ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


Judas




II- Du Judas de l’histoire
au Judas des récits




1- La mort tragique de Judas



PROLOGUE

INTRODUCTION

REGARD CRITIQUE SUR LES ÉVANGILES

DU JUDAS DE L’HIS­TOIRE AU JUDAS DES RÉCITS
- La mort tragique de Judas
  - La mort de Judas
  - Hakeldama
  - Témoins de la résurrection
  - Judas, bouc émissaire
- Accusations réciproques
- Du compagnon au traître
- Raisons et intrigues
- Dans le mystère du Christ

ÉPILOGUE

ANNEXES


. . . . . . . - o 0 o - . . . . . . .

La mort de Judas


   Il est nécessaire de rappeler le texte déjà mentionné au chapitre dix, car il requiert une nouvelle analyse. « Cet homme, ayant acquis un champ avec le salaire du crime, s’est écrasé par le milieu du corps et toutes ses entrailles se sont répandues » (Ac 1:18).
   Cette mort ne semble pas être survenue par pendaison, comme chez Matthieu, mais par accident. S’étant penché trop en avant, Judas se serait dans sa chute ouvert le ventre.

   Cependant la pendaison n’en est pas exclue, car le texte peut se traduire par : « En se penchant (pour se pendre) il est tombé, s’écrasant par le milieu ». Pour cette raison, je pense, la Vulgate traduit « prenes » par « suspensus ». Mais même si Judas a voulu se suicider, pour Pierre c’est une mort accidentelle par glissade quand Judas, semble-t-il, prit possession de son domaine. L’important dans le texte c’est qu’en tombant Judas éclate, en sorte que « les entrailles se sont répandues ». Dans la Bible le verbe « ekxein » est toujours lié à une effusion du sang. L’auteur l’a donc appliqué aux entrailles, pour mettre en évidence que du sang s’est répandu du corps de Judas, jusqu’à souiller le champ qu’on appela pour cette raison, « champ du sang » (hakeldama).
   Pierre juge le crime de Judas et la punition qu’il subit selon la Loi, qui condamne à mort quiconque a versé le sang du prochain : « Il ne sera fait pour le pays aucune expiation du sang qui y sera versé, sinon par le sang de celui qui l’aura répandu » (Nb 35:33), « Celui qui frappe un homme mortellement sera puni par la mort » (Ex 21:12). Judas n’a pas lui-même frappé Jésus, mais il a « agi méchamment contre son frère en employant la ruse pour qu’il soit tué » (Ex 21:14).

   Mais le sens de la mort de Judas à l’égard de la justice varie selon qu’il s’agit d’un suicide ou d’un accident. Selon Matthieu, Judas s’est repenti et a restitué l’argent du crime aux sacrificateurs, qui le lui ont refusé. Alors il est allé se pendre après l’avoir répandu dans le Temple. Pour Matthieu, Judas a eu conscience de mériter la mort, et il en a assumé la responsabilité. En se donnant la mort, il prévient le déclenchement de la justice par le « vengeur » ou par Dieu lui-même. Il était quitte devant la Loi, puisqu’en restituant l’argent, il en assumait le châtiment.
   Ainsi, le sang de Jésus ne retombait pas sur lui, mais sur les Juifs et les sacrificateurs, qui demeuraient impénitents et impunis. Selon Pierre, par contre, Judas était un homme condamné et maudit, parce qu’il voulait profiter du champ acquis avec l’argent du crime, s’imaginant échapper à la condamnation de la Loi. Il mourut accidentellement, tué par Dieu qui vengeait par son sang le sang innocent du Christ. Sa mort était un châtiment et une malédiction Son champ, signe de la vengeance pour le sang versé de Jésus, demeurait aussi maudit, souillé par son sang.



juillet 1987




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t621100 : 09/12/2017