ANALYSE RÉFÉRENTIELLE |
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Ennio FlorisL’écriture des évangiles |
Refoulement et sublimation du Jésus de l’histoire :Le refoulement du Jésus historique |
Sommaire Introduction La foi en Jésus-Christ Mort et résurrection Refoulement et sublimation de Jésus - La tradition apostolique - Premiers textes sur Jésus - La théologie paulinienne - Refoulement du Jésus historique Tournant historique de l’Église Naissance de l’anti évangile De l’Évangile aux évangiles Structure de l’anti évangile Structure des évangiles Le Jésus de l’histoire Genre littéraire et genre référentiel . . . . . . . - o 0 o - . . . . . . . |
Quoique les apôtres et Paul aient défini le Christ tout en cherchant à avoir une représentation de Jésus, il n’en reste pas moins que celle-ci ne correspondait pas au Jésus réel. Celui-ci n’était qu’une référence qui se révélait tout à fait vide, comme l’attribution à une personne de paroles et d’actions qui ne lui sont pas propres. La question se pose donc de savoir sur quoi cette attribution se fondait-elle, et si elle était légitime. Les affirmations référentielles comportent l’attribution d’un jugement logique à un concret existant. L’énoncé « cette fleur est rouge » est valable dans la mesure où le jugement « la fleur est rouge » trouve sa vérification concrète dans « cette fleur ». Il apparaîtrait donc que la représentation que les disciples donnent de Jésus – l’homme de la naissance virginale, fils de Dieu et qui opère des prodiges – soit adéquate à la personne réelle et historique de Jésus. Or il n’en est rien. De deux choses l’une : ou les disciples ont menti, au moins inconsciemment, ou la référence à Jésus de leur interprétation ne s’inscrit pas dans le cadre d’un processus logique de pensée. Il convient de revenir sur le processus de cette attribution. On notera avant tout qu’elle s’était opérée comme une réflexion concrète en fonction d’une problématique d’existence. En effet, les apôtres avaient connu auparavant Jésus, mais ils s’étaient accrochés à lui à la suite d’un bouleversement de conscience qui les avait attirés dans une perspective messianique d’existence. Tout en vivant avec lui le quotidien d’une vie où il ne fut qu’un homme, même extraordinaire, ils ne le voyaient à la lumière de cette perspective que comme Christ ou comme prophète de Christ. L’idéal avait pris le dessus sur le réel, le futur possible sur l’incertitude du présent, la vision chargée d’espérance sur les faits pleins d’interrogations. Mais quelle fut leur déception quand la crise éclata et quand le réel imposa sa nécessité sur l’espoir qui se brisa face à l’échec. Le Jésus objet céda la place au Jésus sujet, reculant dans l’oubli. Ce processus de connaissance fut renversé par la découverte du tombeau vide. Le Jésus objet – Jésus-Christ – surgit de l’inconscient refoulé, devenant sujet, avec lequel les disciples allèrent vivre une nouvelle existence. Ce fut donc un renversement onirique, car ce ne fut pas le réel qui était vivant, mais l’idéal et l’imaginaire. La différence avec le rêve, c’est que cet imaginaire devint opératoire dans la vie consciente des disciples, devenant le schéma représentatif de leur intuition et de leur action : tout devint signe de la représentation idéale du Christ. Aussi leur langage ne garda-t-il sa structure logique qu’apparemment, puisqu’il ne fut signifiant qu’en raison de la charge du vécu de cette représentation. Son articulation fut symbolique. L’affirmation « Jésus est Christ » doit être comprise dans le cadre de ce symbolisme. Le terme « Jésus » ne se rapportait pas au concept de la personne Jésus, mais à la référence formelle à son individualité, qui était vidée de son contenu réel pour être remplie par la représentation idéale du Christ. Ainsi Jésus est-il le Christ dans la mesure où il cesse d’être Jésus. Il y a une kénose, celle-là même qu’on retrouve dans chaque symbole où l’objet se perd lui-même pour ne devenir que support de la chose signifiée. L’équivoque cependant demeure puisque, s’agissant des mots, on est porté à les comprendre à la lumière du processus logique de la pensée. L’énoncé « Jésus est Christ » est alors compris comme un jugement individuel et donc historique, comme si le prédicat « Christ » exprimait la réalité du sujet « Jésus ». Mais – dira-t-on – les textes n’affirment-ils pas que la foi dans la résurrection fut pour les disciples occasion de souvenir et non d’oubli ? Ne lisons-nous pas qu’ils s’efforcèrent de se rappeler de tout ce qu’ils avaient vu et ouï ? Sans doute. Mais ils furent pris au piège de leur propre imagination, car il ne s’agissait pas pour eux de connaître les faits tels qu’ils s’étaient passés, mais tels qu’ils « devaient » se passer, selon l’ordre arrêté par Dieu dans les Écritures. Leurs réminiscences n’étaient donc pas la quête de la chose, mais seulement des signes qui leur servaient pour individualiser la chose qu’ils connaissaient d’avance par l’a priori des Écritures. Ils mémorisaient donc, mais sous l’impulsion d’une imagination créatrice qui transmuait les signes en images. Il ne s’agissait pas d’un processus de mémoire mais d’anamnèse : mémoire revécue, reprise et sublimée dans une représentation se substituant au réel. |
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![]() ![]() ![]() ![]() ![]() tg03400 : 27/02/2021 |