L’écriture  des  évangiles

   Si, dans les évangiles, nous détachons tous les énoncés qui concernent la personne et la vie de Jésus des structures qui les ordonnent en récits cohérents, nous constaterons qu’ils ne se dispersent pas dans une multitude chaotique, mais qu’ils se regroupent par des relations d’affinité en des séquences qui se poursuivent à trois niveaux selon qu’il s’agit des paroles (logia), des visions (orama) ou des miracles (dumameis).
   Si nous admettons que les évangélistes avaient reçu toutes ces informations de la catéchèse de l’Église qui remontait aux apôtres, il est possible de voir dans ces trois axes des recueils distincts, dont le premier gardait les paroles de Jésus, le deuxième les événements qui l’avaient manifesté Christ, et le troisième ses actions étonnantes et prodigieuses.

   Ces recueils confirment que la tradition apostolique n’était pas poussée par un souci biographique de Jésus : on ne s’occupait de la vie de Jésus que dans la mesure où elle était manifestation du Christ. Ils montrent aussi le caractère catéchétique de ce discours sur Jésus-Christ, puisque les informations sont retenues dans une classification qui correspond aux trois champs de la révélation biblique : la parole de Dieu, les événements de sa manifestation dans l’histoire, et les « signes » destinés à manifester l’accomplissement de la parole ou à l’accréditer.