ANALYSE RÉFÉRENTIELLE |
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Ennio FlorisDe la naissance de Jésus-Christ
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Introduction |
Sommaire Avertissement Introduction La naissance chez Paul L’évangile de Marc Matthieu : naissance du roi des juifs Luc : naissance du fils de Dieu La naissance du héros Jean : le samaritain Marie Joseph Les noms de Jésus L’évangile de Thomas Témoignages des juifs Jésus . . . . . . . - o 0 o - . . . . . . . |
Dans ce livre, je mène une recherche sur la naissance de Jésus dans le cadre d’une étude générale de sa personne historique. Si toute tentative d’une histoire de Jésus semble être vouée à l’échec à cause du caractère religieux et confessionnel des sources, la recherche de sa naissance apparaîtra encore plus précaire et aventureuse. En effet, en ce qui concerne les sources internes non seulement elles font partie des évangiles, qui ont comme objet Jésus-Christ et non Jésus, mais elles sont si légendaires et si mythiques qu’elles apparaissent comme détachées de toute référence à l’histoire. Pour ce qui concerne les sources externes, elles sont peu nombreuses et éparses aussi bien dans les apologies chrétiennes que dans les textes du judaïsme et, de plus, postérieures aux textes évangéliques. C’est pourquoi des exégètes, tout en cherchant malgré tout à se prononcer sur la figure historique de Jésus, préfèrent s’abstenir de toucher à sa naissance par peur, et avec la certitude même, de confondre l’histoire avec la légende et le mythe. Contre ces objections, je préciserai tout d’abord que l’étude de la personnalité historique de Jésus n’est pas une aventure. Dans le livre Sous le Christ, Jésus, j’ai cherché à démontrer que les évangiles, tout en étant des témoignages de foi sur le messianisme de Jésus, gardent toujours la référence historique à Jésus, puisqu’ils s’articulent au moyen d’une interprétation d’informations sur Jésus à la lumière du Christ des Écritures. Si leur objet est bien Jésus-Christ, le Jésus historique n’est ni renié ni complètement effacé, il n’est que refoulé dans l’infrastructure des textes. Il demeure alors possible de le détecter, si l’on procède à la déstructuration du discours par un décodage qui permet la séparation de l’interprétation messianique des informations biographiques. Pour ce qui est des récits concernant la naissance de Jésus, ils font partie des mêmes évangiles, ils s’inscrivent dans le même statut de discours. On doit présumer qu’ils sont formés au moyen d’une interprétation d’informations sur Jésus par le biais de passages messianiques des Écritures. Certes, ils sont légendaires et mythiques, mais est-ce que le reste des évangiles et exempt de mythe et de légende ? Le Jésus-Christ, qui constitue leur objet, n’est-il pas, comme phénomène de parole, le produit d’une projection mythique ? Mettre au ban les récits de la naissance et considérer les autres comme ayant, dans leur référence, une valeur historique, est le fruit d’un a priori qui veut exclure le mythe de la foi, comme le mythe de l’histoire. Ce qui conduit à leur refus n’est pas le fait qu’ils sont mythiques dans leur narration, mais qu’ils le sont aussi à la base de leur information. Mais, pour cela, il faut soumettre le récit à une analyse référentielle. En d’autres termes, il faut procéder à une critique sur la valeur historique des textes. La crainte que les historiens et les exégètes ont communément envers les sources venant du judaïsme n’est pas, elle non plus, justifiée. Si elles sont postérieures aux évangiles, elles le sont, pour la plupart, dans leur rédaction mais non dans leur contenu. Les apologètes chrétiens les ont en effet transmises comme des informations courantes dans la tradition juive sur Jésus, tradition qui – on oublie toujours de le rappeler – remonte à la connaissance directe que les juifs avaient de Jésus, de son vivant. Méconnaître l’existence de cette tradition, ou lui dénier toute valeur historique comme si elle n’avait comme origine que la réaction juive contre la prédication de l’évangile, est une falsification : non seulement on a cherché à effacer toute documentation juive sur Jésus, mais on a prétendu, après ce ravage, que ce que les juifs pouvaient dire de Jésus n’était dicté que par la haine et le mensonge. Ainsi Jésus était-il vraiment mort à cause du péché des hommes. Libérés de ce préjugé et en reconnaissant l’existence d’une tradition juive sur Jésus, nous pouvons approcher ces documents avec un esprit de critique positive. Dans le présent livre, j’ai procédé à cette double analyse. D’abord j’ai parcouru le Nouveau Testament, en m’arrêtant sur les allusions à la naissance de Jésus-Christ à partir de Paul jusqu’aux évangiles. J’ai porté mon attention de façon particulière sur les récits de naissance de Matthieu et de Luc. Je le répète, mon but n’est pas de faire l’exégèse des textes pour savoir ce qu’ils disent sur la naissance de Jésus-Christ, mais de décoder ces textes afin de découvrir, dans la mesure du possible, les informations sur la naissance de Jésus qui ont été occultées. Enfin, j’ai cherché à étudier les informations sur la naissance de Jésus provenant de l’évangile de Thomas et de la tradition juive. Ma recherche aboutit ainsi à deux types d’informations, les unes venant du témoignage de l’Église, les autres des courants du judaïsme. Puisque les Églises et la tradition juive ont été opposées sur la personnalité christique de Jésus, sont-elles opposées aussi au sujet des informations sur Jésus ? Il serait logique de le supposer. Au contraire, j’ai constaté à l’issue de la recherche que les informations que les évangélistes ont utilisées pour la rédaction de leurs récits sur la naissance de Jésus-Christ sont celles-là même que nous offrent les témoignages qui viennent du judaïsme. Cette correspondance confirme le résultat des débuts d’analyse que j’avais tentés dans les exemples de Sous le Christ, Jésus ; elle est étonnante, car elle suppose que Jésus était un bâtard. Le titre de ce livre peut apparaître comme scandaleux et provocateur, mais il n’est que l’expression exacte de ce résultat et de l’application de la méthode scientifique d’analyse. En lisant les évangiles à partir de l’hypothèse que Jésus se trouve caché sous le Christ, et en suivant la méthode d’une analyse référentielle, on découvre que sous la narration de la naissance du fils de Dieu se cache l’accouchement d’un bâtard par une femme trouvée enceinte. Il ne s’agit pas d’un slogan idéologique et antichrétien, mais du résultat de l’analyse des textes. En mettant de côté l’étonnement, voire le scandale, que cette affirmation peut susciter dans son esprit, l’historien doit chercher à rester toujours lui-même, en ne prenant cette information que comme point de départ pour la connaissance du caractère et de la personnalité historique de Jésus. |
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t703000 : 18/12/2017