Sommaire
GENÈSE ET MÉTHODE D’APPROCHE DES RÉCITS
LECTURE DU RÉCIT DE MATTHIEU
LECTURE DU RÉCIT DE LUC
L’annonce faite à Marie
La visite à Élisabeth
Le recensement
Couché dans une crèche
Les bergers
Le nom de Jésus
La purification
- Introduction
- Les rites
- Les modifications de Luc
Un homme appelé Syméon
Le signe de la contradiction
L’épée
Anne la prophétesse
Marie gardait ces paroles
CONCLUSION
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Purification et rachat
Suivant les ordonnances de la loi, Marie aurait dû rester en état d’impureté pendant trente-trois jours, et se rendre tout de suite après au temple pour l’offrande de la purification de son péché (katarsis tes amartias). En outre, étant donné que son fils était son premier né, elle aurait dû aussi offrir le sacrifice pour son « rachat » (luthrosis).
Marie accomplit effectivement ces devoirs religieux, mais ils posent problème à Luc en raison du caractère particulier de la maternité de son héroïne. En effet, puisque Marie n’avait pas été mise enceinte et n’avait pas accouché d’une façon « impure » comme les autres femmes, elle ne se trouvait pas soumise au rite de la purification : aurait-elle pu expier un péché qu’elle n’avait pas commis ? Quant à l’enfant, il se trouvait lui aussi libéré de toute obligation de rachat, du fait qu’il était racheté d’avance en tant que fils de Dieu par sa naissance.
Mais Luc ne pouvait pas se passer de ces rites, sous peine de laisser Marie et l’enfant au ban de la société et en dehors de la coûtume juive, car l’absence de ce rite aurait été la preuve que Marie était une pécheresse et Jésus un enfant maudit. Il était donc préférable de faire frôler à Marie le péché d’impureté propre aux mères légitimes que celui d’une prostituée ou d’une adultère.
La solution fut offerte à Luc par les rituels de la purification et du rachat, qui comportaient deux sacrifices, l’un pour la purification du péché, l’autre d’action de grâce. Luc justifia ainsi les rites par l’action de grâce, mettant entre parenthèses la purification du péché. Les cérémonies furent donc adaptées au caractère de l’événement et axées uniquement sur le fils, le nouveau récit n’ayant d’autre but que de parachever la reconnaissance de l’enfant aperçu par les bergers.
Mais il s’agissait cette fois d’une reconnaissance par Dieu et l’autorité religieuse. Étant fils de Dieu, il était normal que l’enfant soit présenté au Père, afin qu’il fût reconnu. La cérémonie restait matériellement la même, mais son sens était profondément changé : à ce niveau, elle se trouvait assimilée au rite de la consécration, dont l’exemple biblique le plus frappant est donné par le récit de Samuel, dont Luc s’inspire de façon certaine. Ainsi, malgré les références, il ne s’agissait plus à proprement parler de purification ni de rachat, mais de présentation de Jésus à Dieu.
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