L’attitude conciliatrice des apôtres :
Pierre devant le Sanhédrin
Pierre pouvait s’estimer heureux du fait que ses auditeurs étaient des
Juifs de la diaspora, venus de toutes les nations de
l’empire. Il ne pouvait pas ne pas se souvenir de la nuit à
Gethsémani, passée pour
Jésus à attendre les «
Grecs », qui devaient le conduire hors du pays, et qui ne vinrent pas. À présent, ils venaient dans la personne de ces
Juifs de la diaspora pour ouvrir à
Jésus, devenu «
Christ et
Seigneur », le chemin vers les nations.
Cependant les
Juifs de
Jérusalem n’étaient pas prêts, contrairement aux frères de la diaspora, à recevoir le message de
Pierre. Le
souverain-sacrificateur appela
Pierre et les
apôtres pour les interroger. «
Ne vous avons-nous pas défendu expressément d’enseigner en ce nom-là ? Et voici, vous avez rempli
Jérusalem de votre enseignement et vous voulez faire retomber sur nous le sang de cet homme » (
Ac 5:28).
Ce blâme contenait de très graves accusations. En effet, les
apôtres reconnaissaient comme
Christ un homme jugé et condamné à mort, selon la Loi et le droit romain. De plus, ils reprochaient aux
Juifs non seulement d’avoir jugé et condamné injustement un homme, mais d’en avoir été eux-mêmes les assassins. Par surcroît, cet homme qu’ils avaient accusé, condamné et tué était le
Christ. Les accusations des
apôtres étaient, pour les
Juifs, aberrantes et injurieuses envers le
peuple de Dieu et envers
Dieu lui-même.
Cette interrogation du
Souverain-sacrificateur rejoignait l’étonnement du «
Juif », le personnage du livre de
Celse, à propos de l’accusation que les
chrétiens portaient contre les
Juifs de ne pas croire au
Christ : «
Ceux qui croient au
Christ font grief aux
Juifs de n’avoir pas cru que
Jésus était
Dieu... Mais comment, après avoir enseigné à tous les hommes l’arrivée de celui qui viendrait de la part de
Dieu punir les injustes, l’aurions-nous, après sa venue, indignement traité ? ... Pourquoi aurions-nous indignement traité celui que nous avons publiquement prédit ? Dans le but d’être puni plus que les autres ? » (
Origène, Contre Celse, 2,8).
Pierre réplique aux membres du Sanhédrin : «
Il faut obéir à
Dieu plutôt qu’aux hommes. Le
Dieu de nos pères a ressuscité
Jésus, que vous avez tué en le pendant au bois » (
Ac 5:29-30). Il n’est pas surprenant que les
sadducéens de l’assemblée, entendant cette réponse, devinrent furieux et voulurent le mettre à mort (
Ac 5:33).
Le verdict fut évité grâce à l’intervention de
Gamaliel, qui conseilla de laisser ces hommes en liberté : «
Si cette entreprise ou cette œuvre vient des hommes, dit-il, elle se détruira, mais si elle vient de
Dieu, vous ne pourrez la détruire ». Et ils se rangèrent à son avis (
Ac 5:38-39).
Gamaliel avait une perspective conciliatrice qui rejoignait celle de
Pierre. Il avait compris que ces hommes ne délivreraient qu’un message religieux, dont on devait respecter la liberté. Décision d’une grande sagesse religieuse et politique, qui permet de mettre en doute que les
Juifs furent seulement des sectaires injustes qui ont livré
Jésus par jalousie, comme les évangiles l’affirment.