ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


Les récits de la naissance de Jésus





Lecture du récit de Luc :

Des bergers passaient les veilles de la nuit


Sommaire

GENÈSE ET MÉTHODE D’APPROCHE DES RÉCITS

LECTURE DU RÉCIT DE MATTHIEU

LECTURE DU RÉCIT DE LUC
L’annonce faite à Marie
La visite à Élisabeth
Le recensement
Couché dans une crèche
Les bergers
- Introduction
- Détournement d'Isaïe
- Interprétation des faits
- Apôtres et disciples
Le nom de Jésus
La purification
Un homme appelé Syméon
Le signe de la contradiction
L’épée
Anne la prophétesse
Marie gardait ces paroles

CONCLUSION



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Les textes d’Isaïe et de Luc



   Il serait tout à fait inutile de rechercher des affinités profondes entre le texte d’Isaïe et l’interprétation de Luc. L’évangéliste ne pénètre pas, ni n’analyse théologiquement l’oracle, qui s’offre à lui moins comme une parole que comme une image : il ne s’approche pas du texte en exégète mais en prophète. Cependant sa vision est créatrice, puisqu’elle implique une synthèse de l’image que lui offre le texte avec le fait qu’il connaît par information.
   L’image est celle d’un peuple qui, marchant dans les ténèbres de la nuit – symbole d’une mort spirituelle – est ébloui par l’apparition d’une grande lumière. Peu importe à Luc de savoir quel est le contexte littéraire de cette affirmation ou quelles sont ses sources, il ne s’intéresse à l’image que parce qu’elle se prête à être projetée comme une forme sur le schéma d’un fait qui, sans elle, resterait dépourvu de sens.
   Il s’agit de l’action de ceux qui ont accueilli Jésus, enfant né sans père. Le modèle mythologique fait de ces personnes des bergers, la vision d’Isaïe la personnification du juif qui, au moment où Jésus naît dans l’abandon, marche dans une nuit profonde vers sa mort. D’une façon plus précise, ils personnifient ceux qui, parmi ce peuple, ont reconnu dans cet enfant le fils de Dieu, le Christ du Seigneur.
   Ce sont les croyants, et entre tous les apôtres qui, les premiers, ont reconnu que Jésus était le Christ, et il n’est pas étonnant de les voir auprès de la crèche, puisqu’étant des témoins ils doivent être présents dans tous les moments de manifestation messianique de Jésus. De même qu’ils étaient présents à la résurrection, lorsque Jésus fut déclaré Christ, de même maintenant ils sont témoins de la crèche, qui devient la première manifestation de son mes­sianisme. Mais le Christ étant caché sous l’image d’une crèche, ils sont eux aussi recouverts par l’image des bergers. Ils deviennent apôtres, bergers du peuple des croyants, parce qu’ils ont été les premiers à recevoir, c’est-à-dire à reconnaître, le Christ Seigneur.

   La foi des apôtres ayant été transposée de la résurrection à la naissance, le fait de la naissance est à son tour transporté de la dimension de l’histoire à celle de la foi. Il ne s’agit pas de voir l’enfant avec les yeux de la chair, mais avec ceux de la foi. C’est un « voir » prophétique, au niveau de la recon­naissance et à la lumière des Écritures. Si la lumière n’avait pas jailli, le peuple qui marchait dans les ténèbres serait demeuré dans la nuit. Même si, dans sa marche, il était passé par le lieu de la crèche, il n’aurait pas vu l’enfant. C’est la lumière qui le révèle, l’Écriture qui le montre comme enfant de Dieu, cependant que l’histoire l’expose comme un enfant abandonné. Ainsi Luc se trouve-t-il dans la nécessité de représenter le jaillissement de cette lumière par l’apparition d’un ange de Dieu.



1982




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tj22051 : 05/12/2018