ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


L’écriture  des  évangiles




L’a priori de la foi en Jésus-Christ :

Les apparitions de Jésus-Christ ressuscité




Sommaire

Introduction

La foi en Jésus-Christ
- De l’interrogation au
   scandale
- Du scandale de la croix
   à la résurrection
- La confession : Jésus
   est le Christ
- Les apparitions de
   Jésus ressuscité


Mort et résurrection

Refoulement et sublimation de Jésus

Tournant historique de l’Église

Naissance de l’anti évangile

De l’Évangile aux évangiles

Structure de l’anti évangile

Structure des évangiles

Le Jésus de l’histoire

Genre littéraire et genre référentiel



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   Les apparitions se situent à la fin de ce processus de foi. Il convient cependant de savoir s’il s’agit d’un aboutissement qui rompt ce processus et le dépasse, ou s’il le continue en se laissant comprendre par lui. Sans doute les évangiles le considèrent-ils comme se situant hors du processus d’interprétation, n’étant que la présence du ressuscité en personne. Tandis que les apparitions des anges ne seraient que des « visions » qui demeurent toujours liées à la psychologie et à l’activité imaginaire propre à une situation de recherche, l’apparition du ressuscité serait de l’ordre de l’événement. La foi au Christ trouverait ainsi son fondement dans la réalité du Christ lui-même, même si on a cherché à le saisir par des voies complexes et détournées d’interprétation.

   Hélas, l’analyse des textes ne confirme pas l’intention de leurs auteurs ! En effet, ils ne relatent pas l’apparition comme un événement susceptible par lui-même d’ôter tout doute sur sa propre réalité, mais un phénomène qui demande à être « reconnu » par la médiation des signes.
   Selon le récit de Matthieu il y aurait eu des disciples qui, en dépit de l’apparition de Jésus, n’auraient pas cru en sa résurrection.
   Selon Luc cette reconnaissance se fait soit par le signe de la fraction du pain, soit par l’ostension des mains.
   Dans le quatrième évangile, l’apparition est doublée pour effacer précisément tout motif de doute. Il convient aussi d’ajouter que l’apparition de Jésus à Pierre, première dans la série des manifestations qui aboutissent à Paul, ne semble elle aussi que consister dans une reconnaissance par des signes. Et lorsqu’on constate que ces signes comprennent aussi bien des faits que des souvenirs et des actes liturgiques, on doit conclure que la reconnaissance consiste moins en la rencontre avec une personne réelle qu’en une expérience intérieure. Elle s’inscrit donc dans l’enchaînement du processus de la foi, dont elle ne serait que le couronnement.

   Il convient de chercher à comprendre ce moment à la lumière de la phénoménologie du jugement. L’affirmation « Jésus est Christ » est sans doute un jugement au moyen duquel un universel est affirmé d’un individu. Ce jugement est d’ordre logique, puisqu’il est la synthèse finale du processus de la connaissance. Il s’agit donc d’un « Jésus » et d’un « Christ » en tant que concept, le premier individuel, le second universel et aussi en tant qu’objet aussi bien de la pensée que du dire.
   Mais quoi qu’il marque l’aboutissement de la connaissance logique, il n’épuise pas la saisie du réel car, tout en disant « Jésus est Christ », encore faut-il savoir à qui cette affirmation se rapporte concrètement et réellement, puisque chacun peut avoir une perception ou une représentation de « Jésus » et de « Christ » qui lui soit propre. Il ne suffit pas de savoir que « la rose du pot est blanche », mais pour que cette rose blanche soit saisie dans son concret réel, il faut la percevoir par les yeux et passer de l’affirmation « la rose du pot est blanche » à « ceci est la rose blanche du pot », passage donc du jugement logique au jugement concret, de la connaissance à la synthèse intuitive.

   Ainsi il ne suffisait pas aux disciples de savoir que Jésus était le Christ, mais il fallait aussi qu’ils le saisissent concrètement au niveau de la perception. Or celle-ci ne fut qu’une expérience de reconnaissance au moyen des signes, tels que les souvenirs et surtout l’expérience communautaire liturgique qui devinrent les conditions de son individualité.
   Le « Jésus est Christ » ne restait pas une affirmation abstraite, car elle correspondait à ce Christ qui surgissait dans leur esprit lorsqu’ils se rappelaient de ses paroles et des gestes prophétiques où l’on rompait le pain. On passait de l’affirmation « Jésus est Christ » à l’expression « Jésus-Christ ». D’objet de connaissance, « Jésus-Christ » devenait sujet d’apparition. « C’est le seigneur », s’exclament en le voyant les disciples, ou « c’est moi », dit le ressuscité lui-même dans les récits. De la gnose, on passe à l’épignose, du concept à la perception par expérience, de la révélation que Jésus est Christ à l’apparition de Jésus-Christ.



c 1980




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tg01400 : 19/02/2021