Sommaire
GENÈSE ET MÉTHODE D’APPROCHE DES RÉCITS
LECTURE DU RÉCIT DE MATTHIEU
LECTURE DU RÉCIT DE LUC
L’annonce faite à Marie
La visite à Élisabeth
Le recensement
Couché dans une crèche
Les bergers
- Introduction
- Détournement d'Isaïe
- Interprétation des faits
- Apôtres et disciples
Le nom de Jésus
La purification
Un homme appelé Syméon
Le signe de la contradiction
L’épée
Anne la prophétesse
Marie gardait ces paroles
CONCLUSION
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Selon la séquence thématique du modèle mythologique l’enfant, une fois exposé, est recueilli. Ceux qui le trouvent sont souvent des bergers, comme dans la légende de Romulus et Rémus. L’apparition des bergers est cohérente en ce que la vierge-mère, étant devenue enceinte dans un état de métamorphose sous forme d’un animal, accouche toujours à la campagne et dans des lieux destinés aux animaux.
Quoique Luc n’ait pas employé la métamorphose, il fait cependant accoucher Marie à la campagne et, comme la crèche le fait supposer, dans une étable. Il n’est alors pas étonnant qu’il fasse découvrir l’enfant par des bergers mais, comme il remplit le schéma formel du modèle par un contenu biblique, ces bergers sont inscrits dans le cadre de l’accomplissement messianique.
Luc se rapporte à un oracle d’Isaïe, dont il retient surtout les paroles : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres voit une grande lumière ; sur ceux qui habitent le pays de l’ombre de la mort, une lumière resplendit… Car un enfant nous est né, un fils nous est donné » (Is 9:1; 5).
Ces dernières paroles ont sans doute été déterminantes dans le choix du texte, car elles annoncent la naissance d’un enfant, sans l’appeler par son nom ni faire allusion à son père et à sa mère. Tel qu’il apparaît dans l’oracle, il est sans nom, il est un enfant qui n’est pas, à proprement parler, d’une mère ou d’un père, mais de celui qui le trouve : c’est l’enfant que Dieu « donne » au peuple, l’enfant qui « naît » pour les autres.
On peut donc croire que Luc a été renvoyé à ce texte, poussé plutôt par la vision intérieure de l’enfant exposé et trouvé que par celle du fils de Jacob, de la descendance de David. Son choix confirme la vision de cauchemar que lui offrait son dossier d’information. En effet, il exploite la prophétie en la transformant en un épisode de retrouvaille d’enfant, qu’il inscrit dans le drame théologique de son évangile.
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