Critique référentielle :
Joseph d’Arimathée
Le nom de « Joseph »
Le nom de
Joseph est emprunté à
Joseph, le patriarche (
Gn 39-50). Les lecteurs connaissent-ils ce personnage ? Fils de
Rachel, première femme de
Jacob, il fut vendu comme esclave à des
Égyptiens par
ses frères, irrités par ses rêves qui
le présentaient comme leur seigneur.
Il vécut en
Égypte jusqu’à sa mort mais, grâce à son habilité dans l’interprétation des rêves qui lui permit de prévoir une sécheresse exceptionnelle, le
Pharaon le nomma arbitre de son pouvoir dans tout son royaume.
Il sauva de la famine ses sujets, ainsi que son peuple.
Célébré par les textes comme homme grand par le pouvoir, la richesse et la sagesse (
Dt 33:12-17),
il fut aussi objet de bénédictions divines qui, dans les Écritures, le déclarent le « meilleur » ! Meilleur des
cieux et de la
terre, de la rosée et des eaux, des fruits du soleil, des fruits de la terre ! (
Dt 33:13-16)
Dans la tradition messianique,
il fut reconnu comme une des grandes figures du
Christ parce que, sans doute, vendu par
ses frères comme esclave après qu’ils aient tramé sa mort, il devint leur sauveur.
Les évangélistes trouvèrent en lui la figure du
Christ, aussi bien dans sa naissance que dans sa mort. Pour sa mort, on lit dans la Genèse que
Joseph, la pressentant, «
fit jurer les fils d’Israël, en disant : Dieu vous visitera et vous ferez remonter mes os loin d’ici. Joseph mourut… On l’embauma et on le mit dans un cercueil » (
Gn 50:24-26). Dans le livre de
Josué on confirme l’accomplissement de cette volonté du
patriarche : «
Les os de Joseph que les enfants d’Israël avaient rapportés de l’Égypte furent enterrés à Sichem, dans la portion du champ que Jacob avait achetée au Fils de Hamor » (
Jos 24:32). Ainsi, chassé de son vivant de la terre de ses pères,
il y retourna mort pour y être enseveli dans un tombeau.
C’est de ce passage des Écritures que
les évangélistes prirent la trame qui leur permit de raconter l’ensevelissement de
Jésus par
Joseph d’Arimathée. Dans leurs récits,
il n’a d’autre rôle que de creuser un tombeau dans les rochers du
Golgotha, près du lieu où
Jésus sera mis en croix. À la mort de
celui-ci, il vient à
Jérusalem de sa ville
d’Arimathée, pour demander le corps à
Pilate, qui le lui donne.
Joseph va donc, comme nous l’avons vu, au
Golgotha, dépose
Jésus de la croix, l’enveloppe dans un sindon et l’ensevelit dans le tombeau qu’il avait jadis bâti.
Et
il disparaît, n’ayant plus aucune raison d’exister ! On comprend dès lors pourquoi
les écrivains lui ont donné le nom de
Joseph, comme si
le patriarche l’avait possédé par son esprit afin qu’il reproduise en
Jésus son propre ensevelissement !
Les récits de
Joseph d’Arimathée rapporteraient donc, répétons-le, non le véritable ensevelissement de
Jésus mais une parabole de celui-ci à partir du
patriarche Joseph des Écritures. L’ensevelissement réel de
Jésus a donc été refoulé dans le silence des textes ! Erreur, ou mensonge ? Ni l’un ni l’autre, parce que
les auteurs des évangiles racontent les événements de
Jésus non pas tels qu’ils se sont passés, mais comme ils devaient s’accomplir selon les annonces ou figures prophétiques du
Christ des Écritures.