L’écriture  des  évangiles

Le recueil des paroles

   Le recueil des logia remontait sans doute à la toute première communauté de Jérusalem représentée par les apôtres et les frères de Jésus, avant même qu’eut lieu une formulation christologique bien définie, car ils avaient besoin d’une éthique aussi bien personnelle que communautaire, dont les paroles de Jésus constituaient le principe de référence. Toutefois, il ne faudrait pas croire qu’elles étaient conçues à la façon d’un code aux articles fixes et immuables ; au contraire, elles apparaissaient toujours dans des contextes différents, mais aussi dans des formulations qui en modifiaient le sens. Cela prouve qu’elles constituaient un corpus vivant, au sein d’un processus interprétatif où le noyau fondamental du dictum était repensé et redit selon l’éclairage qu’il apportait dans des situations concrètes.

   Ces paroles agissaient donc moins comme canon juridique que comme forme pratique et opératoire.
   Lorsqu’on les analyse, on constate qu’elles ont été passées à travers le filtre des Écritures, de même que leur sens était déterminé par rapport à l’expérience actuelle de l’Église. Leur signification prophétique relève de leur densité temporelle, dans la mesure où elles apparaissent à la fois comme interprétation des Écritures et comme interprétées par la praxis de l’Église. C’est une erreur des plus grossières que de les lire comme étant prononcées par le Jésus de l’histoire, puisqu’en réalité elles sont dites par Jésus, mais aussi par les prophètes et par le Christ de la gloire, c’est-à-dire par l’Église.