L’attitude conciliatrice des apôtres :
le discours de Pierre
«
Hommes israélites, écoutez ces paroles ! Jésus de Nazareth, cet homme à qui Dieu a rendu témoignage devant vous par les miracles, les prodiges et les signes qu’il a opérés par lui au milieu de vous, comme vous le savez vous-mêmes, cet homme livré selon le dessein arrêté et selon la prescience de Dieu, vous l’avez crucifié et vous l’avez fait mourir par les mains des impies. Dieu l’a ressuscité... Que toute la maison d’Israël sache donc avec certitude que Dieu a fait Seigneur et Christ ce Jésus que vous avez crucifié » (
Ac 2:22-24;
36).
En appelant «
Israélites » ses auditeurs,
Pierre les rattachait à
Jacob, le père du
peuple, nom qu’il avait reçu de
Dieu après son combat victorieux avec
l’ange : «
Ton nom ne sera plus Jacob mais tu seras appelé Israël, parce que tu as lutté avec Dieu et avec les hommes et tu as été vainqueur » (
Gn 32:29). Ils sont «
Israélites », enfants de ce
peuple, que
Dieu avait béni par l’oracle
d’Isaac à
Jacob : «
Que des peuples te soient soumis et que des nations se prosternent devant toi » (
Gn 27:29).
Pierre leur annonçait l’accomplissement de cette bénédiction, afin qu’à leur tour ils la transmettent aux nations dans lesquelles ils habitaient : «
Dieu a fait Christ et Seigneur ce Jésus que vous avez crucifié ». Nouvelle joyeuse et exaltante, mais aussi douloureuse et humiliante pour les
Juifs, car elle leur déclarait l’accomplissement des bénédictions de
Dieu en même temps qu’elle les menaçait d’une malédiction. Mais
Pierre, dans son discours, se montra aussi persuasif que captivant, convaincu que la foi en sa parole triompherait sur tout ce qu’on avait pu entendre sur
Jésus de la part de ceux qui l’avaient crucifié.
Tout d’abord, il mit ses auditeurs en état de comprendre les actes de
Jésus, qui n’avait pas transgressé la Loi, mais avait réalisé des prodiges pour l’accomplir, selon les promesses de
Dieu. Ce n’étaient pas les actes d’un homme en révolte contre
Dieu, mais ceux du
Fils que Dieu avait envoyé pour accomplir l’œuvre que la Loi ne pouvait pas effectuer : la libération du péché et de ses malédictions. Il les renvoya au souvenir de ce qu’ils avaient vu : les aveugles recouvraient la vue et les boiteux marchaient, les lépreux étaient purifiés et les sourds entendaient, les morts ressuscitaient et les
démons étaient chassés (
Lc 7:22).
Jésus n’avait pas violé la Loi, comme on l’en avait accusé, mais il l’avait accomplie, la menant aux fins pour lesquelles elle avait été proclamée.
On remarquera le manque d’agressivité de l’accusation de
Pierre et l’absence de toute condamnation. Le participe passé «
livré » de sa déclaration ne fait pas allusion à un jugement, mais à une médiation qui associe la crucifixion de
Jésus aux desseins arrêtés par
Dieu. La volonté de ceux qui l’ont livré s’inscrit dans le mystère de la grâce de
Dieu avant d’être entraînée par le péché.
Le but de
Pierre était d’appeler ses auditeurs à la repentance et à la conversion, et non de les juger : «
Sauvez-vous de cette génération perverse » (
Ac 2:40) dit-il dans l’exhortation finale. Qui était cette génération perverse, sinon les
Juifs dont les pères avaient persécuté les
prophètes, et oublié le sens des Écritures ?
La foi que
Pierre leur demandait était beaucoup plus qu’une confession de foi en
Jésus-Christ : il exigeait la reddition à son pouvoir. Puisque
Dieu a oint
Jésus en lui faisant hériter les promesses, le
peuple juif ne pouvait croire en lui qu’en lui remettant le droit d’héritage dont il était porteur. «
Que toute la maison d’Israël sache donc avec certitude que Dieu a fait Seigneur et Christ ce Jésus que vous avez crucifié » (
Ac 2:36). Bouleversés, ses auditeurs se repentirent, crurent et furent baptisés.