDAS DE L’HISTOIRE AU JUDAS DES RÉCITS - La mort tragique de Judas - Accusations réciproques . Une attitude conciliatrice . La rupture par Étienne . Les discours de Pierre et Étienne . De la trève à la persécution . Le silence sur Judas - Du compagnon au traître - Raisons et intrigues - Dans le mystère du Christ ÉPILOGUE ANNEXES . . . . . . . - o 0 o - . . . . . . . |
L’attitude de rupture d’ÉtienneUne plainte fut adressée aux apôtres par les « hellénistes », Juifs de la diaspora grecque et parlant le grec, contre les « Hébreux », Juifs de Palestine de langue araméenne, au sujet de leurs veuves, qui étaient négligées. La querelle montrait l’existence dans la communauté de problèmes qui demandaient une organisation plus complexe. Les douze proposèrent de nommer des diacres, pour « le service aux tables », c’est-à-dire le service du repas communautaire à caractère liturgique, afin de laisser les apôtres disponibles pour le ministère de la parole. La communauté procéda donc à l’élection de sept diacres dont les noms témoignent de l’origine helléniste. Parmi eux, le plus réputé fut Étienne qui, singulièrement, ne se distinguait pas des autres par son dévouement au « service aux tables » mais par son rayonnement dans le ministère de la parole. Étienne eut des discussions avec des membres de la synagogue des affranchis, et ses positions suscitèrent du scandale, jusqu’à être accusé devant le Sanhédrin et convoqué pour y être jugé. L’accusation portait sur des blasphèmes qu’Étienne aurait prononcés au sujet de Moïse et de la Loi, par exemple, que Jésus détruirait le Temple et abolirait la Loi. Invité à se disculper, Étienne se défendit en accusant impitoyablement ses détracteurs et ses juges. Pour lui, les Écritures demeuraient le critère de la vérité, et sa seule base d’accord ne pouvait être que la parole de Dieu. Aussi, son discours fut-il un rappel des événements de l’histoire biblique, d’Abraham à David. Abraham, parce que Dieu l’avait béni, en tant que père du peuple, lui promettant la victoire sur toutes les nations du monde ; le roi David, parce que Dieu lui assura une royauté sans fin. Mais si Étienne fit appel aux mêmes Écritures que ses adversaires, son interprétation fut différente. Pour ses interlocuteurs et ses juges, scribes et anciens, la compréhension des Écritures portait sur le sens historique dont le Judaïsme était le sujet. Étienne, par contre, leur attribuait un sens spirituel, qui s’accomplissait dans le Christ. Dieu avait béni Abraham par les paroles « tu seras une source de bénédiction, et toutes les familles de la terre seront bénies en toi » (Gn 12:3). À David, Samuel avait assuré au nom de Dieu : « Ta maison et ton règne seront pour toujours assurés, ton trône sera pour toujours affermi » (2 S 7:16). Les anciens comprenaient ces bénédictions littéralement, concernant la génération d’Abraham et le royaume historique de David, ce qui n’excluait pas un sens messianique, inspiré du serviteur de l’Éternel entendu au sens du peuple lui-même, le Juste, que Dieu glorifierait en l’élevant à la dignité de Christ pour avoir assumé dans sa chair les châtiments réservés aux injustes (Is 53:12). Pour Étienne, au contraire, le « Serviteur de l’Éternel » représentait la figure du Christ, le Fils de Dieu, qui devait accomplir dans le monde le sacrifice des justes, pour la Rédemption des péchés. Il était effectivement venu en Jésus, au bout d’une longue chaîne de meurtres du frère par le frère tout au long de l’histoire du peuple : Abel par Caïn, Jacob par Esaü, Joseph par ses frères, les prophètes par le peuple, David par son fils Absalom. Le fils de Dieu advint donc au moment ultime de ce tragique d’existence qui parcourait l’histoire du peuple. Sa défense est hantée par cette vision. Il était accusé de blasphème pour avoir proclamé que Jésus était le Christ, qui aurait mis fin à la Loi et détruit le Temple. À la première accusation, il cite cette affirmation de Moïse dans le Deutéronome : « L’Éternel me dit : je leur susciterai du milieu de leurs frères un prophète comme moi, je mettrai mes paroles dans sa bouche et il leur dira tout ce que je lui commanderai. Et si quelqu’un n’écoute pas les paroles qu’il dira en mon nom, c’est moi qui lui en demanderai compte » (Dt 18:18-19). Étienne donna au verbe « susciter » (anasteso) le sens de « ressusciter ». Par sa résurrection Jésus a accompli la parole de Moïse, il a été ce prophète dans la bouche duquel Dieu a mis sa parole (Ac 3:22-26), et le Christ auquel Dieu a donné autorité pour accomplir la Loi. Quant à la destruction du Temple, Étienne transforma en prophétie l’accusation portée contre Jésus lors du concile des anciens dans la maison du grand-pontife : « Celui-ci a dit : je puis détruire le temple de Dieu et le rebâtir en trois jours » (Mt 26:61). Mais, par cette prophétie, Dieu interdisait à David de bâtir une maison à son honneur, prohibition qui signifiait pour Étienne le refus de Dieu de posséder un temple pour son culte, selon la parole adressée au prophète Isaïe : « Le ciel est mon trône et la terre mon marchepied ; quelle maison pourriez-vous me bâtir et quel lieu me donneriez-vous pour demeure ? » (Is 66:1). Le Christ détruira ce temple de pierres pour que Dieu soit adoré dans sa véritable maison, le ciel et la terre. Accusé d’annoncer un Christ qui fut un homme mis à mort par la volonté du peuple et par la Loi, Étienne rétorqua qu’eux aussi avaient, en le tuant, reconnu qu’il était le Christ, puisqu’ils avaient accompli ce meurtre annoncé d’avance par les prophètes au sujet du Christ : « Hommes au cou raide, incirconcis de cœur et d’oreilles ! Vous vous opposez toujours au Saint-Esprit. Ce que vos pères ont été, vous l’êtes aussi. Lequel des prophètes vos pères n’ont-ils pas persécuté ? Ils ont tué ceux qui annonçaient d’avance la venue du juste, que vous avez livré maintenant et dont vous avez été les meurtriers. Vous, qui avez reçu la Loi d’après des commandements d’anges et qui ne l’avez point gardée ! » (Ac 7:51-53). De défenseur, Étienne devint accusateur, d’accusateur juge, et de juge martyr, témoin par son sang. |
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t622200 : 09/12/2017