ANALYSE RÉFÉRENTIELLE |
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Ennio FlorisProméthée et Jésus : |
Première partie : Dieu, le Sauveur et la mort |
Sommaire Introduction Dieu, le Sauveur et la mort - La colère de Dieu et le péché - Dieu et le Sauveur - Le Sauveur contre Dieu - Le feu - Procès et condamnation - Océan et Pierre - Océanides et filles de Jérusalem - Io et Marie - La mort . L’ensevelissement de Prométhée . La mise au tombeau de Jésus - La rédemption - L’eschatologie Le mythe d’Io et l’évangile de Marie Conclusion théologique . . . . . . . - o 0 o - . . . . . . . |
L’ensevelissement de ProméthéeÉtant donné qu’il est un dieu, Prométhée ne peut pas mourir, mais tout se passe comme s’il mourait. S’il parvient à supporter ses terribles souffrances, à accepter le Destin, c’est qu’il est sûr de sa victoire : il sait, par les révélations de sa mère, qu’il sera délivré et que Zeus sera supplanté par un autre Dieu. Alors Zeus, saisi de peur comme tous les tyrans, lui envoie Hermès, son messager, pour lui arracher son secret : s’il connaît celui doit réussir à délivrer Prométhée, il pourra bien l’en empêcher. Hermès cherche à convaincre le dieu souffrant de la nécessité de révéler ce secret, sinon les souffrances dont il est en ce moment la victime ne seront rien en comparaison de celles qu’il devra supporter dans le Tartare : « Ton corps enfoui n’aura plus d’autre lit que l’étreinte du roc et une longue durée de jours s’achèvera, avant que tu reviennes à la lumière. Mais alors le chien ailé de Zeus, l’aigle fauve, taillant férocement ton corps n’en fera qu’un vaste lambeau… » Après l’avoir menacé de ces maux, Hermès voudrait obtenir de Prométhée qu’il se rende à Zeus et renonce à sa volonté de révolte. Cette présence d’Hermès est une épreuve à la fois pour Prométhée et pour Zeus. Le Titan souffrant a devant les yeux l’horreur du Tartare. Il connaît bien les tourments de ce lieu infernal où les Titans, ses frères, expient leur peine. Il se voit là, enchaîné dans un tombeau, mort à sa divinité, méprisé des dieux, haï comme un maudit, lui qui a fait du bien aux hommes après avoir aidé Zeus lui-même à s’emparer du trône. Son amour pour les mortels n’était-il donc que folie ? De son côté, Zeus n’est pas non plus satisfait. Bien sûr, Prométhée est enchaîné, mais il a reçu une révélation de délivrance qui va contre sa royauté. Zeus a peur, il veut connaître le secret avant de précipiter le dieu coupable dans les enfers, et empêcher ainsi qu’il ne soit libéré. Prométhée ne se laisse vaincre, ni par les tortures, ni par la persuasion. Il sait que les hommes perdront le feu s’il se rend à Zeus, et que le roi des dieux restera un tyran s’il ne lui résiste pas. Fidèle à la mission qu’il a reçue du Destin, sûr de sa victoire, il accepte le Tartare : « Qu’il me jette donc au ténébreux Tartare, dans le tourbillon d’une impitoyable contrainte ! Une chose est sûre : il ne peut, à moi, m’infliger la mort. » On est tenté de se dire que les épreuves qu’il traverse l’ont rendu fou ! À quoi lui sert d’être immortel, si c’est pour continuer de subir la même atroce peine ? Il n’en est rien : Prométhée se réjouit de sa divine immortalité dans la mesure où elle lui permettra de faire, en souffrant, triompher l’amour sur la violence. Il faut situer l’immortalité dans le contexte de la psychologie du mythe. Les dieux n’ont pas, comme les hommes, une âme immortelle dans un corps mortel, ils sont des entités simples, dans lesquelles corps et âme constituent une unité indivisible. L’homme peut mourir et continuer à vivre une vie imparfaite et rudimentaire dans son âme, mais un dieu ne peut pas mourir car, s’il mourait, il serait complètement anéanti. Prométhée se réjouit du fait que, Zeus ne pouvant pas l’anéantir, la prophétie de sa libération se réalisera. Bien qu’il doive se passer beaucoup de temps avant, bien qu’il soit caché dans le Tartare, il sera là, toujours prêt à être délivré le jour où le Destin suscitera son libérateur. S'’l était mortel, comme les hommes, toute délivrance deviendrait impossible : une fois mort, l’homme ne peut plus reprendre son corps. C’est fort de cette certitude que Prométhée s’apprête à recevoir le dernier coup de Zeus, de même que celui-ci s’apprête à l’ensevelir sous des pierres telles que personne ne pourra jamais les enlever. La terre gronde dans ses fondements, cependant que la foudre de Zeus jaillit de son sceptre. Un vent impétueux passe sur la terre en soulevant la poussière. Prométhée n’a que le temps de crier : « Ô majesté de ma mère, et toi, Éther, qui fait rouler autour du monde la lumière offerte à tous, voyez-vous bien les iniquités que j’endure ? » Les rochers, frappés par la foudre de Zeus, s’écroulent et ensevelissent le dieu. Prométhée gît dans l’abîme du Tartare, un couvercle d’airain ferme son tombeau et les montagnes pèsent sur lui. Il est vivant, mais enseveli comme un mort, toute sa vie se réduit à exprimer l’impossibilité de sortir de ses ténèbres. Il est aussi lié par des chaînes et gardé par l’aigle de Zeus qui a la tâche de dévorer son foie afin que, dans le tombeau, il continue de subir la peine qu’il subissait sur la croix et que, tout vivant qu’il est, il expérimente toujours la mort : Zeus a vraiment peur de lui ! Enseveli dans l’obscurité la plus profonde, Prométhée, par sa vie, manifeste son opposition à l’injustice des dieux, en même temps que, par amour pour les hommes, il accepte de renier sa propre vie. |
![]() ![]() ![]() ![]() t910910 : 20/07/2020 |