ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


De Jésus-Christ à Jésus


Étude référentielle et archéologique des évangiles




La personne de Jésus :

La mise au tombeau de Jésus




Avertissement
Sommaire

Introduction

Les Écritures et le salut

Jésus, de sa naissance à sa résurrection

La personne de Jésus
- Conception et naissance
- Prophète de la paternité
   de Dieu
- Le sacrifice de la mort
- Une parole sur la croix
- La vie de Jésus
- La mise au tombeau
  . Les récits
  . Le témoignage de Paul
  . Analyse sémantique
     - La remise du corps
     - La mise au tombeau
       . La déposition
       . L’onction
       . Le tombeau
       . Les femmes
  . Analyse référentielle
- Tombeau vide et
   résurrection



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Analyse sémantique des récits :
La mise au tombeau de Jésus


Le tombeau


   Suivons donc Joseph nous conduisant au tombeau. Ici aussi, l’accord des textes est parfait sur l’essentiel : l’inhumation. Mais Jean en précise le scénario d’une façon différente. Voilà son texte : « Or, il y avait un jardin dans le lieu où Jésus avait été crucifié et, dans le jardin, un sépulcre nouveau, ou aucun cadavre n’avait été encore mis. Là donc, en raison de la parachève des juifs, puisque le tombeau était proche, fut mis Jésus » (Jn 19:41-42).
   Le tombeau dans le jardin ! Voilà la première différence. On retouche le décor, mais en réalité pour expliquer la signification christologique de la mise de Jésus au tombeau, selon les Écritures. Ce jardin est sans doute en correspondance avec celui du commencement, où Dieu avait mis l’homme pour vivre sa vie d’immortel (Gn 2:8), mais il en fut chassé pour être envoyé sur la terre, parce qu’il pêcha, devenant un être mortel. La Septante traduit le mot hébreu de « jardin » (ganah) par « paradeisos ». Il était un jardin des immortels, donc un paradis. Et puisque sur la terre l’homme doit mourir, on pouvait bien affirmer que la terre elle-même n’était qu’un tombeau, l’homme devant retourner dans la glaise d’où il avait été extrait (Gn 3:19).
   C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre que, sur le chemin qui menait à l’ensevelissement de Jésus, il y avait un jardin et, dans le jardin, un tombeau.

   Le scénario des origines se reproduit mais, par le renversement de ses valeurs, l’enterrement de Jésus devient l’événement qui reconduit virtuellement l’humanité à sa condition d’existence des origines. Un événement impensable se produit sur la terre : la vie jaillit d’un tombeau. Celui-ci n’est plus un monument de ce qui fut, mais le débouché d’une source d’eau éternelle. Avant que tout s’accomplisse, l’existence humaine aura désormais pour symbole un tombeau dans un jardin ! Symbole de la terre où l’homme avait été mis par Dieu après son péché. Il y vit, certes, mais puisque cette vie est un chemin vers la mort, elle est une mort relativement à l’immortalité. Sur la terre l’homme est comme dans un tombeau.
   Et Jésus, dans celui-ci ? Jésus est l’image de l’homme qui vit sur la terre, mais dans une perspective tout à fait différente. Car son tombeau est dans un jardin. Symbole du jardin des origines où, en tant qu’homme, il doit retourner, par sa résurrection. Aussitôt, les morts aussi, dans leur tombeau, sont dans l’attente de leur retour au jardin des origines, par la résurrection.

   Dans les synoptiques, Jésus n’est pas oint mais simplement roulé dans un suaire ; chez Jean, il est entouré de bandelettes.
   Chez les premiers, on transporte le corps de Jésus pour l’ensevelir, car on sait qu’il y a tout près de là un tombeau, qui a été creusé par Joseph sur le rocher, non loin du lieu de la crucifixion, et on l’affirme comme une information certaine !
   Au contraire, chez Jean, le cortège funèbre a l’apparence d’une marche à la recherche d’un tombeau, trainant le corps de Jésus pour l’ensevelir. Mais ce tombeau apparaît, miraculeusement, dans un jardin. Et c’est sérieux, tellement que ce jardin renvoie notre esprit au jardin des origines, où l’homme avait été mis par Dieu pour y vivre éternellement. On peut bien penser que l’homme, dans son dernier regard sur le « Jardin des immortels » voit un tombeau, le sien, celui qui l’attendait sur la terre. Or cette image apparaît sur la terre à celui qui conduisait Jésus pour être enseveli ! Je crois qu’il ne serait pas trop téméraire de supposer que l’auteur du récit a pensé ainsi. On peut supposer qu’il croyait que le tombeau avait été fait par Dieu et non par Joseph, comme l’affirment les synoptiques. Les textes sont donc différents dans leurs sens théologique, même si, au niveau de leur narration épisodique, ils sont les mêmes.

   Mais une question surgit à ce point : si nous restons au niveau anecdotique, les faits sont pour les évangélistes réels et, disons, historiques. Jésus a été enterré réellement dans un tombeau. Mais les évangélistes donnent-ils un témoignage suffisant pour y croire ? Ils le donnent, mais d’une façon différente. Dans un appendice, les synoptiques informent que les femmes de l’entourage de Jésus (celles qui découvriront que le tombeau est vide), étaient là et ont suivi l’enterrement. Quant à Jean, il en parle dans le chapitre suivant, à propos de Marie de Magdala qui, pour Luc, était la seule qui se soit rendue au tombeau et qui a été présente à la sépulture.



août 2012




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