ANALYSE RÉFÉRENTIELLE |
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Ennio FlorisProméthée et Jésus : |
Première partie : Dieu, le Sauveur et la mort |
Sommaire Introduction Dieu, le Sauveur et la mort - La colère de Dieu et le péché - Dieu et le Sauveur - Le Sauveur contre Dieu - Le feu - Procès et condamnation - Océan et Pierre - Océanides et filles de Jérusalem - Io et Marie - La mort - La rédemption - L’eschatologie . Zeus converti à l’amour . Un nouveau Yahvé Le mythe d’Io et l’évangile de Marie Conclusion théologique . . . . . . . - o 0 o - . . . . . . . |
La nouvelle personnalité de DieuJésus meurt en laissant ses disciples dans une attente craintive. Dispersés au moment de son procès, ils se retrouvent autour de son tombeau ; les paroles qu’ils avaient entendues souvent sans les comprendre et qui étaient tombées dans l’oubli remontent de leur subconscient, précisément pour combler le vide créé dans leur âme par la mort du seigneur. « Le fils de l’homme doit venir dans la gloire de son père avec ses anges, et alors il rendra à chacun selon ses œuvres » (Mt 16:27). Par ces paroles le scandale et la déception de la mort cèdent la place à l’attente de l’eschatologie du Messie, à savoir de son retour qui doit s’accomplir par la résurrection, le jugement et la gloire. Jésus ne reste pas longtemps dans son tombeau car il ne doit pas attendre, contrairement à Prométhée, la naissance de son libérateur. Le double rôle de souffrance et de délivrance que le mythe partage entre les deux personnages de Prométhée et Héraclès, est directement confié par les évangiles à Jésus, qui est fils de l’homme en même temps que fils de Dieu. La résurrection de Jésus précède alors les deux autres événements – le jugement et le royaume de la gloire – qui la suivent après une longue période coïncidant avec le déroulement de toute l’histoire. Il faut cependant souligner que Jésus remplit le rôle propre au fils de l’homme et au fils de Dieu parce qu’il a reçu le Saint Esprit. C’est en effet par le Saint Esprit qu’il ressuscite, qu’il juge et qu’il entre dans la gloire de son père. Le Saint Esprit devient alors un personnage parallèle à Héraclès, et il personnifie d’autant mieux la délivrance qu’il présente tous les caractères d’une personne. Si le Saint Esprit est l’Héraclès des évangiles, Héraclès est le Saint Esprit du mythe. Fils de Zeus et personnification sur la terre de sa puissance, il est aussi héritier de la souffrance de Prométhée, de même que le Saint Esprit est la manifestation de la puissance créatrice et destructrice de Dieu, en même temps que l’héritier de la passion et de la mort de Christ. Venant de Dieu et du sauveur, ils sont l’un et l’autre un lien entre Dieu et les hommes, une source de réconciliation et de vie. La résurrection de Jésus présente les mêmes valeurs théologiques que le mythe exprime par l’image du tombeau, des chaînes et de l’aigle. Elle est tout d’abord marquée par un signe visible et historique, le tombeau vide : le Christ est ressuscité en ce sens qu’il n’est plus dans le séjour des morts, mais parmi les vivants. Cependant, les Écritures nous parlent de deux autres événements proprement théologiques qui précèdent la sortie du tombeau. En Christ, Dieu détruit la puissance de la mort : l’aigle que Jésus avait vu descendre du haut du ciel pour dévorer les cadavres des hommes est virtuellement vaincu par sa puissance ; quant à la personne du sauveur, elle n’a plus un corps sujet à la corruption, mais un corps nouveau libéré de ses chaînes. Après sa résurrection, Jésus reste caché aux yeux des mortels. Bien qu’il soit ressuscité et glorifié, l’ombre de sa mort se projette encore sur l’humanité et sur toute l’histoire. Sa résurrection ne constitue pas encore la victoire complète et totale du sauveur, mais le tremplin de sa deuxième venue et du triomphe final. L’histoire des hommes est alors fort semblable au temps mythique qui va de l’ensevelissement de Prométhée à sa délivrance. Ce n’est pas le temps du Christ, mais du Saint Esprit de même que, dans le mythe, c’est la période marquée par la naissance et les exploits d’Héraclès. Christ est vivant pour les hommes en raison du Saint Esprit, qui agit dans l’histoire pour préparer les croyants au jugement et au renouvellement de toutes choses. On ne peut comprendre la valeur du ressuscité que dans sa seconde venue. Alors, seulement, le fils de l’homme sera révélé à tout le monde comme fils de Dieu. Le blasphémateur, le maudit, entre dans la gloire du Père : l’homme devient dieu. L’ « apocalypse » du sauveur est annoncée par les Écritures dans la même attente craintive et désespérée que nous avons notée lors de la délivrance de Prométhée. C’est le moment de venger le sang du crucifié, de punir tous les ennemis du salut ; c’est le moment de détruire le monde, en vue d’une nouvelle terre et de nouveaux cieux. En effet, les événements qui se déroulent dans les derniers temps confirment cette attente toute imprégnée de peur. L’eschatologie chrétienne ne se présenterait pas comme un pardon général, à la façon de l’eschatologie du mythe. Toutefois, un épisode rapproche étroitement les deux eschatologies, la condamnation de Satan. Car ce personnage semble jouer le même rôle que celui que le mythe attribue à Chiron. Ni homme ni dieu, Satan est un être divin, qui personnifie le mal. Il est l’auteur de toute opposition à Dieu, de l’opposition des abîmes à la puissance du créateur, de l’opposition du serpent au bonheur de l’homme, de celle de Satan au ciel et du diable au Christ. Or, la victoire finale de Christ s’accomplit précisément par la punition de Satan qui, enchaîné comme Chiron et attaché à l’abîme, est ensuite jeté dans l’étang de feu. Satan brûlé, le péché aussi est vaincu et détruit. Si on lit l’eschatologie chrétienne à la lumière de la condamnation de Satan, on peut légitimement penser que les hommes sont sauvés du jugement du fait que leur péché est puni par la destruction du diable. Les paroles que le Christ a prononcées sur la croix : « Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23:34) peuvent être considérées comme l’annonce prophétique de ce pardon universel que Dieu accordera à la fin des temps, parce que le responsable de tout péché, le véritable pécheur, sera condamné, et ainsi apaisée la justice de Dieu. Les cieux nouveaux et la terre nouvelle naissent de ce pardon. Il y aura un renouvellement, car il y aura une nouvelle personnalité de Dieu. Ici aussi le déroulement du drame des évangiles présente de profondes analogies avec le drame mythique. Le mythe nous démontre que Zeus devient sage et juste parce que toute raison de colère disparaît avec la condamnation de Chiron. Les évangiles, de leur côté, nous révèlent Dieu dans un comportement d’amour sans colère, au moment où la personne du tentateur est condamnée. La raison de la colère de Dieu et du péché des hommes est complètement détruite, car le mal est aboli. Les temps nouveaux se dérouleront dans un Éden sans serpent, dans un jardin d’immortalité et de grâce. |
![]() ![]() ![]() ![]() t911120 : 03/02/2021 |