ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


Auteurs Méthode Textes
Plan Nouveautés Index Liens Aide





Ennio Floris


Judas




II- Du Judas de l’histoire
au Judas des récits




1- La mort tragique de Judas



PROLOGUE

INTRODUCTION

REGARD CRITIQUE SUR LES ÉVANGILES

DU JUDAS DE L’HIS­TOIRE AU JUDAS DES RÉCITS
- La mort tragique de Judas
  - La mort de Judas
  - Hakeldama
  - Témoins de la résurrection
  - Judas, bouc émissaire
- Accusations réciproques
- Du compagnon au traître
- Raisons et intrigues
- Dans le mystère du Christ

ÉPILOGUE

ANNEXES


. . . . . . . - o 0 o - . . . . . . .

   À partir de l’échec de la purification du Temple les disciples de Jésus, ayant perdu tout espoir de devenir « juges des douze tribus d’Israël », doutèrent de la vocation prophétique de leur maître, au point de voir en lui un objet de scandale, ce qui impliquait qu’ils avaient conscience d’avoir péché pour s’être mis à son service et en avaient honte. Ce doute, qui n’entraînait cependant pas chez eux un jugement catégorique sur leur maître, les avait rendus tristes et angoissés. Ils pensaient se trouver devant une énigme, qui obnubilait leur intelligence pour la plier à l’écoute de la parole de Dieu.
   Analogue fut leur attitude à l’égard de Judas. Quoiqu’étrangers à la vie d’un maître devenu fugitif, ils durent reconnaître chez ce disciple son dévouement à son égard, mais il leur demeurait suspect. Pourquoi Judas était-il devenu aussi serviable, au moment de la chute de son maître ? Leur soupçon devint doute par le baiser que Judas donna à Jésus aussitôt arrivé à Gethsémani, baiser qui apparut comme signe de trahison. Mais les faits étaient tellement embrouillés que, pour en avoir la certitude, ils attendaient une confirmation de la part de Dieu.

   La confirmation survint dans la mort à la fois du maître et de son « compagnon ». La mort de Jésus fut si tragique et horrible que le centurion s’exclama « Assurément, cet homme était un fils de Dieu » (Mc 15:39). Affirmation d’un païen qui seul pouvait connaître la fin des fils de Dieu, « nés d’une femme », tel Dionysos.
   Mais sa mort ne fut pas moins horrible pour les apôtres, qui la trouvèrent semblable à celle du « fils de dieu », selon les Écritures. Ils y reconnurent en effet l’accomplissement de la mort du « serviteur de l’Éternel », qui pour eux était le Christ, le Fils de Dieu qui « devait » mourir portant en lui les péchés des hommes.
   Ils virent aussi le signe de Dieu dans la mort de Judas. La relation de Matthieu selon laquelle Judas s’était pendu était, par sa simplicité, la plus connue et la plus conforme au fait.

   Précédemment, j’ai cherché à comprendre cette mort par les motivations de Judas. À présent, je tenterai de dégager la perception qu’en eurent les apôtres en interprétant les Écritures pour trouver une réponse à leurs doutes.
   Ces paroles de la Loi, qui durent résonner à leur oreilles « Celui qui est pendu est objet de malédiction » (Dt 21:23), les convainquirent que Judas s’était pendu pour devenir « vengeur » du sang de Jésus qu’il avait contribué à répandre par sa trahison. Même s’ils étaient persuadés que Jésus avait été mis à mort par les Juifs conformément à la Loi, Judas aussi était meurtrier, par sa trahison : « Si quelqu’un agit méchamment contre son prochain en employant la ruse pour le tuer, tu l’arracheras même de mon autel, pour le faire mourir » (Ex 21:14). Selon Matthieu, Judas s’était rendu auprès des sacrificateurs pour obtenir le pardon de son acte, mais ils le chassèrent : le crime du sang ne pouvait être réparé que par le sang. Ainsi les apôtres reçurent-ils une réponse à leur doute au sujet de la mort de Judas, comme de celle de Jésus. L’énigme était résolue, le « traître » sortait du tombeau de Judas, comme le « Christ » de celui de Jésus.

   Il importe donc de mettre en évidence la naissance et l’évolution de ce personnage de « traître » en suivant la narration des Actes.
   Au premier chapitre des Actes, les apôtres se réunirent en concile comme « témoins de la résurrection ». Pierre en prit la direction par un discours qui commença ainsi : « Hommes, frères, il fallait que s’accomplisse ce que le Saint-Esprit, dans les Écritures, a annoncé d’avance par la parole de David au sujet de Judas, qui a été le guide de ceux qui ont saisi Jésus. Il était compté parmi nous et il avait part au même ministère » (Ac 1:16-17). Pierre mentionna Judas, l’un des douze, qui avait reçu comme eux le ministère apostolique. L’affirmation selon laquelle on l’aurait vu guider ceux qui devaient arrêter Jésus indique qu’à ce moment les apôtres s’étaient libérés de leur doute. La mort de Judas les avait convaincus que c’était bien lui le « traître ».
   On peut résumer ainsi les actes de ce premier concile : Pierre annonce la mort de Judas et la malédiction de son champ, Hakeldama, souillé de son sang ; un témoin de la résurrection est élu à sa place pour reprendre sa fonction ; enfin, l’excommunication le radie du nombre des douze.



juillet 1987




Retour à l'accueil De l'histoire aux récits Haut de page La mort de Judas   

t621000 : 09/12/2017