Sommaire
La foi au Christ ressuscité
Le Christ est ressuscité
Les apparitions d’anges aux femmes
Les apparitions «privées» de Jésus
- Introduction
- Selon Matthieu
- Selon Luc
- Selon Jean
. Jésus et Marie
. Inspiré par le Cantique
- Une pastorale
- L’attente
- La recherche
- Dans le jardin
- La rencontre
- L’union
Les apparitions de Jésus aux Onze
La structure des textes évangéliques
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L’apparition à Marie chez Jean :
L’inspiration du Cantique des cantiques : la recherche
« Tout en sanglotant, elle se penche vers le tombeau et voit deux anges, vêtus de blanc, assis là où reposait le corps de Jésus, l’un à la tête, l’autre aux pieds » (Jn 20:11).
Les anges n’apparaissent pas : ils sont là parce que Marie les voit. Cette vision révèle le caractère particulier de ce récit poétique, car la dimension dans laquelle Marie et les autres personnages se meuvent et se rencontrent, c’est l’âme même de Marie. La référence à ce tombeau vide, qui lui est extérieur, ne veut que matérialiser son amour privé de son bien-aimé : Marie se penche sur le tombeau vide comme elle pénètre dans sa souffrance intérieure et se penche sur le vide de son cœur.
Les anges sont la transposition, dans cette dimension de l’âme, des gardes auxquels l’épouse du Cantique demande : « avez-vous vu celui que mon cœur aime ? » (Ct 3:9). Ces gardes sont les gardes du corps de l’époux, le roi Salomon, qui font la ronde dans la ville car eux non plus ne savent pas où est le roi. Dans le poème de Jean, les anges sont les gardes du roi dont le trône est le ciel. Marie les voit assis à l’endroit où reposait le corps, parce qu’elle croit que le corps de Jésus – qui doit être assis à la droite du Père – a été veillé par ceux qui garderont son trône. Elle les rencontre dans sa vision intérieure parce que son désir l’a poussée, comme l’épouse du Cantique, à rechercher son bien-aimé. « Je me lèverai et je parcourrai la ville. Dans les rues et sur les places, je chercherai celui que mon cœur aime… Je l’ai cherché, mais je ne l’ai point trouvé » (Ct 3:2).
Marie aussi s’est levée de sa couche, la nuit, pour chercher son « maître » ; elle a parcouru la ville pour porter la nouvelle aux disciples. Mais surtout, au long de cette nuit blanche, elle a revécu ces souvenirs encore vivants dans son cœur, ses entretiens avec son Seigneur ; elle s’est répété ses paroles et a gravi à nouveau le chemin de la croix ; elle s’est souvenue jusqu’à se perdre dans l’infini de son imagination ; elle a cherché, mais elle n’a pas retrouvé son bien-aimé.
La vision des anges découvre à Marie que le désir de son cœur ne s’est pas trompé, car ils annoncent, par leur présence, que le Seigneur est vivant, bien qu’on ne sache pas où il se cache. Ils lui demandent « Femme, pourquoi pleures-tu ? » (Jn 20:13). Cette interrogation, Jean la met dans la bouche des anges afin de souligner franchement et ouvertement le soupçon qui a envahi tous les disciples : le corps a été volé. En effet, Marie répond « On a enlevé mon Seigneur… et je ne sais pas où on l’a mis » Jn 20:13. Ce n’est plus une hypothèse, mais une affirmation étayée par les faits, tels qu’ils se sont passés dans cette journée. Il est désormais inutile de rechercher le corps, car on ne sait pas où il est.
En mettant Marie en face des anges, Jean veut faire se confronter les deux dimensions du réel, celui de la « chair » et celui de « l’esprit » : selon la « chair », on constate que le corps a été volé et qu’on « ne sait pas où on l’a mis » : à ce moment du récit, Marie exprime cette recherche matérielle du corps de Jésus. Les anges, au contraire, montrent par leur présence quel est le chemin qui permet de retrouver ce corps : celui de l’esprit.
Ce corps qui ne peut être retrouvé par une recherche des sens peut l’être par la foi. Et Marie, par ses paroles, montre qu’elle est déjà située sur cette voie lorsque, au lieu de dire « on a enlevé le corps du Seigneur », elle affirme « on a enlevé mon Seigneur » Jn 20:13. Elle n’a pas cessé de penser à lui, et de le penser vivant. Le corps était pour elle un signe de cette présence, maintenant elle semble chercher un autre signe qui lui permette de saisir ce qui reste de cette présence. C’est cette union avec Jésus, cet amour ininterrompu, qui la fera parvenir à la rencontre. L’absence du corps devient alors le signe de l’absence du Seigneur, de « son Seigneur », qui s’est soustrait à ses yeux comme l’époux du Cantique aux regards de l’épouse, afin de se préparer pour le « jour de son bon plaisir » (Ct 3:5), à savoir le jour des noces.
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